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"Nous n'avons pas besoin de monétiser l'audience de nos clients"

Publié le 7 novembre 2014

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Au Mondial de Paris, Nokia Here présentait les dernières évolutions de la plate-forme Here Auto. L'occasion pour Bruno Bourguet, Senior Vice President ventes et développement, de faire le point sur les choix stratégiques.

JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Les systèmes connectés génèrent du bruit en ce moment, quel est votre point de vue ?

BRUNO BOURGUET. En tant que leader de la cartographie pour les systèmes de navigation, avec une pénétration de 80% sur les 25% de véhicules équipés dans le monde, il est très important de mettre en place des canaux permettant d'avoir une information dynamique et rafraîchie par les mises à jour. Très clairement, les OEM veulent s'assurer d'une optimisation de l'expérience de navigation. Ce qui implique une globalisation de notre vision. Notre couverture cartographique de qualité automobile s'étend à 96 pays aujourd'hui.

JA. Qu'en est-il de votre nécessaire dispositif de captation ?

BB. Nous avons environ 300 véhicules en circulation dans le monde. Nous sommes en phase de déploiement de True2, soit la deuxième génération de véhicules équipés de la technologie Lidar (télédétection par laser, NDLR), permettant de capturer le monde en 3D avec une précision plus importante. Ce qui nous permettra de nous positionner sur le marché de la conduite autonome, qui réclame une extrême précision.

JA. En face, Google rachète des entreprises satellitaires…

BB. La diversité des sources d'information est un enjeu majeur. Si nous voulons montrer le dessus ou l'intérieur des immeubles, il est évident que des véhicules ne suffisent pas, tout comme pour intégrer la donnée des transports publics. Nous agrégeons donc 80000 sources différentes à travers le monde pour constituer notre cartographie, hors contribution des utilisateurs eux-mêmes.

JA. Dans quelle logique stratégique vous inscrivez-vous ?

BB. Nokia a revendu ses activités de téléphonie et se trouve dans une situation financière très saine. La société peut donc investir sur les marchés qui lui semblent les plus porteurs, dont l'automobile. Il n'est plus question de vendre uniquement de la cartographie, mais également des logiciels de navigation, d'où le lancement de Hera Auto, il y a un an, à l'IAA de Francfort.

JA. Qu'en est-il de sa conquête de marché ?

BB. Il est trop tôt pour faire des annonces. Le dossier est encore sensible chez les constructeurs, qui veulent maîtriser leur communication. Mais nous sommes déjà engagés chez certains d'entre eux, qui vont en faire un produit différenciant à bord des véhicules. Dans l'intervalle, nous présentons des évolutions sur l'Entre-temps des passagers à l'arrière, d'autres sur la qualité de l'info-trafic prédictif, nous communiquons sur notre SDK qui permet à nos clients de développer leur propre expérience de navigation.

JA. Votre modèle économique convient-il toujours ?

BB. Il reste très clair : nous n'avons pas besoin de monétiser l'audience de nos clients, nous ne sommes pas dans le business de la publicité. Nous restons sur la vente de licences de nos technologies. Cela a toujours été notre modèle et nous n'avons pas l'intention de le changer.

JA. Comment voyez-vous évoluer le marché ?

BB. La demande latente de mobilité individuelle dans certains pays va donner à l'industrie automobile les moyens de croître encore. En même temps, il y a des problèmes de congestion et d'accidentologie. Finalement, il est donc important de réinventer les déplacements, et c'est tout l'enjeu de la voiture connectée. Le conducteur aussi doit être connecté pour avoir le choix de son mode de transport en fonction du moment donné. Les constructeurs se trouvent face à ce défi et nous sommes tenus de contribuer à la réflexion, en apportant les bons outils. Nous avons 6000 personnes attachées à cette mission, soit la plus grosse force de frappe du secteur.

JA. Quelles sont les pistes géographiques privilégiées ?

BB. Nous sommes heureux des pays dans lesquels nous sommes présents. L'Europe est toujours porteuse et le développement se poursuit par ailleurs. Certes, la Russie est un peu compliquée cette année, mais aucune inquiétude. Il n'y a pas de région qui nécessite d'investissements spécifiques car il y a un équilibre économique entre les nouveaux pays couverts et le besoin d'évolutions technologiques dans les pays matures.

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