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Indra crée son réseau de démolisseurs

Publié le 11 juillet 2011

Par Frédéric Richard
5 min de lecture
Caréco n’a qu’à bien se tenir ! Lors du dernier salon des matières premières, organisé à Tours par la fédération des recycleurs, Loïc Bey-Rozet, directeur général d’Indra SAS, filiale de Sita et Renault, nous a dévoilé une stratégie de développement pour le moins dynamique.
Loïc Bey-Rozet, directeur général d’Indra.

Indra est bien une co-entreprise détenue par Sita, la branche environnement du groupe Suez, et Renault. Pour Renault, l’intérêt est double. Tout d’abord, Avec Indra, le constructeur au losange dispose dès aujourd’hui du maillage de près de 300 démolisseurs affiliés sur le territoire français, un passage obligatoire pour satisfaire à la récente directive VHU. Par ailleurs, Indra permet à Renault de mieux éco-concevoir ses véhicules. En tant que collecteur et démolisseur de véhicules, Indra est une source d’informations permanentes pour le constructeur, pour mieux analyser le cycle de vie et ainsi faire en sorte que ses véhicules du futur soient plus facilement recyclables, et puissent contenir plus de matières recyclables. Voilà pour le contexte.

A la base, la principale activité d’Indra consiste donc à trouver des sources d’approvisionnement en véhicules, pour les redistribuer à son réseau de démolisseurs affiliés. A ce titre, Indra contractualise avec des assureurs, des concessionnaires, des domaines…, et assure ensuite à son réseau de 300 démolisseurs, la matière première nécessaire à son activité.

Beaucoup d’entreprises du secteur sont encore artisanales et la filière n’est pas structurée. Il n’existe aucune cohérence dans les process de démontage par exemple, ni aucune formation pour le métier de démolisseur. Alors que, de son côté, la réglementation européenne impose aux constructeurs automobiles de plus en plus de contraintes quant au recyclage de leurs véhicules. Un paramètre qui nécessite un cadre de travail de plus en plus précis et mieux construit, pour les démolisseurs agréés par les marques, chargés d’une partie de ce recyclage…

Caréco n’a qu’à bien se tenir

Alors, dès le début 2012, Indra va proposer aux démolisseurs de s’inscrire dans une véritable démarche réseau. “Nous allons leur proposer une solution intégrée d’activités de service, avec des outils de développement d’entreprise, du marketing, de l’accompagnement technique, bref, toutes les prérogatives d’un réseau, afin de rationaliser leurs flux, leur donner des méthodologies de démontage… L’objectif final étant de permettre un recyclage du véhicule de manière économiquement viable, comme le prévoit la directive VHU”, détaille Loïc Bey-Rozet, directeur général de Indra. Rappelons que, si un constructeur ne peut prouver la viabilité économique de sa filière de recyclage, il doit s’acquitter d’une lourde éco-taxe. “Mon objectif est de mettre en place une marque. Le seul concurrent à ce jour dans le domaine est Caréco”, poursuit Loïc Bey-Rozet. Le positionnement est donc clair. Bien sûr, Caréco a de l’avance, dispose d’une belle notoriété et s’est bien impliqué dans le commerce de la pièce d’occasion, l’un des pans de l’activité important pour la viabilité de la filière. Chez Indra, les avantages sont ailleurs. “Nous arrivons avec la puissance de deux gros actionnaires, Sita et Renault, et nous sommes également reconnus sur le territoire par nos 300 affiliés. Notre cœur d’activité, la gestion-distribution de véhicules, nous donne enfin une valeur ajoutée supplémentaire sur l’approvisionnement de nos adhérents, donc nous pensons avoir nos chances”, estime le dirigeant d’Indra. D’autant qu’il ne cache pas son ambition de faire progresser son futur réseau, lui aussi, sur la vente de pièces d’occasion. “A ce jour, la vente de matières pour le recyclage ne suffit pas à remplir les objectifs fixés pour 2015 (voir encadré). Nous allons donc logiquement massifier le commerce de PR”, certifie-t-il. Dans un premier temps, priorité est donnée au déploiement du réseau, et tenter de le fédérer autour d’un ERP commun. Indra dispose en effet d’un système informatique développé en interne, capable de gérer l’approvisionnement, les stocks et la partie commerciale de façon structurée et nationale. Par la suite, fin 2012, le travail sur la vente de pièces commencera réellement, et l’on chuchote même qu’un site web verra le jour, sur lequel l’internaute aura la visibilité en temps réel de l’ensemble des pièces d’occasion disponibles dans tout le réseau Indra de France. A ce titre, précisons que l’ERP d’Indra est interfaçable avec le fichier des AAA, ce qui permettra aux adhérents de renseigner précisément leur client comptoir, sans risque d’erreur sur le véhicule. Et le système va plus loin, puisque, grâce à une base de données en cours de négociation, l’utilisateur trouvera les équivalences et évitera ainsi de manquer des ventes.

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FOCUS

Législation

Depuis 2006, la directive européenne impose un recyclage des véhicules à 85 % de leur masse. En France aujourd’hui, la filière est en retard et ne parvient qu’à 81 %… D’où l’importance de mettre en place dès maintenant des outils structurés… D’autant que, dès 2015, la loi se durcit et les constructeurs devront pouvoir justifier d’un réseau capable de recycler 95 % de la masse de leurs véhicules, et, qui plus est, dans des structures économiquement viables ! Et ces futurs véhicules sont, bien souvent, déjà conçus, et pas forcément en adéquation avec ces objectifs !

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ZOOM

Déconstruire à Sandouville ?

Fin 2009, le syndicat CGT de l’usine Renault de Sandouville, près du Havre, avait dévoilé sa vision du projet industriel pour le site. Il avait notamment avancé l’idée de relancer cette usine qui compte aujourd’hui 2 500 salariés contre 4 000 en 2008, par une ou plusieurs chaînes de déconstruction de véhicules. “Renault dit que 95 % de ses voitures sont recyclables, c’est le moment de le prouver en triant la ferraille, les pneus, le verre, les hydrocarbures…”, a estimé de son côté Nicolas Guermonprez, secrétaire du syndicat CGT. Un discours qui fait écho jusque dans les rangs politiques, puisque l’eurodéputée écologiste Eva Joly s’est récemment déclarée favorable à l’implantation d’une filière de déconstruction dans l’usine Renault. “Revaloriser les véhicules plutôt que de les compresser dans les décharges est une idée d’avenir”, a-t-elle déclaré, se disant même prête, avec ses amis politiques, à soutenir, dans les institutions, les évolutions “réglementaires” que nécessiterait la mise en œuvre d’un tel projet.
 

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