"Nous préparons l’avenir avec Carmen Auction"

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Comment jugez-vous la performance et les résultats d’Anaf Auto Auction depuis janvier ?
CHRISTOPHE CHEVEU D’OR. Nous faisons une bonne année 2012, symbolisée par une progression de 5 % de notre chiffre d’affaires à fin septembre, sur un marché qui se tend depuis mai. Notre croissance est tirée par la hausse des ventes en direct, la semaine, et les ventes pures sur Internet le week-end. Nous récoltons aussi les fruits de notre diversification, amorcée en janvier, sur les véhicules industriels et de travaux publics. Nous avons réussi à institutionnaliser une vente par mois sur le site Renault Trucks de Villefranche-sur-Saône, du groupe Bernard. Nous avons acquis une vraie compétence dans ce domaine.

JA. Les tendances du marché ces derniers mois présagent-elles d’une fin d’année positive ?
CCO. Nous avons souffert en mai du choc psychologique lié aux élections et pâti des nombreux jours de congés. Nous ne sommes pas non plus épargnés par la crise même si nous sommes moins touchés que les distributeurs classiques. L’activité semble être repartie depuis la mi-septembre avec des taux de ventes corrects. Avec un volume de 300 VO proposés chaque semaine, nous ne pouvons pas parler de pénurie. Mais plus que les volumes, notre préoccupation première est d’assurer un plateau équilibré et varié, composé de VUL, de produits carrossés et de VP récents.

JA. A quel niveau devrait se situer Anaf Auto Auction en 2012 ?
CCO. A fin septembre, nous avons atteint un montant d’adjudication de 31 millions d’euros et nous visons les 40 millions en 2012, soit une progression d’environ 2,5 % par rapport à 2011. Le centre de Lyon est en pleine charge avec un volume annuel de ventes de 7 000 véhicules. Le développement passera par une spécialisation sur certains secteurs en délocalisant les ventes sur les sites du groupe Bernard.

JA. La loi interdit toujours à un groupe de distribution de vendre ses produits au sein de sa société de ventes aux enchères. Cette situation est-elle préjudiciable pour le groupe Bernard ?
CCO. Effectivement, le groupe Bernard n’a le droit ni de vendre ni d’acheter des véhicules d’occasion chez Anaf Auto Auction. Nous sommes très contrôlés par le Conseil des ventes sur ce sujet. Si la loi le permettait, ce serait une bonne chose. Mais, dans les faits, ce n’est pas forcément préjudiciable et nous ne le ressentons pas comme un manque.

JA. Lors de notre dernier entretien, vous aviez évoqué un éventuel rapprochement avec d’autres SVV. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
CCO. Les discussions menées avec ces autres sociétés ont été suspendues suite à l’arrivée dans le capital du groupe Alcopa, au printemps. La croissance externe d’Anaf Auto Auction n’est plus à l’ordre du jour. En effet, si rapprochements et croissance il devait y avoir, cela se concrétiserait via l’entité Carmen Auction, avec à l’intérieur Anaf Auto Auction. Aujourd’hui, nous sommes des “concurrents amis” et je doute que cette situation puisse perdurer encore longtemps.

JA. Justement, avez-vous entamé le développement de synergies avec les sociétés du groupe Alcopa ?
CCO. Nous avons discuté cet été avec les dirigeants de Carmen Auction pour comprendre la façon dont chacune des entités travaillait et appréhender nos organisations et nos politiques respectives. Il s’avère que nous sommes très complémentaires : Carmen Auction est plutôt positionnée sur les VO issus de la LLD tandis que notre offre émane davantage des organismes de crédit. Nous préparons l’avenir avec le groupe Alcopa et nous allons nous revoir pour déterminer la mise en commun de nos méthodes.

JA. Pensez-vous que la percée du groupe Alcopa puisse faire des émules au sein des groupes de distribution ?
CCO. Il n’est pas impossible que certains groupes de distribution aient des velléités, même si je doute que le marché soit encore très ouvert à de nouveaux entrants aujourd’hui. En effet, les groupes Bernard et Alcopa sont désormais solidement implantés et les commissaires-priseurs historiques n’ont pas dit leur dernier mot. De plus, on ne gère pas une plaque de SVV comme un pôle automobile de plusieurs marques.