François Guionnet, directeur général de Renault Parc Entreprises

Journal de l'Automobile. Comment se sont comportées les ventes à sociétés de Renault en 2009 ?
François Guionnet. Plutôt très honorablement étant donné le marché dans lequel nous avons évolué. Le marché français des flottes a en effet enregistré un recul de 15,3 % en 2009, avec des baisses de 19 % en VU et de 12 % en VP (N.D.L.R. : 810 000 véhicules ont été vendus à des professionnels l'an dernier dans l'Hexagone, dont 500 000 VP et 310 000 VU). Ceci étant dit, il convient de prendre ces données avec des pincettes. Dans le domaine du VU, nous avons assisté à deux périodes totalement différentes, avec un premier semestre catastrophique et un second semestre plutôt encourageant. Dans le domaine du VP, nous avons en outre constaté des évolutions de flottes totalement différentes selon que l'on incluait ou non les loueurs courte durée. Pour preuve : hors loueurs courte durée, le marché des flottes n'a reculé que de 3 % avec 340 000 VN, les seules ventes à loueurs courte durée se contractant de 28 % avec 160 000 VN.

JA. Renault a suivi le marché ou a-t-il fait mieux ?
FG. Nous avons amélioré nos positions. Notre part de marché flottes est passée de 27,9 % en 2008 à 28,9 % en 2009, dont 28,6 % en VP hors location longue durée, 22,1 % en location courte durée seule et 34,8 % en VU. Nos ventes en VP hors location longue durée ont progressé, elles, de 5 % sur un marché en recul de 3 %, celles en location longue durée seules ont chuté de 32 % sur un marché en retrait de 28 % et enfin celles en VU ont reculé de 18 % sur un marché en recul de 19 %. Nous sommes donc restés numéro un en 2009.

JA. L'an dernier, où ont terminé vos modèles dans le classement global des ventes à sociétés ?
FG. La Clio est montée sur la plus haute marche du podium dans le segment I (B), la nouvelle Mégane et la Mégane III ont terminé deuxième et troisième dans le segment "compacts" M1 et le Scénic a terminé premier dans le segment "monospaces compacts" M1. Dans le segment M2, nous avons terminé troisième derrière la nouvelle C5 et la Passat. Ceci étant dit, nous montons ici sur la deuxième plus haute marche du podium hors loueurs courte durée. Enfin, nous nous sommes accaparé les plus forts volumes de vente dans la catégorie monospaces familiaux avec l'Espace, ainsi que dans les catégories VUL et VU avec le Kangoo, le Trafic et le Master.

JA. Votre gamme de véhicules homologués N1 a-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?
FG. Oui, dans la mesure où nous n'avions pas d'espérance. En effet, nous l'avons lancée simplement afin de faire profiter nos clients d'une nouvelle opportunité, un véhicule homologué N1 permettant d'assimiler un VP à un VU. Mais cela reste un marché de niche, la gamme complète dont nous disposons actuellement s'expliquant surtout par le fait que nous avons de très bons rapports charges utiles sur masses. Nous totalisons une douzaine de modèles homologués N1, 300 à 400 unités étant commercialisées tous les mois par Renault. Elle vient bien évidemment en complément de notre gamme Renault Business Eco2 lancée courant janvier 2010. Ceci étant dit, nous avons aussi eu dernièrement quelques nouveautés produits dans le domaine du VU. Nous avons notamment sorti le Kangoo Maxi, le Trafic phase 3 et le nouveau Master. Le Kangoo Maxi nous permet d'intégrer le marché des fourgonnettes rallongées et le nouveau Master d'être présents à la fois dans la catégorie des fourgons tractés et celle des fourgons propulsés.

JA. Quelles sont vos priorités pour 2010 ?
FG. Nous allons chercher à rester numéro un. Et pour ce faire, nous comptons nous appuyer à la fois sur les produits, les services et le réseau, notre politique sur le marché des loueurs courte durée restant inchangée. Ici, nous cherchons toujours à afficher un taux de pénétration identique à notre taux de pénétration global. Ceci étant dit, nous avons un plan d'action ambitieux en matière de ventes à professionnels sur 2010. Si nous avons désormais tout ce qu'il faut en matière de produits et que nous venons tout juste de lancer le service C.A.R. "Plus" via Diac Location (voir JA n° 1105), nous avons aussi prévu de travailler plus fortement avec certains professionnels, notamment les auto-écoles et les taxis. Pour preuve : nous avons déjà signé des protocoles d'accord avec les réseaux d'auto-écoles ECF et CER, Renault étant désormais fournisseur exclusif d'ECF et fournisseur majeur de CER. Les protocoles incluent une tarification et une prestation d'entretien désormais en phase avec le marché, ce qui s'est rapidement matérialisé dans des chiffres. Notre part de marché auprès des auto-écoles est passée de 5 % à 25 % entre le début janvier et la fin mars. Côté taxi, nous avons signé des protocoles d'accord avec les compagnies G7 et Gescop. Ici, notre offre repose sur une tarification spéciale avec une garantie de 150 000 kilomètres, cette offre incluant également un contrat d'entretien et un engagement de reprise. Last but not least. Nous souhaitons aussi booster Renault Rent.

JA. Et concernant le réseau ?
FG. Ici, nous développons une véritable stratégie pyramidale. En effet, nous pouvons nous appuyer sur nos 5138 ateliers, nos 400 garages et nos points d'expertise flottes en cours de déploiement, "Renault Pro+". Ces derniers s'articulent autour du concept de "one stop shop" ou "tout sur place". Sur ces sites, les clients entreprises sont appelés à trouver à la fois des vendeurs spécialisés, une après-vente spécialement formée à leurs besoins, des véhicules de remplacement, dont des véhicules carrossés, des ponts de 7 tonnes et des horaires flexibles. Ces points d'expertise flottes sont actuellement au nombre de 15, notre objectif étant d'en totaliser 50 à la fin 2010 et 100 à la fin 2011. Ceci dit, nous avons aussi l'intention de "pousser" l'activité véhicules carrossés, une cinquantaine de carrossiers étant homologués Renault depuis décembre 2009.

JA. Vos performances 2009 ont-elles été confirmées au premier trimestre 2010 ?
FG. Sans aucun doute. Sur cette période, notre part de marché flottes a atteint les 29,8 % (VP + VU). Au premier trimestre, nos ventes flottes ont progressé de 28 % en VP sur un marché en hausse de 27 %. Hors location courte durée, elles ont même enregistré une hausse de 23 %, soit 7 points de plus que l'évolution constatée sur ce seul segment de marché au premier trimestre, à savoir une hausse de 16 %. Enfin, et sur un marché en progression de 8 %, nous avons vu les ventes à professionnels du groupe Renault progresser de 22 % en VU (N.D.L.R. : + 19 % côté Renault et + 190 % côté Dacia). Aussi, nous devrions avoir un très beau marché flottes en 2010, les évolutions constatées en ce début d'année s'expliquant par un meilleur accès au crédit pour les entreprises, un retour à la normale sur le marché de la location courte durée, un renouvellement d'un grand nombre de contrats de LLD et un intérêt sans cesse confirmé des entreprises de baisser leur indice moyen de CO2. Tout cela devrait se traduire par une hausse de nos volumes de ventes. L'an dernier, nous avons commercialisé 240 000 véhicules aux professionnels, dont 108 000 VU et 132 000 VP (N.D.L.R. : 97 000 VP hors loueurs courte durée).