Plus de 300 000 euros d’investissement sur deux ans
...la distribution automobile. Rencontre.
Julien Daumont. Nous n'avons pas souhaité reprendre les affaires Nissan sur le 94 pour des raisons stratégiques. Nous souhaitions constituer une plaque géographique Renault sur le Val-de-Marne.
JA. Renault, en pleine mutation, s'est-il révélé un partenaire exigeant ?
JD. Dans le cadre de ce type de reprise, Renault nous a accompagné. Ensemble nous nous sommes fixés 2 ans pour redresser le groupe. Nous tablons sur une croissance des volumes et a priori, nous devrions réussir puisque sur la plaque, nous sommes à plus de 30 % de progression.
JA. Quels ont été les premiers chantiers ?
JD. Un travail sur les coûts : une quinzaine de départs à la retraite n'ont pas été remplacés. Puis nous avons réorganisé les process en centralisant sur le site de Chennevières le back-office VN, VO et pièces détachées. Il a fallu aussi revoir la synergie avec une gestion transversale du management.
JA. Quels sont vos autres projets pour relancer la machine ?
JD. Nous avons un grand showroom à Chennevières, nous allons donc le scinder en deux pour loger la marque Dacia. Il y aura une entrée séparée, une identité de marque Dacia, mais il n'est pas prévu de Dacia Box. Il en sera de même sur notre site d'Evry, dans l'Essonne, où Dacia occupera la moitié du hall de 700 m2. Les travaux sont prévus pour 2009. En ce qui concerne Renault, nous travaillons à rénover toute la signalétique, soit environ 150 000 à 200 000 euros d'investissement. Le magasin des pièces détachées a aussi été modifié pour une optimisation des flux. Au total, nous prévoyons plus de 300 000 euros d'investissement sur deux ans. Une somme qui vient s'ajouter à la recapitalisation des affaires.
JA. Y a-t-il un réel potentiel pour Dacia en région parisienne ?
JD. On a fait des business plans pour une Dacia Box et il serait difficile de la rentabiliser en région parisienne. D'où notre choix. Je pense que Dacia doit être aussi pensée comme une marque low-cost : il faut minimiser les dépenses nécessaires à sa commercialisation pour rentabiliser au maximum le mètre carré, d'autant que le parc ne permet pas encore de faire vivre l'atelier et que la marge reste faible. Notre contrat court sur 184 unités sur trois sites et s'accorde donc mieux avec une stratégie de démarcation des halls.
JA. Comment profitez-vous de la mutation engendrée par la mise en place de l'écotaxe ?
JD. Cela se traduit par une explosion des ventes de petits modèles économes, mais toutefois, chez Renault, il est difficile de dire si cela est dû à l'écotaxe ou à la sortie de nouveaux modèles. La gamme s'enrichit tous les deux mois et le bonus a un effet dynamisant sur les ventes, d'ailleurs mes voisins Peugeot, Citroën et Volkswagen explosent aussi sans avoir un taux de renouvellement comparable au nôtre.
JA. Pensez-vous qu'il s'agisse là d'une mesure protectionniste ?
JD. Faire des réformes, c'est bien, mais cela crée toujours une période d'adaptation pour une entreprise. Il nous faut travailler deux fois plus. Certes, dans le cas présent, nous n'avons pas à nous plaindre, mais cependant nous espérons que ces aménagements s'inscriront dans la durée. Les "Juppettes" et les "Balladurettes" ont été votées et puis ont été modifiées au fil de l'eau jusqu'à disparaître, ce qui est inutile au final car cela casse le marché. D'ailleurs le VO en souffre.
JA. Comment voyez-vous le marché à trois ans ?
JD. On se demande si l'explosion des volumes d'aujourd'hui est liée à de l'anticipation ou à un réel progrès du marché. Nous n'avons pas une bonne visibilité. Les résultats actuels sont plaisants, mais nous ne savons pas s'ils tiendront jusqu'à la fin de l'année. Il y aura un retournement, reste à savoir quand. En attendant, le plan produits de Renault nous permettra sans doute de compenser un hypothétique recul par des prises de PDM. Nous avons là une bonne carte à jouer.
JA. Entre nouveaux canaux, nouveaux acteurs et nouvelles technologies, comment vous placez-vous ?
JD. Nous réalisons déjà une grosse partie de nos ventes de véhicules d'occasion sur Internet. Nous allons poursuivre dans cette voie. Le groupe Julien Daumont n'a pas de site en propre, nous préférons nous appuyer sur le site constructeur car le ticket d'entrée au référencement coûte trop cher si l'on opère seul. Ceux qui, par le passé, avaient trouvé leur place sur les moteurs de recherche vont être progressivement marginalisés face à ce qu'investissent de gros acteurs tel Caradisiac. L'Internet remontant, les frais devraient même exploser.
JA. Vous possédez un showroom VO, quel en est le bénéfice ?
JD. C'est un plus, c'est clair. Après, je ne suis pas sûr que l'investissement ait été très rentable pour le groupe Girardin : les volumes ne se sont pas envolés à l'époque. Mais pour moi, repreneur, ce hall me permet de vendre plus de haut de gamme que mes collègues du réseau grâce à la mise en valeur du produit. L'inconvénient reste que, de l'extérieur, le client ne se rend pas compte de l'étendue du choix, il est donc important de le coupler avec une exposition extérieure.
JA. Des marques montantes ont des projets d'open points dans la zone, avec qui seriez-vous prêt à vous engager ?
JD. Nous recherchons un développement rentable et sommes par conséquent ouverts à toutes propositions dans ce sens. Nous tenons toutefois à garder l'identité de chaque marque et un relationnel fort, il est donc hors de question de les réunir sous un même toit. J'ai été contacté par un constructeur asiatique, mais rien n'a encore abouti. Chez Renault, il y aura aussi des opportunités naturelles dans les années à venir, entre départ à la retraite et cession d'affaires.
CURRICULUM VITAEAu sortir d'une école de commerce, Julien Daumont a œuvré 5 ans dans le domaine de la stratégie. Il entre au sein de l'affaire familiale de Corbeil-Essonnes en prenant la direction de la plaque, puis la présidence. En 2007, il insuffle un nouvel élan au groupe en rachetant trois affaires Renault au groupe Girardin. |