Orange prépare son info trafic

...Orange Business Services et ASF peuvent tirer un premier enseignement de l'expérience qu'ils mènent dans la région du grand Sud-Ouest. Ce test pilote porte sur un système de remontée d'informations relatives au trafic routier et qui repose sur le croisement des données apportées, d'un côté, par les infrastructures du concessionnaire d'autoroute, et de l'autre par l'opérateur téléphonique.

L'enjeu de cette solution est de fiabiliser l'information délivrée en temps réel à l'utilisateur. Les technologies employées par ASF sont certes rôdées, mais elles coûtent cher à mettre en place et à entretenir. Orange Business Services se présente donc comme une alternative peu onéreuse et de qualité. Concrètement, l'opérateur s'appuie sur son réseau d'antennes et son portefeuille d'abonnés. Ensemble, ils ont une visibilité sur la vitesse moyenne, le temps de parcours et le taux d'encombrement des routes. Le secret ? "Nous suivons les téléphones d'une manière anonyme dans leur déplacement", répond Jean-Luc Chazarain, directeur du projet Info trafic en temps réel. Le procédé utilise la notion de "hangover", c'est-à-dire le fait qu'un mobile "s'accroche" à une antenne relais. "Ensuite, les algorithmes que nous avons développés parviennent à calculer la vitesse des véhicules", complète le directeur.

La seule condition au bon fonctionnement du dispositif est que le mobile soit en communication. Ce qui n'était pas nécessaire chez SFR. Car force est de reconnaître qu'Orange Business Services vient clairement de répondre à son concurrent principal qui, pour le compte de TomTom, a déployé un tel programme à l'échelle européenne et que l'on connaît sous l'appellation marketing de Trafic HD. Il y a cependant quelques nuances entre les deux opérateurs. Si, chez SFR, il n'est donc pas nécessaire que l'abonné soit en cours de communication, "nous sommes plus précis et surtout nous traitons en amont les informations délivrées à notre partenaire", rétorque Jean-Luc Chazarain. Prochainement, pour gagner encore en exhaustivité et accroître la précision, les équipes d'Orange Labs se fixeront également sur les connexions Data des smartphones.

A ce jour, les clients du service sont des collectivités locales, des exploitants et divers professionnels de la route qui, outre la possibilité de suivre l'évolution du trafic en temps réel, auront des bases de travail sérieuses pour leurs études. Les experts d'Orange Labs sont en effet en mesure de lire la propagation des ondes afin de savoir si le véhicule est une voiture ou un camion.

Les entreprises spécialisées, telle Médiamobile, ont bien évidemment manifesté elles aussi un intérêt certain pour l'innovation. "L'issue commerciale pourrait être la vente en gros de données aux agrégateurs qui cherchent toujours un moyen de fiabiliser leurs propres infos", confirme Jean-Luc Chazarain. Autrement dit, il n'y aura pas de finalité BtoC pour l'opérateur, mais les automobilistes en profiteront par un intermédiaire, avec un avantage de taille : les routes secondaires et les voies principales non équipées seront désormais couvertes.

Photo : Jean-Luc Chazarain, directeur du projet Info trafic en temps réel.