Plastic Omnium affirme ses ambitions dans l'automobile verte
La nouvelle est tombée hier : Plastic Omnium cédera sa division environnement au consortium Latour Capital/Bpifrance d’ici à la fin de l’année. Ce qui, en soit, n’est pas vraiment une surprise puisque l’équipementier avait déjà fait connaître en septembre dernier son intention de se concentrer sur ses activités automobiles. Historiquement leader dans la production de réservoirs et de technologies de dépollution, Plastic Omnium souhaite logiquement aller chercher la croissance là où elle réside. C’est à dire dans les véhicules connectés, autonomes et verts.
L’hydrogène en produit phare
Le ton était donné depuis le début de l’année : au 1er janvier, le Français a pour rappel ouvert une business unit consacrée à la pile à combustible, une technologie sur laquelle il mise beaucoup. Déjà en 2015, l’équipementier lançait ses premiers travaux sur le sujet via POcellTech, sa société commune créée avec l’entreprise israélienne Elbit Systems. Suivait fin 2017 l’acquisition de Swiss Hydrogen, entreprise spécialisée dans la conception et la production de solutions de gestion et de contrôle de l’énergie dans les systèmes à PAC, puis d’Optimum CPV, société belge spécialisé dans la conception de réservoirs à hydrogène.
Preuve de cet engagement dans la filière, Plastic Omium y a investi 100 millions d’euros depuis 2015 et prévoit d’y consacrer la même somme pour les deux prochaines années. "Notre objectif est de proposer une PAC à combustible compétitive aussi bien en termes d’autonomie que de prix", explique Laurent Burelle, le PDG. Cette enveloppe conséquente servira notamment à la construction mi-2019 d’un centre de recherche avancée dans les nouvelles énergies… PAC et autres.
Les SCR encore leviers de croissance
Car si les regards sont braqués sur l’hydrogène, l’équipementier n’en délaisse par pour autant la technologie hybride, qu’elle soit plug-in ou mild. Pour cause, elle pourrait représenter pas moins de 45 % de la production automobile mondiale en 2030, contre 5 % aujourd’hui. Cinq nouveaux contrats sont tombés dans l’escarcelle de l’équipementier sur la première partie de l’année aux Etats-Unis et en Chine, marché sur lequel le Français a raflé tous les appels d’offres. Reste que la majorité du parc roulant, et celui à venir, carburera toujours dans quelques années à l’énergie fossile, dont diesel.
Plastic Omnium poursuit sa croissance sur le marché stratégique des SCR avec cinq nouveaux contrats remportés en Asie et aux Etats-Unis. Alors que 50 % des véhicules sont aujourd’hui équipés d’un SCR, cette part devrait atteindre 100 % d’ici à 2020. Avec, à la clé, une part de marché de l’équipementier qui passerait de 17 à 26 %. Cette activité a été en 2017 la source de 300 millions d’euros.
Equiper les véhicules connectés et autonomes
Autre temps fort du premier semestre qui définit le tournant stratégie de Plastic Omnium, la prise de contrôle à 67 % de sa société allemande HPO. Ce leader mondial des modules bloc-avant de carrosserie produit environ 6 millions d’unités par an. Un premier jalon dans la modularité, nécessaire à la lueur des changements qui attendent l’automobile, comme l’explique Laurent Burelle. "Notre rachat de HPO nous permet de gagner de la flexibilité dans les modules qui dépendent du design des véhicules, et donc de leur technologie."
Une démarche logique, alors que l’équipementier mise également beaucoup sur les véhicules autonomes et connectés en se positionnant comme intégrateur, protecteur et designer de leurs technologies lidar et caméra. "L’objectif est bien d’équiper le véhicule sans le défigurer", résume le PDG. Qui, au dernier salon de Francfort, s’était illustré en présentant un concept-car doté de pare-chocs avec des radars de façon optimale, grâce à la propriété transparente du plastique. Chiffre d’affaires attendu de HPO en 2021 : 3 milliards d’euros, soit une croissance de 50 % par rapport à 2017.
Un outil industriel à la hauteur
"Ces trois événements du premier semestre illustrent bien la volonté de Plastic Omnium de se focaliser totalement sur son métier automobile pour garder le lead dans ce secteur qui connaîtra ses prochaines années plus de changements qu’en cinquante ans", souligne Laurent Burelle. Avec des investissements à la hauteur des ambitions : sur le premier semestre, Plastic Omnium a consacré 8,5 % de son chiffre d’affaires à la R&D, soit 271 millions d’euros auxquels s’ajouteront dans les deux prochaines années 1,2 milliard d’euros.
Ces investissements servent et serviront notamment à construire de nouvelles usines partout dans le monde, en Inde, Slovaquie, Maroc, Chine, mais aussi aux Etats-Unis. Cette dernière s’impose comme site pilote pour la mise en place de l’industrie 4.0. Le fil rouge : économie la place, l’énergie et la force de travail tout en augmentant la production. 70 % de l’outil industriel devrait passer en process 4.0 dans les années à venir. Enfin, ces investissements permettront aussi de construire deux centres de R&D, dont celui de Bruxelles, l’autre à Wuhan en Chine, mais aussi d’étendre celui de Lyon, spécialisé dans les pièces extérieures de carrosserie.
Plastic Omnium en chiffres (S1 2018)
3,8 millions d’euros de CA / +4,8 % à taux de change et périmètre constants
323,8 millions d’euros de marge opérationnelle / +3,8 %
239 millions d’euros de résultat net / +9,4 %
271 millions d’euros d’investissement / +33 % et 8,5 % du CA
109 millions d’euros de cash flow / + 5 millions