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La réhabilitation du portique !

Publié le 20 février 2009

Par Marc David
11 min de lecture
Bien plus que la crise économique ressentie dès la fin de l'année, c'est le facteur météo qui a engendré une baisse sensible de l'activité sur l'exercice 2008. Un phénomène connu dans le secteur, et non moins...
Bien plus que la crise économique ressentie dès la fin de l'année, c'est le facteur météo qui a engendré une baisse sensible de l'activité sur l'exercice 2008. Un phénomène connu dans le secteur, et non moins...
...répétitif.

Pour ce qui concerne l'exercice 2008, 770 portiques de lavage à brosses auront été commercialisés sur l'Hexagone, contre 780 en 2007. Autant dire qu'avec une baisse de 0,66 %, le marché du lavage s'avère stable. Un marché que se partagent toujours WashTec, Lavance (80 % des parts à eux deux), Christ, Ceccato (le grand perdant de l'exercice 2008 du fait de sa séparation d'avec le groupe Madic) Ryko, Kärcher, AutoEquip (via Technolec et surtout, son distributeur officiel Tsunamo), Heurtaux, etc. Ainsi, à titre de référence, le leader WashTec dont le CA global frise les 42 millions d'euros, a commercialisé 360 machines, signant par là une progression de 10 % par rapport à 2007. "Ce marché n'étant pas extensible, il est clair que nous avons progressé au détriment de quelqu'un", se contente de préciser (fort justement) Xavier Nicolas, responsable marketing de WashTec France. Chez Lavance, la progression annoncée de 10 %, également, l'aurait été essentiellement grâce au premier semestre. "Bien sûr, les renouvellements de matériels comptent pour 80 % de nos ventes", indique Philippe Dumas, président du groupe Lavance. Outre les pétroliers et en particulier le groupe Total, la grande distribution forte de ses grandes enseignes (Intermarché, Système U, Leclerc, etc.) ainsi que les opérateurs privés, ont constitué les principaux investisseurs pour Lavance. A l'instar de WashTec d'ailleurs. De même, Christ, le détenteur de la 3e marche du podium, avoue avoir réalisé une bonne année 2008 avec une progression de 35 % sur le marché national, résultat qui équivaut à la commercialisation de 175 installations (portiques + pistes de lavage). En outre, 2009 s'inscrit dans la courbe de croissance de la société de Strasbourg, puisque son objectif est de passer le cap des 200 installations par an. Un bel exploit pour cette petite structure en rien comparable à WashTec et Lavance, d'autant qu'elle ne se positionne pas en tant que fournisseur d'un pétrolier.

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Investissement : WashTec se démarque

Vous voulez investir dans du matériel de lavage et vous vous posez bon nombre de questions ? En matière d'investissement, la majorité des fabricants ont adopté une approche pratique et "chiffrée" de l'activité en elle-même. En gros, la prédiction d'un quelconque retour sur investissement en fonction du nombre de lavages effectués. Cela, WashTec s'y refuse totalement. Dans la pratique, le leader du marché s'appuie en premier lieu sur son expérience. "Celle-ci montre qu'une approche exclusivement comptable de l'activité débouche sur un taux de réussite d'une fois sur dix seulement, note Xavier Nicolas. Autrement dit, adopter cette démarche revient à subir un échec neuf fois sur dix". Au départ, selon lui, la rentabilité d'une station de lavage n'est plus du tout assurée du fait de la concurrence dans la zone de chalandise. "Le marché a évolué, il est devenu mature, et la concurrence est le premier critère à prendre en considération dans l'équation, dit-il. Après, il faut essayer de faire la différence avec l'environnement machine". C'est là qu'interviennent certains critères tels l'attrait machine, la rapidité de la prestation afin de diminuer les temps d'attente, etc. Des points sur lesquels Christ, en particulier, est entièrement d'accord.

Certains évoquent une relative frilosité des banques en matière de prêts

"La majorité de notre clientèle repose sur des investisseurs privés et sur des concessionnaires automobiles, indique Patrick Koenig, directeur commercial de Christ. Il faut savoir que, dans le cadre de sa charte qualité, un concessionnaire se doit de rendre un véhicule propre à son client". Sur ce marché toujours porteur, la haute pression tire son épingle du jeu avec un potentiel de 700 à 900 centres par an y compris les centres à une seule piste. En raisonnant en centres multipistes, soit des centres de trois pistes (la moyenne), ce marché à tendance baissière aurait été de 350 installations en 2007 et de 300 installations en 2008.

Maintenant, le lavage subit-il la crise économique actuelle, comme les autres secteurs de l'automobile ? Certains évoquent une relative frilosité des banques, voire un blocage réel selon l'établissement. Tout d'abord, en fonction des dossiers, celles-ci peuvent être amenées à "recommander" un matériel de moindre coût lorsqu'il s'agit d'un matériel de renouvellement. Une démarche facilement applicable à un portique, en particulier, dont le coût moyen se situe toujours aux alentours de 40 000 e HT (chez WashTec, il est de 58 000 e HT). Pour un centre complet, le problème est différent. "Par rapport aux sommes colossales brassées par certains marchés financiers, le lavage représente bien peu de chose, note Patrick Koenig. Lorsqu'un investisseur potentiel désire rencontrer son banquier pour un emprunt, on évoque ici une somme de quelque 200 000 e. Néanmoins, au vu de la conjoncture actuelle, cet investisseur va devoir fournir de fortes garanties. Aussi, cela peut-il amener un certain handicap sur le marché national, tout du moins pour ce qui est de la création". Selon Patrice Rabecq, le directeur commercial d'Heurtaux, le blocage des établissements bancaires concerne principalement les investisseurs privés, et non pas les grandes enseignes. D'ailleurs, les propos de Philippe Dumas accréditent cette thèse. "Les prêts bancaires ne constituent pas un écueil, pour peu que l'investisseur potentiel dispose de moyens conséquents, dit-il. En ce qui nous concerne, nous avons très peu de dossiers refusés par les banques. Et d'ajouter : Certes, l'exercice 2009 ne sera certainement pas aussi porteur que 2008, mais nous devrions tirer notre épingle du jeu. En effet, le lavage dégage toujours une rentabilité intéressante pour les investisseurs. Aussi, dans une période durant laquelle les gens peuvent nourrir quelques hésitations quant au placement de leurs fonds, le lavage constitue l'un des meilleurs produits financiers".

Les six derniers mois de 2008 n'ont pas été épargnés par les dépressions

Ainsi, selon lui, le lavage laisse encore augurer de belles perspectives…
A condition, toutefois, que les résultats d'exploitation suivent ! A ce niveau, l'exercice 2008 s'est conclu sur une note négative, avec une baisse de l'activité estimée à 10 % et même plus pour certains. Rien qu'en décembre, cette baisse aurait été vertigineuse, de l'ordre de 40 % ! Selon Patrick Koenig, ce n'est pas tant la crise économique qui a engendré une baisse de fréquentation des centres de lavage, mais bel et bien le facteur météo, peu favorable. "Certes, le début de la crise conjugué à la hausse du prix des carburants a sans doute joué un rôle au niveau de la moyenne kilométrique, note-il. Or, un consommateur qui roule moins est quelqu'un qui salit moins son véhicule. Mais, le facteur déterminant se situe ailleurs. Sur les six derniers mois, qui comptaient 24 week-ends, la pluie s'est invitée sur seize week-ends ! Pour les exploitants, impossible de se refaire sur la semaine. Sur un mois, un week-end raté équivaut à une perte du chiffre d'affaires de 20 %". En outre, en janvier 2009, la période de gel a neutralisé l'utilisation des portiques durant près de 15 jours (les machines étant dotées d'un système de mise hors gel automatique). Dès que les températures sont redevenues positives, l'activité a repris. Maintenant, une perte d'exploitation d'une telle durée n'est pas si aisée à rattraper. Reste que, dans ce type de situation, l'attrait de la nouveauté peut malgré tout jouer un rôle déterminant. Patrick Koenig le confirme : "Globalement, nous avons pu constater que les clients chez qui nous avons installé des machines haut de gamme de type Genius ou Varius, ont enregistré un résultat positif, de l'ordre de 25 %. En fait, la baisse du chiffre d'affaires s'est surtout ressentie sur la haute pression". Ainsi, selon lui, d'une part ces machines de nouvelle génération redonnent confiance à la clientèle du portique qui avait un moment délaissé ce type de lavage pour s'en remettre au lavage HP ; d'autre part, le niveau de prestation délivré par ces machines permet d'élever le coût moyen du service à plus de 10 e. Les propos de Philippe Dumas vont dans le même sens : "Aujourd'hui, le portique est redevenu l'élément moteur d'un centre de lavage, souligne-t-il. Il faut savoir qu'un portique représente le chiffre d'affaires de deux pistes HP, voire de deux pistes et demie". Selon lui, c'est bien l'introduction des nouvelles technologies de brosses, notamment celles en polypropylène à l'origine de la suppression totale de microrayures, qui a modifié sérieusement la donne en matière de qualité de lavage. Une chose est certaine. Aujourd'hui, la mixité est complètement entrée dans les mœurs et il ne viendrait l'idée à personne de construire un centre de lavage HP sans y adjoindre un portique à brosses.

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L'incontournable nettoyeur HP !

Nettoyage des organes mécaniques (moteur, BV…) déposés afin d'enlever les graisses, nettoyage des bas de caisse et des passages de roue, nettoyage des sols… Il n'est pas un garage qui ne dispose pas d'un nettoyeur haute pression ; à l'instar d'un "Puzzi" (injecteur/extracteur pour textile) ou encore d'un aspirateur. Pour ce qui est du nettoyeur, Kärcher estime ce marché "historique" à quelque 10 000 pièces par an en eau chaude, pour un coût moyen unitaire de 2 500 à 3 000 e HT. Selon Jean-Marc Lasserre, directeur des Ventes au sein du Département Professionnel, le marché accuserait une certaine régression sur le secteur de l'automobile, en rapport avec la disparition de bon nombre de garages ces deux dernières décennies. En outre, la durée de vie du produit rentre en jeu, puisqu'elle est de 10 ans, en moyenne. "Il s'agit d'un marché mature, dit-il. Le nettoyage demeure une tendance lourde, d'autant qu'un portique à brosses ne peut remplir le rôle d'un nettoyeur". Rappelons que Kärcher détient près de deux tiers du marché, devant bon nombre d'acteurs parmi lesquels figure Portotechnica (distribué par ICA). Côté tendances, l'automobile détermine un couple débit/pression "standard" de 180 bar/1 000 l/h. L'avenir passe par la facilité de maintenance avec le déploiement de l'électronique (détection de pannes, suivi de la machine, régulation de la pression et de la température, etc.), ainsi que par l'aspect environnement. "On nous demande de plus en plus des machines recyclables en fin de vie qui consomment moins d'eau, etc., indique Jean-Marc Lasserre. Cette tendance est particulièrement vraie pour ce qui est des concessionnaires". En outre, le travail porte sur la réduction des émissions. Du classique, en somme !

Pas encore obligatoires sur le plan réglementaire, les stations de recyclage ont du mal à prendre leur envol

Dans la même optique une tendance lourde se dégage : la "professionnalisation" du concept. "Les exploitants vont de plus en plus amener la notion de bien-être au niveau de leur station de lavage, via des services supplémentaires, explique Xavier Nicolas. Dans ce registre figure notamment la vente de produits d'entretien en boutique". Autre marché, naissant celui-là, celui des stations de recyclage. Au niveau de WashTec (dont le produit s'appelle Aqua X) et de Lavance, 90 % des stations commercialisées en 2008 l'ont été chez Total, un pétrolier soucieux de l'environnement (voir par ailleurs). "En dehors du volume consenti au pétrolier national, il faut bien reconnaître que le marché demeure confidentiel, souligne Philippe Dumas. Au jour d'aujourd'hui, le marché est davantage conditionné par une préoccupation économique de la part de l'investisseur, que par une obligation réglementaire". Pour sa part, Xavier Nicolas voit un marché global de 150 installations/an. Dans le cadre d'une création, on rappellera que les systèmes de recyclage sont obligatoires en Allemagne, ce qui n'est pas encore le cas sur l'Hexagone. Selon Philippe Dumas, le coût du matériel n'aurait pas vraiment évolué dans la mesure où il se situerait entre 15 et 25 000 e HT. "Le problème est que le coût de la mise en œuvre, en l'occurrence le génie civil, va pratiquement doubler cet investissement. Un surcoût qui, bien sûr, va être davantage ressenti dans une démarche de renouvellement de portique, plutôt que dans une démarche de création". En d'autres termes, le génie civil reviendrait à 20 000 e sur une installation nouvelle. En revanche, sur une installation existante, le coût s'avère souvent supérieur, dans la mesure où la démarche nécessite de casser la dalle en béton ou encore d'abaisser la charpente pour passer les fourreaux. A la clé, parfois, presque un mois d'arrêt d'exploitation ! "En ce qui nous concerne, et ceci afin de démocratiser le système, nous cherchons à abaisser le coût du génie civil, explique Xavier Nicolas. Nous avons un projet ambitieux, qui repose sur une cuve enterrée à double paroi, qui permet de traiter toutes les opérations dans un volume très raisonnable. Nous venons d'installer le premier prototype sur Orléans". Il faut savoir qu'ordinairement, les cuves en zinc sont assez massives. En outre, leur installation amène un surcoût au niveau des terres décaissées et de leur retraitement.

Photo : Le Genius de Christ : un portique très haut de gamme.

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