S'abonner
Distribution

Sémaphore Conseil décrypte les argumentaires commerciaux

Publié le 25 novembre 2011

Par Armindo Dias
7 min de lecture
Le monde de la publicité n'a pas le monopole de la créativité. Cette dernière est aussi très présente dans le secteur du financement. En effet, si les taux sont toujours très présents sur les supports de communication des financières, d'autres types d'arguments sont aussi utilisés, selon la société de conseil, d'études et de veille Sémaphore Conseil. Décryptage d'un phénomène peut-être appelé à prendre de l'ampleur dans les prochains mois. Loi Lagarde ou pas !
Belén Archilla, chargée d'études et de veille chez Sémaphore Conseil.

Les professionnels du financement ne se distinguent pas uniquement par leurs statuts et composantes capitalistiques. Ils ont aussi des approches différentes en matière d'argumentaires commerciaux, et ce, indépendamment de l'entrée en vigueur de la loi Lagarde. "La réforme du crédit à la consommation a eu surtout un impact sur la structure des offres, explique Belén Archilla, chargée d'études et de veille chez Sémaphore Conseil. Les acteurs ont pris en compte les nouvelles règles applicables au crédit à la consommation pour ensuite modifier leurs offres en fonction de celles-ci. Les plafonds d’emprunt ont par exemple été revus à la hausse, la loi s’appliquant désormais à des montants allant jusqu’à 75 000 euros. Cela étant dit, on remarque aussi des ajustements dans les montants et durées minimum, qui curieusement rendent difficile, voire impossible, le choix d’une solution en amortissable, le renouvelable s’avérant parfois être la seule alternative proposée par l’acteur." A l'opposé, donc, de l'un des principaux objectifs de la loi Lagarde ! Les modes de fonctionnement des uns et des autres n'en restent pas moins différents.  Les établissements spécialisés privilégient ainsi les offres très agressives. "Elles affichent le plus souvent des TAEG autour de 2 % sur des durées d'emprunt de 12 mois", confirme la chargée d'études et de veille de Sémaphore Conseil. Les montants empruntés peuvent osciller quant à eux dans une fourchette allant de 5 000 à 50 000 euros. Autant dire, donc, que ces offres sont difficilement supportables par les plupart des consommateurs dans la mesure où, sur de courtes périodes, des montants élevés d'emprunt donnent aussi lieu à des montants élevés de mensualités. "Il s'agit pour l'essentiel de produits d'appel", analyse très logiquement Belén Archilla.

Les banques aussi sont agressives

Qu'en est-il du côté des banques ? Ici, les taux qui apparaissent le plus souvent sur les supports de communication sont de 4 ou de 5 % et les durées d'emprunt peuvent aller jusqu'à 60 mois (36 mois, en moyenne)."Ces offres ont notamment été déployées chez des établissements tels que BNP Paribas, La Banque Postale et LCL", souligne Belén Archilla. A ses yeux, elles répondent aussi un peu mieux aux vrais besoins et réelles capacités de remboursement des consommateurs. Cela ne veut pas dire pour autant que les établissements spécialisés leur laissent le champ libre. Pour preuve : une offre de crédit récente de Cetelem affichait un TAEG de 4,8 % pour un montant emprunté de 10 000 à 15 000 euros jusqu'à 48 mois. A l'inverse, certaines banques communiquent aussi parfois sur des offres très agressives, à l'instar de celle mise en place récemment par la Société Générale avec un TAEG de 2,15 % sur 12 mois pour un montant emprunté pouvant aller jusqu'à 50 000 euros. Un taux qui ne doit pas faire rougir les captives et les financières indépendantes présentes dans les réseaux de distribution automobile. Les taux bas, voire nuls, sont tout sauf rares en concessions, d'après Sémaphore Conseil. De très nombreuses financières y ont même eu recours ces derniers mois, la société d'études et de veille incluant parmi ces acteurs les plus actifs les entités Volkswagen Bank, Ford Crédit et Cetelem.

De nombreux reports de paiement

"Viaxel a, par exemple, mis en place une offre avec un TAEG de 0 % sur la Kia Rio, se joignant ainsi à Volkswagen Bank et Ford Crédit", illustre Belén Archilla. Les taux ne sont pourtant pas les seuls arguments utilisés. "Les reports de paiement ont été mis en avant dans quelques offres récentes", confirme la chargée d'études et de veille de Sémaphore Conseil. Credipar a mis cet argumentaire en avant cet été à l'occasion d'une opération dénommée "Happy Family Days" et FGA Capital il y a peu au travers d'une offre baptisée "Avec Fiat, partez sans payer" (ces opérations permettaient toutes deux de bénéficier d'un report de paiement de 90 jours). Cetelem a pour sa part déployé une offre qui avait pour base line "Réalisez vos projets maintenant et commencez à payer en 2012". Dans un autre registre, Volkswagen Bank a fait preuve d'une grande originalité en utilisant des modes de communication hors norme, à l'instar d'une offre de financement pour un véhicule Skoda qui mettait en avant un coût de 5 € par jour et non le TAEG. "Du coté des professionnels, cette même captive a communiqué sur un taux et non un loyer, avec une offre de crédit-bail portant sur le Crafter", conclut Belén Archilla. C'est sûr. L'imagination est aussi monnaie courante dans le secteur du financement. Loi Lagarde ou pas !
 

CHIFFRES CLES :

34 456

D'après une enquête de la Banque de France, c'est en euros le niveau d'endettement moyen des dossiers reçus et déclarés recevables en commissions de surendettement en 2010. Les dettes bancaires sont présentes dans les dossiers à 95 %, le crédit à la consommation à 91 %, le crédit renouvelable à 82 % et les dettes de charges courantes à 76 %. Les surendettés sont sans emploi à 50 %, vivent seuls à 66 % et affichent des revenus inférieurs ou égaux au Smic à 54 % (44,6 % en 2004 et 42,2 % en 2001).

57 %

Il s'agit du pourcentage de dirigeants de la communauté Oseo Excellence qui déclarent que leur premier objectif de développement à l'export est l'Europe, d'après un sondage mené par Ubifrance, l'Agence française pour le développement international des entreprises et l'Institut français des relations internationales. Le Vieux Continent précède l'Asie (28 %), l'Amérique du Nord (26 %), l'Amérique du Sud (23 %) et l'Afrique du Nord (16 %). L'accompagnement fait par ailleurs partie de leurs besoins prioritaires en matière de conquête de nouveaux marchés, notamment en matière de financement. Un autre sondage révèle qu'ils sont 43 % à continuer à investir malgré la conjoncture. Les autres ont soit reportés leurs investissements par manque de visibilité (32 %), soit annulés faute de suivi de la part de leurs partenaires bancaires (18 %).

7 000

C'est le nombre minimum d'acteurs économiques locaux accompagnés par la banque Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, la nouvelle dénomination de la Banque Commerciale pour le Marché de l'Entreprise ou BCME. Cette filiale du groupe mutualiste Crédit Mutuel Arkéa est dédiée aux entreprises, promoteurs immobiliers ainsi qu'aux acteurs publics locaux et institutionnels, et elle dispose de 19 centres d'affaires en France.

2,9 %

Selon des données publiées récemment par la Banque de France, le rythme de progression sur un an des crédits accordés aux PME indépendantes et aux micro-entreprises est passé de + 4,4 % à la fin août à + 2,9 % à la fin septembre. Celui des PME de groupe est passé de + 7,8 % à + 8,5 %. Du côté des grandes entreprises, qui s'appuient traditionnellement beaucoup moins sur le crédit bancaire que les PME, le rythme de hausse est monté de 3,3 % en septembre, contre 1,9 % en août.

22 %

D'après une étude effectuée par le cabinet de conseil ADN'co pour le compte de la plateforme de paiement online Limonetik, ce sera la part des moyens de paiement alternatifs dans les transactions Web en Europe en 2015. Les règlements réalisés avec des porte-monnaie électroniques, des points de fidélité ou des cartes prépayées atteindront à cette date les 68,7 milliards d'euros (13,8 milliards d'euros en France).

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle