Le Village Automobile des irréductibles
A la frontière du Rhône et de l’Isère, entre Lyon et Saint-Etienne, enserrée par les Monts du Lyonnais et la vallée du Rhône, la ville de Givors (69) se situe sur un point névralgique qui assure la communication des régions du Velay et du Forez avec le Dauphiné et le sud de Lyon. Position matérialisée par le croisement de trois axes autoroutiers importants (A47, A7 et A46). Ainsi, la ville, qui recense 20 000 habitants, se trouve-t-elle à un carrefour stratégique, qui est également le nom de l’enseigne qui domine le vaste centre commercial installé à quelques centaines de mètres du Village Automobile. Ce qui n’est pas si anodin si l’on considère que cette zone rassemble entre 18 000 et 22 000 personnes le samedi, soit plus que la ville. Sans elle, le projet n’aurait peut-être jamais vu le jour. Dans ce contexte géographique bénéfique, le Pôle Automobile de Givors tire toute sa légitimité et son bien-fondé. Erigé sur le site d’une ancienne verrerie, dont seule subsiste une vieille cheminée, témoin des racines industrielles de la ville, le projet aux arguments économiques évidents n’aura pourtant pas été un long fleuve tranquille. “Nous avons subi des retards liés la destruction des anciens bâtiments et à la dépollution du site, qui a nécessité le compactage du terrain, et au blocage à deux reprises du permis de construire par un opposant du maire actuel”, rappelle Jacques Rolland, président-directeur général du groupe Magris et moteur de ce projet qu’il a pris à bras-le-corps au côté du maire PCF Martial Passi. “Un homme qui œuvre beaucoup en faveur de l’emploi dans la ville et qui s’est énormément investi dans ce projet, n’hésitant pas à aller contre l’avis du conseil municipal”, précise Jacques Rolland.
Déjà 80 % de nouveaux clients
Six ans après le début des réflexions, trois ans après la pose de la première pierre, le Pôle Automobile de Givors a enfin accouché de sa première concession en 2011. Avec un peu de retard. Jacques Rolland a inauguré le 4 avril dernier son affaire Ford et Mazda au cœur du village. Six ans d’effort pour imposer le projet, mais également 2 millions d’euros d’investissement pour le groupe Magris. “Mais cela en valait la peine”, lance Jacques Rolland. Implanté pendant vingt ans le long de l’Autoroute du Sud (A7), emplacement particulièrement visible mais mal desservi, la concession Ford/Mazda jouit désormais d’une exposition privilégiée à l’entrée du pôle. Les résultats ne se sont d’ailleurs pas fait attendre. En seulement quelques mois d’activité, Jacques Rolland estime avoir déjà convaincu 80 % de nouveaux clients en après-vente, alors même que le groupe n’a pas lancé son plan de communication. “Nous touchons le département de la Loire (42), les gens de Vienne (38) et de la périphérie lyonnaise”, explique le dirigeant. En plus de la présence du centre commercial, le potentiel du pôle est assuré par la proximité de la gare, très fréquentée par les habitants qui se rendent à Lyon. Les entrepreneurs attendent également une réponse du Grand Lyon quant à l’agrandissement du supermarché, qui pourrait dès lors déménager et s’implanter de l’autre côté du rond-point qui ouvre la zone automobile. Les perspectives sont relativement positives.
Collectivisme économique payant
Début juin, la concession Fiat/Lancia du groupe Fahy a été la deuxième à ouvrir ses portes, suivie début juillet du Centre Occasion. Citroën prendra ses quartiers au sein du village au second semestre 2011, tandis que les concessions Peugeot et Renault sortiront de terre en 2012. Le potentiel commercial est estimé à 4 000 véhicules neufs et 1 200 d’occasion. “Nous nous sommes inspirés du pôle bâti à Chambéry par Jean Lain, qui nous a conseillés et donné les plans de son projet. Nous sommes partis sur le même principe, à la seule différence qu’il s’agit ici de six investisseurs différents”, souligne Jacques Rolland. La différence est notable. A l’instar des coopérations industrielles entre les constructeurs, le projet de Givors est venu rappeler que concurrence n’est pas incompatible avec unions intelligentes. Ce qui dénote particulièrement dans un paysage automobile fortement rythmé par les politiques de remises et la course aux volumes. “Nous sommes des petits entrepreneurs dispersés sur un secteur économique difficile. Nous avions deux options : fermer boutique ou au contraire trouver une solution commune. Nous avons réussi à mettre ce projet sur les rails parce que nous nous connaissons depuis vingt ans et que notre entente est bonne”, développe Jacques Rolland.
Les six investisseurs se sont réunis au sein d’une association de syndicat libre (ASL) visant à déterminer, avant même le début des travaux, les règles et principes encadrant le déploiement et la gestion du village. L’interdiction d’exposer des VO au sein des concessions, la mise en commun de l’activité occasion, la construction de standards architecturaux identiques, deux carrossiers et un contrôle technique pour tous les sites, sont autant de décisions qui ont été adoptées par les groupes au sein de cette association. En plus de conférer au lieu un cadre cohérent et harmonieux, ce regroupement a surtout pour effet positif de diviser par cinq les investissements. “Nous avons fait appel à un seul architecte, un seul maître d’œuvre et une seule entreprise pour les travaux de construction. L’activité de distribution de pièces détachées a été centralisée sur le site Renault”, illustre le dirigeant du groupe Magris. Un cabinet d’assurance ouvrira également ses portes dans quelques semaines pour l’ensemble des affaires.
Une union vertueuse en faveur des ventes et du service
Une approche collectiviste, unique dans le domaine automobile, qui tend vers des objectifs pleins de bon sens : rationalisation, renforcement de la visibilité, des résultats et de la satisfaction de la clientèle. Une initiative qui n’a pas été sans interpeller les constructeurs, généralement peu ouverts au mélange des genres. “Certains constructeurs ont livré quelques commentaires sur l’aspect extérieur des bâtiments qui ne répondent pas véritablement aux standards des marques. Par exemple, Peugeot ne sera pas une BlueBox. Un choix indiscutable qui a été imposé par la mairie. Fatalement, notre organisation interpelle et déroute les constructeurs”, informe Jacques Rolland. L’autre compromis réside également dans l’absence de labels occasion au profit d’une appellation unique : Centre Occasion du Village Automobile de Givors. La communication, qui se fera par le biais de la presse, de la radio ou même du cinéma, sera également groupée.
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ZOOM
Plus de 1 000 VN en 2011 pour le groupe Magris
Le groupe Magris, qui représente les marques Ford et Mazda sur les villes de Givors (69) et de Vienne (38), a représenté en 2010 un volume de 900 VN pour un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros. Un exercice jugé difficile par Jacques Rolland, du fait de la baisse de fréquentation, qui devrait cependant être compensée par la dynamique créée par l’ouverture du nouveau site au sein du village Automobile. “Ford est bien repartie grâce à une gamme renouvelée en VP et en VUL. J’ai plus d’interrogations concernant Mazda, tant sur la gamme que sur la politique menée, puisqu’elle vient de renouveler ses effectifs à 50 %”, confie le dirigeant. Pour 2011, l’entité entend commercialiser plus de 1 000 voitures neuves et 600 véhicules d’occasion. L’an prochain, pour la première année pleine, le groupe Magris envisage de dépasser les 1 200 unités.
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FOCUS
Le Village Automobile de Givors en chiffres
• 3,5 hectares
• 5 concessions
• 8 marques représentées
• 150 employés
• 200 véhicules d’occasion exposés
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