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Au moment d'évoquer la prise de conscience des enjeux environnementaux, Thierry Archambault, président de la CSIAM, estime que "l'étape de la pédagogie du Grenelle de l'environnement a été dépassée et qu'il est désormais l'heure de passer au pragmatisme". Une notion de pragmatisme aussi reprise à son compte par Bruno Lechevin, président de l'Ademe, qui la décline ainsi : "C'est aussi l'utilisation intensive des véhicules et les bons choix dans le portefeuille des technologies et des énergies disponibles."
Dans cette optique, il juge que les solutions basées sur l'hydrogène auront un impact significatif à plus long terme, ce qui ne remet pas en cause leur pertinence, naturellement, tandis que le GNV gagnera des parts de marché d'ici 2030, évoquant d'ailleurs un imminent appel à projets dans la lignée du pilote actuellement mené en Rhône-Alpes. Et de rappeler qu'il n'y a pas de solution unique et que l'on s'oriente vers un mix énergétique, qu'il s'agira donc de gérer avec clairvoyance. A cette donnée doit s'ajouter la promotion des modes doux ou actifs, comme la marche ou le vélo, par exemple : "Et dans ce domaine, les collectivités ont aussi un rôle à jouer, car on peut inciter les gens à s'approprier ces modes doux au quotidien. Le 'plan marche' mis en œuvre en Seine-Saint-Denis en est une parfaite illustration."
L'enjeu clé d'une deuxième voiture partagée
Au chapitre des collectivités, plusieurs personnalités politiques sont venues mettre en avant leurs meilleures pratiques, même si ce qualificatif sera remis en question par certains, notamment lorsqu'il s'agit de la Mairie de Paris… Marie-Noëlle Lieneman, sénatrice de Paris, s'est inscrite dans une veine sociale, préconisant de développer des pratiques de mobilités écologiques accessibles au plus grand nombre, y compris dans des zones HLM ou moins urbaines. "Il y a notamment un enjeu très important sur la deuxième voiture, qui est souvent une lourde mais incontournable charge économique pour certains ménages, pour un taux d'utilisation parfois faible. Nous avons déjà mis en place des dispositifs d'autopartage qui fonctionnent, par exemple dans une résidence de 40 ménages avec deux voitures mises en commun. Par ailleurs, il y a un gros travail à fournir sur l'accès au financement. Enfin, j'estime que les différentes expérimentations des différents territoires sont positives, mais sans doute trop éparses et qu'il convient maintenant de généraliser ce qui fonctionne dans la France entière", détaille-t-elle.
Serge Orru, conseiller d'Anne Hidalgo en charge de l'Economie circulaire, du Développement durable, du Climat, des Energies et de l'Environnement pour la Ville de Paris, fut plus politicien, voire d'ostensoir, en mode slogan de campagne, avec la santé publique et son coût en guise d'étendard… "A propos du Grenelle de l'environnement, rappelons que nous avons enfin pu réunir à une même table des secteurs et des gens aux intérêts divergents et que nous avons négocié, cassant le mauvais pli français du 'négocier, c'est trahir' (NDLR : Serge Orru était actif dans l'organisation du Grenelle de l'environnement). Et le fait majeur des dernières semaines, c'est incontestablement l'observatoire mondial de la qualité de l'air des villes qu'Anne Hidalgo promeut en entraînant dans son sillage d'autres grandes villes", tonne l'ancien directeur controversé de WWF France. Mais pas un mot sur le Diesel, les transports en commun, l'interdiction de rouler dans Paris pour les véhicules immatriculés avant 1997 et la contrepartie – vertigineuse – d'une prise en charge partielle du passe Navigo…
La voiture envisagée comme mini transport en commun
Du côté des villes de tailles plus modestes, Jonathan Rodrigues, maire adjoint délégué au développement durable de la Ville d'Epernay (24000 habitants), a reconnu que la voiture restait indispensable, au-delà des services de transports mis en place : "Nous voyons la voiture comme une alternative aux transports en commun. Partagée, elle peut devenir un mini transport en commun très agile." Et d'ajouter que la Mairie subventionnait les achats de VAE, avec succès, et qu'elle adhérait au disque vert, dans l'optique de "favoriser la diversité des solutions". Max Roustan, maire d'Alès (50000 habitants) et président d'Alès Agglomération, abondait dans le même sens : disque vert, subvention pour inciter à l'achat de vélos (déjà 7000 unités), déploiement d'infrastructures de charge (130 bornes à date), promotion du pôle mécanique d'Alès, qui vient d'ailleurs de bénéficier d'investissements significatifs.
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