Comment DRS 360 jette Mentor dans la bataille du véhicule autonome
Il y a de plus en plus de gladiateurs dans l'arène. Aux Nvidia et Intel est venu s'ajouter Renesas il y a quelques semaines, à l'occasion du salon DevCon Japan. Mais c'est en toute discrétion que Mentor s'est joint à la bataille des plateformes de gestion embarquée des données de capteurs, en dévoilant DRS 360. Une incursion sur le marché des véhicules autonomes de la filiale passée dans le giron de Siemens pour 4,5 milliards de dollars, dont 25% des revenus proviennent de l'automobile.
Mentor vise les niveaux supérieurs d'automatisation de la conduite, notamment le SAE 5, celui des robots-taxis. Pour ce faire, la plateforme basée sur Linux fait appel aux compétences de Xilinx et de son outil Zynq. DRS 360 joue alors le rôle d'intelligence centrale à bord des véhicules, qui condense l'ensemble de leurs données des capteurs et caméras afin d'aider le logiciel de conduite à prendre des décisions en connaissance de cause.
La logique de Mentor se démarque sur un point crucial par rapport aux solutions concurrentes déjà connues. DRS 360 centralise le traitement, quand les autres plateformes laissent aux capteurs cette mission d'interprétation du monde avant transmission des informations. Jean-Marie Saint-Paul, le directeur général de Mentor France, explique que cette approche peut répondre aux nouvelles problématiques des ingénieurs. "Les capteurs-calculateurs ont atteint leur limite, avance-t-il, la centralisation des données brutes vers une intelligence embarquée diminue la perte d'informations. On réduit aussi les coûts et la consommation énergétique", argue le directeur.
Forcé de repenser les capteurs
La consommation énergétique et la gestion thermique, deux paramètres qui rentrent de plus en plus en ligne de compte, au fur et à mesure que les ingénieurs progressent dans la conception d'un véhicule autonome. "Nous avons testé plusieurs solutions en laboratoire et, à titre d'exemple, la plateforme matérielle de Nvidia a tendance à chauffer lorsque le volume de calcul augmente", nous expliquait-on récemment chez un constructeur. Chez Mentor, on se dit conscient de cet enjeu. "Il nous faut réduire la température et trouver des solutions pour dissiper la chaleur", projette Jean-Marie Saint-Paul, qui se remémore comment les logiciels d'anciennement Mentor Graphics ont permis, il y a quelques années, de gérer les effets de condensation dans les blocs optiques en plastique.
DRS 360 va être proposé aux constructeurs et aux équipementiers, notamment français. "Les OEM veulent reprendre la main sur l'électronique, contextualise Jean-Marie Saint-Paul à titre d'argument. Nous leur apportons cette opportunité." Le fait d'appartenir à la galaxie Siemens aidera à ouvrir des portes, mais pour se donner plus de crédit sur le segment, Mentor part en quête de partenariats. Ils seront impératifs, car DRS 360 impose que les calculateurs soient conçus à contre-courant de la tendance mondiale, c’est-à-dire en déléguant une partie de leur valeur ajoutée technologique à la plateforme. Toutefois, soustraire la fonction de calculateur permettra aux capteurs de réduire les coûts. Mentor viendrait-il de créer un nouveau dilemme industriel ?