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Industrie

L'analyse du rachat d'Harman par Samsung

Publié le 15 novembre 2016

Par Alexandre Guillet
3 min de lecture
En rachetant Harman, Samsung fait sensation et se positionne à l'avant-garde du marché du véhicule connecté, appelé à croître fortement dans les années à venir. Explications.

 

En rachetant le groupe américain Harman International Industries pour quelque 8 milliards de dollars (le closing est attendu mi-2017), Samsung Electronics frappe un coup de maître sur le marché florissant, mais bigrement concurrentiel du véhicule connecté et, par extension, du véhicule autonome. Précisons d'emblée qu'Harman, qui emploie 30000 salariés et dont les produits équipent plus de 30 millions de véhicules de par le monde, deviendra une filiale de Samsung et conservera à sa tête, au moins dans un premier temps, son directeur général Dinesh Paliwal.

 

A force de surmédiatiser les Gafa, dont Apple et Google, on en oublie que la plupart des grands groupes s'intéressent de près aux profondes révolutions de la mobilité connectée. C'est notamment le cas de Samsung, comme le confirme son CEO Oh-Hyun Kwon : "Sous l'angle des technologies, des produits et des solutions, Harman se révèle très complémentaire de Samsung et l'unification de nos compétences doit venir renforcer le développement de notre stratégie automobile déjà initiée il y a quelque temps." C'est aussi le cas de LG, déjà très influent sur le VE, ou encore de Panasonic.

 

L'objectif est de faire de Harman un Tier 1 à part entière, et Samsung compte ainsi se dégager un accès direct au marché. En effet, Harman fait déjà valoir des relations privilégiées avec une dizaine de constructeurs et trois grands groupes automobiles, BMW, FCA ou Volkswagen, représentent d'ores et déjà 40% de ses ventes nettes, aux dires de Colin Bird et Mark Boyadjis, experts chez IHS Markit. Avec Harman, Samsung renforce ou élargit notablement ses champs d'expertise, notamment pour l'infotainment, la télématique, les systèmes embarqués d'affichage ou audio. Colin Bird et Mark Boyadjis estiment qu'Harman devrait détenir 10% de parts de marché sur ce périmètre à l'horizon 2022. Soit 6,5 milliards de dollars sur un marché de l'ordre de 61 milliards d'euros.

 

Au-delà, Samsung se positionne aussi sur le marché du véhicule connecté au sens large et du véhicule autonome, un territoire auquel le groupe coréen prédit une croissance annuelle de 13% en moyenne d'ici 2025, pour environ 185 milliards de dollars. A ce sujet, on peut aussi rappeler qu'Harman avait racheté il y a dix-huit mois Symphony Teleca, spécialiste des logiciels, notamment automobiles, et Red Bend, acteur incontournable pour FOTA (Firmware Over The Air) et SOTA (Software Over The Air). Il conviendra de suivre avec attention si le rachat d'Harman par Samsung modifie les relations d'Harman avec les constructeurs et, surtout, les équipementiers de rang 1. Cela pourrait aussi accélérer certains projets de rapprochements et d'acquisitions, ce front étant déjà bien animé par Valeo, Bosch ou Continental par exemple. 

 

Pour conclure, il faut ajouter qu'aucune nouvelle information, même officieuse, n'a filtré sur la rumeur de projet de rachat de Magneti Marelli par Samsung. Sachant qu'un attelage de cette nature créerait de facto un nouveau Tier 1 de tout premier plan. Après une incursion peu concluante dans l'industrie automobile dans les années 1990, Samsung avait revendu l'essentiel de Samsung Motors à Renault (aujourd'hui Renault Samsung Motors détenue à 80,1% par Renault et 19,9% par Samsung), sous l'effet de la crise financière asiatique de 1997/1998. Depuis un peu plus d'un an, Samsung avait mis en œuvre une cellule destinée à identifier des opportunités dans l'automobile. Le groupe a notamment déjà investi 450 millions de dollars dans BYD, un constructeur chinois également producteur de batteries.

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