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Distribution

“Une croissance externe d’importance à venir en 2016…”

Publié le 24 juin 2015

Par Tanguy Merrien
6 min de lecture
Le groupe Schumacher n’a eu cesse ces derniers mois de se réorganiser, d’adapter ses structures aux nouvelles donnes du marché et en particulier celles de la région parisienne. Portant un regard attentif sur la distribution automobile actuelle, Edouard Schumacher, son affable et avisé dirigeant, se dit prêt à franchir de nouveaux paliers.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. L’année 2014 marque une nouvelle étape pour le groupe Schumacher avec plusieurs développements, pouvez-vous revenir sur ceux-ci ?

EDOUARD SCHUMACHER. Bizarrement et paradoxalement, l’exercice 2014 n’a pas été de tout repos car il représente aussi l’aboutissement de trois années consécutives de développement et de rénovation de nos affaires parisiennes. Ainsi, dès le 2 janvier, nous ouvrions notre premier site à Nanterre Sud distribuant conjointement les marques du groupe Fiat d’un côté et celles du groupe Renault de l’autre. Une première dans ce domaine dont nous sommes très fiers et qui a été saluée aussi par les constructeurs des deux groupes. Par la suite, à Rueil-Malmaison, après le transfert des affaires Renault à Nanterre, des travaux ont démarré afin d’accueillir les marques Volkswagen, Seat et Skoda, pendant que nous fermions le site d’Asnières et que nous transférions simultanément les activités VW du Vésinet au site de Rueil, qui accueille en son sein les trois marques du groupe VW. Là encore, il a fallu repenser l’espace pour respecter l’univers de chacune des marques. Un peu plus tard, nous avons aussi fait l’acquisition de la concession Renault de Conflans-Sainte-Honorine (78), quand en octobre nous avons réaménagé le site du Vésinet pour y accueillir la marque Maserati. Beaucoup de modifications puisque nos effectifs ont aussi évolué, sans parler de certains changements structurels, de réorganisation avec aussi la création de cellules Fleet.

JA. Quels sont les points forts du groupe et, a contrario, les négatifs aujourd’hui ?

ES. Il y a beaucoup d’effets positifs, à commencer par les livraisons et le niveau des commandes de l’activité VN et VO. Ainsi, malgré tous les changements et réorganisations, nous avons pu bénéficier du redressement du marché avec des volumes à la hausse. Ainsi, entre janvier et mars, nos commandes sont supérieures de 1 200 unités, et c’est principalement dû à la stabilisation du périmètre. Au sujet des points négatifs, je dirais que tous ces changements ne sont pas simples à gérer et demandent une extrême vigilance quant à notre organisation.

JA. Tous ces investissements sont-ils quantifiables et vont-ils rapidement générer de la croissance ?

ES. Au global, je dirais que nous avons dû consentir un investissement de l’ordre de 3 millions d’euros. Une somme qui correspond à la partie visible de l’iceberg. Ainsi, et comme je l’expliquais, nos prises de commandes ont rapidement augmenté même si elles sont arrivées plus vite que je ne le pensais. Si nos activités VN et VO semblent en bénéficier, je reste plus circonspect quant à l’après-vente car cette activité est structurellement en baisse.

JA. Comment dirige-t-on un groupe d’une telle taille, présent à la fois en région parisienne et en Bretagne - Normandie ?

ES. Historiquement, notre plaque Bretagne-Normandie est très autonome avec des équipes habituées à travailler hors de l’œil du cyclone quand l’activité reste à 85 %, ne l’oublions pas, en région parisienne. Sur cette dernière, il existe d’autres enjeux comme le coût de l’exploitation du mètre carré, la concurrence de l’activité Fleet, l’existence de carrosseries en zones urbaines ou encore le choix de se passer, ou non, d’une activité occasion. Le modèle économique en région parisienne est réellement atypique et différent de celui d’un groupe ou d’une plaque en province. Je peux en outre compter sur l’appui de l’un de mes “grognards”, qui, après avoir longtemps travaillé à mes côtés, a rejoint la plaque bretonne et connaît tous les enjeux du groupe ici et là-bas, ce qui permet d’équilibrer le groupe et de gagner du temps aussi sur les enjeux parisiens.

JA. Vous évoquiez la difficulté du commerce du VO en région parisienne : vous écoulez justement 2,5 fois plus de VN que de VO. Comment expliquez une telle différence ?

ES. La principale raison est l’effet distorsion entreprise. Sur le secteur historique du groupe, celui de La Défense, nous faisons face au plus grand quartier européen en termes de surface de bureau, où tous les loueurs sont présents sur un périmètre vraiment concentré. Plus que jamais le BtoB y a sa place. Ainsi, nous faisons face à un poids entreprises démesuré par rapport aux concessions traditionnelles. La part VN de certaines marques sur ce secteur pèse près de 90 % du CA, sans oublier que le prix du mètre carré extrêmement élevé empêche aussi de développer des surfaces dédiées au VO, activité très atomisée en région parisienne au profit souvent du véhicule neuf.

JA. Le groupe a repris le panneau Maserati au Vésinet (78), en région parisienne. Pourquoi cette marque ? Doit-on s’attendre à un développement du groupe vers les marques de luxe ?

ES. Cela ne répond pas forcément à une stratégie dédiée à la distribution des marques de luxe. Historiquement, le groupe Schumacher a toujours été un opérateur tourné vers les marques généralistes. En fait, c’est plus simple que cela : nous restons attachés à notre zone d’implantation historique pour des raisons géographiques, de présence sur sites, de rapidité, d’organisation et de maîtrise de périmètres… C’est pourquoi nous souhaitons et préférons nous développer avec les groupes de marques actuelles et si jamais ces groupes de marques nous proposent une marque supplémentaire, alors nous la saisissons. Le choix de Maserati s’est inscrit dans cette stratégie car elle appartient au groupe Fiat que nous représentons depuis de nombreuses années. En outre, notre site du Vésinet est un écrin, et son environnement représentait autant d’atouts pour que Maserati y soit implantée.

JA. A quand une marque Premium à volumes au sein du groupe Schumacher ?

ES. Il n’y a pas d’opportunités sur ma zone de chalandise, donc ne forçons pas les choses. C’est vrai que je représente Volkswagen aujourd’hui et que la question pourrait se poser pour Audi. Quant à BMW et Mercedes, les distributeurs ne manquent pas pour représenter ces marques dans l’Ouest parisien. Cela dit, si je ne possède pas de véritables marques Premium, certaines de mon portefeuille possèdent aujourd’hui des produits de ce calibre, à l’image de l’Espace chez Renault, de Jeep également, en attendant le retour au premier plan d’Alfa Romeo.

JA. Quels chantiers pour le groupe à court et moyen termes ?

ES. Vous l’aurez compris, je suis toujours à la recherche d’opportunités concernant la croissance externe du groupe. Mais je n’en dirais pas plus pour l’instant. Nous avons réalisé 13 200 VN en 2014, nous devrions dépasser les 15 000 unités cette année sauf accident ou effondrement du marché et, si tout va bien, en 2016, nous pourrions voir se réaliser une nouvelle opération de croissance externe importante.

 

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