La navette autonome qui roulait en crabe
Soudain un cône se présente au milieu de la chaussée. La navette s'arrête, analyse la situation et prend la décision de le contourner. Telle a été la démonstration réalisée par les ingénieurs du laboratoire Pavin, au Centre Polytech de Clermont-Ferrand, à l'occasion de la tenue de la première Conférence internationale des villes Michelin (du 29 novembre au 1er décembre).
Le laboratoire Pavin a vu naître la plateforme qui a servi de base à la navette autonome EZ-10 de Ligier. Et, sur cette même base, l'équipe dirigée par François Marmoitton s'est appliquée à développer un logiciel de "contournement d'obstacle en milieu contraint", nous explique l'ingénieur en chef. "Nous appelons cela de la robotique mobile, explique-t-il. On peut imaginer une application à des véhicules évoluant sur une aire industrielle, sur un site fermé ou sur une route urbaine."
Lors des essais, la navette est parvenue à éviter un obstacle en roulant à 32km/h. Pour le moment, ceux-ci sont statiques ou imposés par la configuration tortueuse de la route à suivre. Si une ligne blanche sépare les deux sens de circulation ? La navette la prend en considération et attend une autorisation humaine. "Nous n'avons pas encore développé de stratégie d'évitement ou de marche arrière en cas d'objet mobile, tempère François Marmoitton. Pour la simple raison que nous préférons apprendre à maîtriser le contournement d'objet statique avant de passer à cette prochaine étape."
Cette nouvelle compétence constitue une avancée pour le véhicule autonome. Outre les évolutions du logiciel, l'EZ-10 a reçu à cette occasion des trains directionnels à l'arrière. A son bord, on ressent qu'elle peut ainsi se déplacer "en crabe". Une agilité indispensable à l'évitement. Une technologie dont Ligier, le constructeur du véhicule, et par voie de fait EasyMile, la société de commercialisation, vont certainement profiter dans les mois à venir.