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Pays de Montbéliard : berceau automobile et pionnier de l'éco-mobilité

Publié le 21 novembre 2012

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Martial Bourquin, sénateur-maire d'Audincourt et vice-président de la Communauté d'Agglomération du Pays de Montbéliard, fait le point sur ses -nombreuses- initiatives, mais aussi sur ses convictions sociétales et environnementales. Avec un viatique : c'est la politique de l'offre qui fait changer les mentalités.
Martial Bourquin, sénateur-maire d'Audincourt et vice-président de la Communauté d'Agglomération du Pays de Montbéliard, fait le point sur ses -nombreuses- initiatives, mais aussi sur ses convictions sociétales et environnementales. Avec un viatique : c'est la politique de l'offre qui fait changer les mentalités.

Quelle est la spécificité du Pays de Montbéliard, qui figure parmi les exemples de communautés d'agglomérations investies dans l'éco-mobilité ?

Tout d'abord, avec la présence historique de constructeurs et d'équipementiers sur le territoire, on peut dire que Montbéliard est le pays de la voiture ! Mais dans le même temps, nous nous sommes engagés très tôt dans une stratégie visant à construire une éco-agglomération. Or notre spécificité réside dans le fait que nous avons un espace très vaste qui, contrairement à la plupart des autres communautés d'agglomérations, n'est pas structuré autour d'une grande ville-centre. Nous constituons donc une véritable conurbation et l'enjeu de la mobilité s'avère dès lors crucial.

Parmi les multiples initiatives que vous avez lancées, quelles sont celles que vous mettriez en avant ?

Depuis plusieurs années déjà, nous avons mis en œuvre un réseau de pistes cyclables de 90 km, réseau qui s'inscrit dans une politique globale de promotion des modes doux. Nous allons encore densifier les stations de vélos à assistance électrique à l'avenir. Nous promouvons aussi les véhicules verts, en faisant rouler des véhicules comme les F-City de FAM par exemple. 25 % de notre population n'ayant pas de véhicule, nous attachons aussi un soin particulier aux transports  en commun. Ce sera d'ailleurs le grand dossier de 2013. Par ailleurs, nous cherchons à stimuler l'innovation et nous avons créé une plate-forme d'innovation à l'échelle régionale. Enfin, nous développons de nombreuses offres de services : autopartage, service à la carte intra-agglomération pour les déplacements de courte distance, offre multimodale incluant les bus, les vélos à assistance électrique et les VE.

Très prosaïquement, comment fonctionne cette offre multimodale ?

La carte qui permet d'utiliser le service est gratuite et seuls les parcours sont facturés. Cette carte donne donc accès aux bus, aux vélos et aux véhicules, ces derniers étant en libre-service et équipés d'un système de géolocalisation, d'un kit de démarrage mains libres et d'un dispositif de verrouillage automatique. Ce service réunit d'ores et déjà plus de 1 000 personnes et est appelé à évoluer, en s'élargissant à d'autres communes. Il va donc aussi prochainement changer de structure juridique.

On entend régulièrement que de telles initiatives sont très coûteuses, qu'en est-il exactement ?

Le coût n'est naturellement pas négligeable, mais il faut garder à l'esprit que ces initiatives sont mises au service des habitants et qu'elles s'inscrivent dans une politique globale du mieux vivre et en faveur de l'environnement. La première année, pour la mise en place de ce service, le coût était de 263 000 euros HT. Cette année, le budget de fonctionnement était de 68 000 euros. On peut rappeler que l'Ademe nous soutenait à hauteur de 35 000 euros.

Vous évoquiez un important chantier sur les transports en commun, de quoi s'agit-il ?

Il s'agit du BHNS pour Bus à Haut Niveau de Services. Cela représente un budget de l'ordre de 100 millions d'euros et les grandes décisions vont être entérinées prochainement. Ce réseau englobe un tram hybride très innovant et un renouvellement de notre flotte de bus, via un appel d'offres pour des bus hybrides. L'objectif est de densifier nos transports en commun pour éviter la nécessité d'une deuxième voiture dans les foyers de notre agglomération. A plus long terme, l'objectif est de diminuer notablement nos émissions de CO2, pour réduire la pollution en centre-ville et pour prévenir les conséquences néfastes de la pollution sur la santé publique. C'est un enjeu de société. Nous n'avons plus le choix, nous devons nous soucier de l'environnement de notre planète. Regardez les effets terribles du réchauffement climatique, inondations, tornades, etc., pour comprendre que ce n'est pas un vain mot.

"Eviter la nécessité d'une deuxième voiture dans les foyers de notre agglomération"… Est-ce bien perçu par les acteurs automobiles de votre région ?

Je ne crois pas que ce soit un problème, car tout le monde a conscience de l'importance du respect de l'environnement aujourd'hui. Et je mettrais volontiers en exergue le modèle allemand, pays de l'automobile par excellence. Si les allemands adorent leur voiture, c'est pour les trajets longs. Mais pour les petits trajets, d'autres modes sont largement utilisés, comme le vélo par exemple. En somme, les termes du propos ne sont pas forcément contradictoires.

Par rapport à l'environnement, votre communauté d'agglomération fait partie des locomotives en France. Sentez-vous pour autant une véritable dynamique nationale sur ce sujet, à l'heure où les contraintes budgétaires vont de surcroît s'accentuant ?

Avec la crise, il y a effectivement un risque pour que l'environnement passe au second plan. Mais ce serait une erreur fondamentale ! En effet, nous traversons une crise structurelle, la preuve en est qu'elle dure longtemps. Dès lors, il y a nécessité de penser de nouveaux modèles et une nouvelle économie avec la transition énergétique en toile de fond. Dans ces nouveaux modèles, l'automobile a de l'avenir, entendons-nous bien. D'ailleurs, les constructeurs français font de gros efforts dans ce sens, mais ils doivent, à mes yeux, faire encore plus. D'autant que les vainqueurs de demain seront les constructeurs qui auront le mieux relevé le défi environnemental.

Vos concitoyens acceptent-ils facilement ces nouveaux services et parviennent-ils à se les approprier pleinement ?

Hormis chez les jeunes et chez les séniors, qui ne veulent plus prendre leur voiture en centre-ville et qui souhaitent même s'en passer en semaine, c'est vrai qu'il y a un obstacle culturel. On connaît l'inertie de l'habitude et la difficulté à appréhender une nouvelle vision de la société. Toutefois, quand l'offre est disponible, les mentalités changent très vite ! L'usage est prépondérant. C'est bel et bien la politique de l'offre qui fait changer les mentalités !

Dans cette mutation, les nouvelles technologies, notamment l'interface communicante que sont les smartphones, ne constituent-elles pas une formidable opportunité ?

J'abonde tout à fait dans ce sens. Et j'insiste sur le fait que mener une politique éco-responsable, ce n'est pas du tout faire machine arrière. Dès lors, l'appui des nouvelles technologies est précieux et nécessaire. Surtout que les offres de services vont devenir de plus en plus personnalisées. Notre service "à la carte" va clairement dans ce sens.

Au niveau des véhicules, en tenant compte de la réalité budgétaire, votre préférence va plutôt aux hybrides ou aux VE ?

Actuellement, l'offre hybride a une certaine avance. Le VE, c'est l'idéal, zéro émission, zéro bruit, mais c'est encore cher. Cependant, les produits évoluent très vite et les choses peuvent donc changer rapidement. Et je répète que le rôle des constructeurs est déterminant dans ce domaine. Il leur revient de stimuler l'offre, sachant que c'est cela qui fait bouger les lignes. En outre, la fameuse montée en gamme passe par l'environnement. C'est valable pour l'automobile comme pour les transports en commun, les Bus à Haut Niveau de Services en étant la meilleure illustration.

Impossible d'être exhaustif sur ces vastes sujets… Dès lors, quel serait votre mot de conclusion ?

Sans le savoir, avec cette crise très difficile, nous sommes en train de changer de société. Quand on a compris cela, deux alternatives se présentent : soit on subit ce changement et soit on agit, on y participe activement. Si nous allons chercher le meilleur de nous-mêmes, je suis convaincu que nous pouvons vivre une sortie de crise par le haut, en jetant les fondations d'une société durable. C'est aussi ce que nous devons aux jeunes générations.

Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile

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