VO : Une année noire pour les enchères
...leur plus mauvaise année. Raisons d'une chute annoncée.
Tout secteur connaît à un moment ou un autre une période de flottement. C'est le tour des SVV, les salles de ventes volontaires spécialisées dans le VO. Amorcé en 2005, et renforcé en fin d'année par la fermeture du marché algérien, le ralentissement va se confirmer en 2006. La profession n'est pas encore menacée, loin de là, mais l'activité a sensiblement perdu de sa superbe. En 2004, en pleine expansion, le secteur connaissait une progression de 21 %. En 2005, l'activité de ventes aux enchères de véhicules d'occasions a continué de progresser mais sur un rythme déjà beaucoup moins soutenu (+ 6,8 %). Pour 2006, les prévisions de Christophe Eoche-Duval, secrétaire général du Conseil des Ventes, n'incite guère à l'optimisme : "L'activité devrait subir une baisse de 15 % à 30 % ". Et d'expliquer : "Nous analysons avec attention la situation d'aujourd'hui. Nous percevions déjà en 2005 qu'il allait se produire quelque chose. La fermeture du marché du Maghreb a été un coup dur et n'a pas été compensée par d'autres marchés. Il y a aussi des éléments conjoncturels et structurels qui font que le marché ne va pas. Le marché du VO est fragile, la rentabilité des sociétés de ventes plus difficile. Elles sont dans la main des grands comptes. S'ils éternuent, les salles de ventes éternuent aussi."
Les loueurs longue durée délaissent-ils le canal enchères ?
Depuis deux mois le constat est inquiétant : les salles de ventes manquent de produits à mettre aux enchères. Avec comme conséquence directe une baisse très nette de leur activité. Les loueurs longue durée sont en quelque sorte le robinet qui fait vivre les salles de ventes automobiles. En début d'année 2006, le robinet était grand ouvert, mais depuis presque deux mois on ne voit plus que des gouttes d'eau. Les salles de ventes ne peuvent faire autrement que d'assister, impuissantes, aux orientations et décisions des loueurs longue durée. Légitimement, les commissaires-priseurs et autres dirigeants s'inquiètent de ce revirement de situation. "Nous ne sommes que des mandataires et nous sommes donc soumis aux bons vouloirs des loueurs longue durée. Il est dommage que nous ne puissions pas réguler davantage nos flux", déplore Alexis Duhamel, commissaire-priseur à Nord Enchères Sarl. Même son de cloche chez Jean-Claude Anaf, commissaire-priseur chez Anaf Auto Auction : "Nous sommes très concurrencés par les ventes à l'amiable aux marchands et aux particuliers, par les ventes en ligne que les grands comptes ont eux-mêmes créés. De plus en plus ils ont tendance à traiter eux-mêmes leur flux. Du coup nous devons nous contenter des queues de stock, ce qu'ils n'arrivent pas à vendre. Nous manquons de véhicules sexy qui fassent venir les gens." Pour les loueurs, c'est tout bêtement une question de rentabilité : "Nous réalisons nos meilleures marges sur les particuliers, des marges correctes chez les garagistes et nous faisons nos moins bonnes marges aux enchères, et de très loin. Depuis septembre 2005, ils ont sabré leurs prix. Nous essayons donc de diminuer le volume de véhicules en salles", confie Jérôme Martin, P-dg de Parcours. Vues sous cet angle-là, les salles de ventes ne peuvent pas lutter.
Les enchères : un canal incontournable
Derrière ces apparences pour le moins défavorables, les enchères automobiles ont encore un argument qui plaide largement en leur faveur et que les loueurs ne peuvent d'ailleurs réfuter : la rapidité. Jérôme Martin en convient : "Le seul avantage des salles de ventes c'est qu'ils vendent vite". Conséquence de quoi : les loueurs ne peuvent se couper du canal enchère. S'il est parfaitement clair que leur stratégie est d'intensifier la vente à particuliers via Internet, les filiales à l'étranger et leurs agences aux quatre coins de la France, les salles de ventes restent incontournables pour écouler vite et en quantité. "Ce n'est pas un secret, les résultats aux enchères sont assez décevants. Mais nous devons impérativement rester multicanaux. L'enchère est un complément indispensable à la vente aux marchands, à l'exportation et aux particuliers. Seulement aujourd'hui, nous sommes de plus en plus sélectifs sur nos canaux et sur les performances des salles de ventes. Chaque commissaire-priseur a sa stratégie. Certaines s'avèrent payantes, d'autres le sont moins", juge Christophe Delivet, responsable service fin de contrat chez Arval. Les fluctuations et les aléas du marché ne permettent pas pour le moment de percevoir un retour en grâce de l'activité. Depuis un peu plus d'un an maintenant, les choses vont dans le mauvais sens mais peuvent également très vite tourner. Pour sa part, Jean-Claude Anaf estime "qu'il faut entrevoir un nouveau mode de travail à cause des ventes en ligne et éliminer les gens qui pipent le marché et qui ne suivent pas les règles. 2007 sera une année de remise en question".
B.L.
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