Biocarburants : "Le plafonnement ne sera pas de 5,5%"
L'enjeu tient dans un acronyme rebutant : CASI, pour changement d'affectation des sols indirect. C'est ce qui est reproché aux biocarburants de première génération. Attendus comme l'un des moyens pour "décarboniser" le secteur des transports, ils seraient finalement trop émetteurs de CO2, si l'on inclut dans le calcul ces changements d'affectation des sols. Comprendre que la transformation de forêts en terres agricoles, pour répondre à la demande liée à la production de biocarburants, a finalement un impact négatif en termes d'émissions de gaz à effet de serre.
C'est ainsi que la Commission environnement du Parlement européen a soutenu, le 11 juillet, une mesure visant le plafonnement de ces biocarburants à 5,5% de l'énergie consommée dans les transports à l'horizon 2020. "La menace est bien réelle, parce que les usines ont été calibrées pour répondre à un objectif supérieur. Sur le biodiesel, les structures sont adaptées à un objectif de 8%, donc le plafonnement peut être dangereux", met en garde Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d'alcool agricole, entité représentant la filière française du bioéthanol.
Groupes d'intérêt
Alors que les études scientifiques démontrant les effets néfastes des CASI sont contestées – un des auteurs ayant lui-même émis des incertitudes –, on peut s'interroger sur les velléités de plafonnement. Sylvain Demoures évoque des groupes d'intérêt : "Peut-être gênons-nous un certain nombre de pétroliers, qui nous voient comme des concurrents. Aussi, certains grands groupes de l'agroalimentaire préfèrent peut-être que l'agriculture les fournisse exclusivement." Encouragé par les positions différentes prises par d'autres commissions (préconisation de plafonnement à 6,5% par la Commission de l'énergie, NDLR), le secrétaire général estime que "l'on s'oriente vers de la continuité, davantage que d'une rupture. Nous pensons que le plafonnement ne sera pas de 5,5%".
Il reste cependant prudent, et entend maintenir la pression, tout en prenant la direction d'une filière assainie. "Les biocarburants sont en constante amélioration. Nous pensons que c'est une filière vertueuse. La condition, à l'avenir, est de diversifier les sources de matières premières", signale-t-il, glissant ainsi, peu à peu, vers des biocarburants de nouvelle génération. Pour rappel, la filière bioéthanol française concerne 5000 emplois directs et indirects, et a investi près d'un milliard d'euros dans cinq usines. Si le processus est loin d'être terminé, selon Sylvain Demoures, le rapport législatif sera voté en séance plénière en septembre prochain.
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