“Il y a de la place pour deux grands acteurs”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Il y a un an, La Centrale changeait d’actionnariat. Quelles évolutions pour vous douze mois plus tard ?
FRANÇOIS COUFFY. Le principal changement réside dans les pouvoirs de décisions désormais pris par le groupe Axel Springer, dont la réputation d’acquérir des entreprises en bonne santé n’est plus à faire, tout en faisant confiance à l’équipe en place. Ensuite, ce changement d’actionnariat suit une certaine logique puisqu’Axel Springer ne possédait pas dans son portefeuille de sites d’annonces automobiles, et avait donc une connaissance du marché automobile moindre que sur les secteurs de l’immobilier ou de l’emploi. Aujourd’hui, l’objectif à court terme est de travailler sur le développement des activités core-business tout en réfléchissant à faire évoluer le business model et l’offre de La Centrale. Même si, pour l’heure, et c’est logique, nous sommes dans une phase d’investigation et d’observation.
JA. Un autre changement devrait s’opérer d’ici peu avec le passage d’Autoreflex au sein du groupe Argus. Comment interprétez-vous cette évolution ?
FC. Autoreflex avait déjà été racheté il y a trois ans par une JV (Emas) créée par Mondadori et Axel Springer. A cette époque, son avenir était très incertain et il existait déjà très peu de place pour tous les intervenants puisque deux leaders comme Le Bon Coin et La Centrale avaient émergé de façon significative. Nous avons pourtant tenté de mettre sur pied, entre La Centrale et Autoreflex, des synergies qui n’ont pas été concluantes puisque les clients étaient souvent les mêmes, sachant que 90 % du trafic existant au sein d’Autoreflex se retrouvait aussi à La Centrale. En somme, très peu de valeur ajoutée a été créée. Les actionnaires ont donc fait un choix et c’est donc le groupe Argus qui devrait se porter acquéreur d’une partie des équipes d’Autoreflex.
JA. Beaucoup d’observateurs, parlent d’une concentration à marche forcée et inéluctable. Un sentiment que vous partagez ?
FC. Cela me semble évident. En quelques années, nous avons vu le schéma se resserrer et les acteurs disparaître ou procéder à des réorientations. Il y a de moins en moins d’intervenants, qui plus est efficaces, sur le marché. Très honnêtement, nous sommes aujourd’hui sur un marché où il y a de la place pour uniquement deux grands acteurs, difficilement plus, et sur lequel la digitalisation est déjà très élevée, et donc le domaine de récupération de budget en dehors du digital très faible. Ces deux acteurs sont d’ailleurs complémentaires dans le schéma actuel avec leurs spécificités propres aussi bien vis-à-vis des particuliers, des professionnels que des services prodigués. J’aimerais cependant également citer Ouestfrance-autos.com, qui, à défaut d’avoir une audience nationale, a réussi à s’implanter localement en gardant sa spécificité régionale, ce qui lui permet de gagner des parts de marché conséquentes sur une zone géographique bien déterminée (le Grand Ouest, N.D.L.R.).
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QUESTIONS À… VINCENT HANCART, directeur général d’AutoScout24.
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Que vous inspirent les derniers événements concernant certains acteurs du marché ?
VINCENT HANCART. Conformément à ce que je disais l’an passé, je maintiens mes dires, à savoir que le marché va encore évoluer vers une concentration, et je pense que ce n’est pas fini. Je pense même qu’on assistera à un nouveau rapprochement d’ici peu de temps. Il existe deux leaders incontournables sur le marché, et de notre côté nous essayons de suivre le rythme avec nos forces et nos qualités, notamment la valeur ajoutée que nous devons apporter au client.
JA. L’apport de services et de valeur ajoutée serait-il aujourd’hui la clé du succès ?
VH. La clé du succès reste le trafic généré. Il faut trouver un équilibre basé sur le nombre d’annonces et le nombre de visiteurs, donc un trafic et un engagement importants. Il est évident que l’on peut aussi avoir un site bien présenté, avec un design différent ou quelques fonctionnalités supérieures, mais ce n’est pas ce qui fera la différence. Enfin, la question est de savoir quelle perception le client a du service proposé.
JA. Quid de l’actualité d’AutoScout24 à court et moyen termes ?
VH. Nous allons connaître des nouveautés très importantes au cours du second semestre de cette année, mais je n’en dirai pas plus. Cela concernera notamment notre modèle économique et notre façon d’aborder la petite annonce.