S'abonner
Distribution

Bilan des réseaux : Objectif lean

Publié le 9 avril 2010

Par David Paques
22 min de lecture
En quête de rebond, de nouveau souffle, de croissance ou d'excellence, toutes les marques ont fait preuve d'une même ambition en 2009. Non d'un point de vue commercial, mais organisationnel. Celle de professionnaliser...
...et rationaliser chaque activité de leurs distributeurs pour maintenir la tête des réseaux hors de l'eau. Certains en récoltent déjà les fruits.

Il y a 15 mois, à l'aube d'une année 2009 promise à l'obscurité, experts, devins et chamans lançaient foultitude d'imprécations menaçantes. Les douze mois à venir devaient être terribles pour les distributeurs et leur trésorerie. Rappelons-nous que les réseaux de marque avaient clos 2008 avec des résultats nets réduits de moitié par rapport à l'exercice précédent. La faute à des surstocks chroniques et une activité VO mal maîtrisée, ou simplement mal appréhendée au regard de la conjoncture. Constructeurs et investisseurs n'avaient donc d'autre choix que d'aborder 2009 avec des gros mots plein la bouche pour dissiper d'autres maux. Ceux touchant leur comptabilité. Rigueur, professionnalisation azimutée, rationalisation, lean à tous les étages… Il en allait de la santé des réseaux. Trois mois après la fin de l'exercice, force est de constater qu'avec la cure de désintoxication des stocks, vitaminée par des aides d'Etat d'une efficience commerciale incontestable, accompagnée tantôt par le tutorat professoral des staffs constructeurs, tantôt par le soutien financier des marques, la situation n'est pas si catastrophique que nous pouvions l'imaginer. Car en 2009, s'il est d'abord une chose à retenir, c'est la restauration très nette de la profitabilité des affaires. Renault, Nissan, Peugeot, Citroën, Toyota, Volkswagen, Seat, Skoda… ont tous redressé la barre en 2009, pour retrouver des niveaux de profits un peu plus conventionnels, quoiqu'insuffisants diront les investisseurs. La profitabilité moyenne des réseaux s'est ainsi arrêtée l'an dernier à 0,94 % d'un chiffre d'affaires moyen en baisse d'environ 5 %. Une hausse pas réellement visible, certes, puisque cette moyenne était à 0,8 % l'an dernier, mais qui témoigne surtout d'une homogénéisation des performances financières (conjoncturelles ?). Car, en réalité, les marques qui ont le plus souffert de ce point de vue l'an dernier sont celles qui s'appuyaient jusqu'ici sur un matelas confortable et des ambitions certaines : les premium allemandes. De 1,41 % à 1,15 % pour Audi, de 1,2 % à 1 % pour Mercedes, de 1,45 à 0,76 % pour BMW.

Le témoin le plus symbolique de l'année demeure toutefois la chute du nombre de reprises. Alors que nous avions atteint un niveau inédit l'an dernier avec 230 transactions, ce ne sont que 137 contrats qui ont changé de mains en 2009. Une chute de 40 % du nombre de reprises qui rend surtout compte du climat d'incertitude qui a plané sur l'exercice et de la tendance qu'ont eue les distributeurs à consolider leurs propres affaires plutôt qu'à s'engager dans de grandes actions de croissance externes, sans doute opportunes, mais semble-t-il risquées. Ce qui explique que la saignée constatée en 2008 sur le nombre d'investisseurs (-124 sur un an), se soit ralentie en 2009. Nous ne comptons en effet "que" 69 partenaires de moins qu'à l'issue de l'année précédente.

Nous noterons d'ailleurs que 2009 aura vu, à peu de choses près, autant de créations de concessions qu'un an auparavant (340 en 2009 contre 334 en 2008), mais seulement 182 fermetures de sites, c'est-à-dire 25 % de moins qu'en 2008. Au final, nous comptons 7 280 points de vente en France, dont 5 737 sites primaires, pour 3 190 partenaires. Soit une moyenne de 2,28 sites par investisseur, contre 2,14 à fin 2008. De manière attendue, la concentration des réseaux s'est donc poursuivie l'an dernier.

La loco Renault avance, le TGV Dacia à pleine vitesse

Sans surprise. Voilà la manière dont qualifier l'exercice 2009 pour les distributeurs Renault. Toujours plus concentré, le réseau a été peu troublé l'an dernier et le constructeur a donc vu son maillage poursuivre sa lente évolution, qui voit notamment le nombre de petits partenaires reculer.

Après s'être séparé de la concession de Brignoles en 2008, le groupe Molina (iDM) a de nouveau réduit son portefeuille Renault au cours de l'année dernière, avec la vente, en janvier, des sites de Cavaillon, Châteaurenard et de l'Isle-sur-la-Sorgue au groupe Durant (GMD). Un peu plus tard, c'est le groupe Daumont (Altaïr) qui cessait quant à lui l'activité de ses deux sites Renault de Meudon et de Vélizy-Villacoublay (liquidation judiciaire). Outre quelques légères retouches au niveau des agents, ce sont ici les seuls mouvements d'importance relevés l'an dernier. "La restructuration du réseau est derrière nous. Nous voulons désormais avoir un mix de nos distributeurs assez varié. C'est-à-dire de grands groupes, des opérateurs familiaux, des grands distributeurs monomarques, des grands multimarques… J'aimerai également retrouver un peu plus d'affaires seules, avec des investisseurs qui se lancent dans l'automobile", confiait Bernard Cambier, directeur commercial France de Renault, en cours d'année. Et on comprend aisément pourquoi. Comme de coutume, le réseau de la marque au losange est le plus concentré de France avec une moyenne de 10,67 sites par investisseur. Une moyenne assez stable puisque le constructeur n'affiche qu'un seul investisseur en moins par rapport à l'année précédente. En revanche, la proportion de partenaires à ne posséder qu'un seul site a reculé. Ils étaient 25 l'an dernier contre 33 en 2008. Ces investisseurs "mono-site" ne représentent plus que 7,7 % des sites en France, contre 11,4 % un an plus tôt. Pas vraiment l'évolution souhaitée par Bernard Cambier. Là où, en 2008, 88,7 % des investisseurs possédaient moins de 5 sites, représentant alors 68 % des points de vente, en 2009, c'est 78,7 % des partenaires qui affichaient de 1 à 5 sites, ne représentant plus que 52,6 % des points de vente. Aujourd'hui, 21,3 % des partenaires représentent donc 47,4 % du réseau ! On comprend donc la volonté de la direction commerciale de voir le nombre de petits investisseurs augmenter, et par là, rééquilibrer les rapports de force avec une partie de son réseau.

Côté trésorerie cette fois-ci, la balance tend vers le positif. L'an dernier 84 % du réseau a, en effet, gagné de l'argent, contre 70 % un an auparavant. La rentabilité moyenne du réseau grimpant de 0,52 à 0,84 % d'un chiffre d'affaires moyen lui aussi en légère hausse, puisqu'en croissance de 560 000 euros par affaire. "Favorisons le commerce de nos distributeurs", insistait Jean-Frédéric Piotin, directeur du réseau Renault, en fin d'année 2008. Largement aidé par les aides d'Etat, on peut estimer que la mission est accomplie. Rappelons que Renault a vu ses ventes augmenter de 12,5 % en 2009. Et la marque entend pérenniser l'efficience des collaborateurs du réseau. Dans les showrooms notamment, puisque dans le dernier trimestre, le constructeur a lancé son programme 100 % vente, un vaste plan de formation comportemental pour les 3 500 vendeurs du réseau. C'est un des chantiers de 2010.

Comme 2008, 2009 aura été une année faste pour Dacia. Commercialement parlant bien sûr, mais également en termes de constitution du maillage. Le constructeur nous annonce en effet 163 créations de concessions ou annexes Dacia pour la seule année 2009 ! Ce qui explique les 165 créations qui apparaissent au sujet du constructeur dans notre tableau (Détail des mouvements en 2009). Ce qui porte à 230 le nombre d'affaires dont dispose désormais la marque roumaine pour la représenter en France. Un vrai succès. "Avec Dacia, nous inventons un nouveau business modèle automobile. Les concessionnaires ont des marges beaucoup moins importantes que ce qui se fait ailleurs. Il n'y a pas de rabais sur nos véhicules ; nos points de vente sont très simples ; nous ne faisons que très peu de publicité… et cela fonctionne. En fait, dès que l'on commence à se poser la question de savoir quelle sera la valeur ajoutée d'un investissement pour le client et si celui-ci sera prêt à payer, des arbitrages se font et nous entrons dans une logique de rentabilité", expliquait récemment Bernard Cambier, qui entend encore faire progresser la marque cette année.

Peugeot retrouve le sourire

Exercice positif pour la marque au Lion, avec finalement peu de mouvements et une profitabilité du réseau en nette hausse. Pas de défection à noter, mais quelques cessions d'ordres stratégiques. Pas de quoi troubler la maturité et la tranquillité du réseau. Notons le rachat des sites de Guy Chambily (groupe Soficham) de Vire et de Saint-Lô (50) par François Mary, faisant de ce dernier l'unique opérateur de la marque pour la Basse-Normandie. Notons également la cession des affaires de Contrexéville (88) et Neufchâteau (88) à Christophe Grocolas par le groupe Meny, ou encore le rachat, par le groupe Dubreuil des sites de Fontenay-le-Comte et Luçon (85) à PGA Motors. Le réseau de la marque reste toutefois celui qui comporte le plus de "super distributeurs". En effet, ils sont neuf opérateurs à afficher plus de 10 sites, quand ils ne sont que 6 chez Renault, ou 3 chez Citroën.

Alors qu'à l'issue de l'année 2008 certains pointaient du doigt un traitement de faveur réservé au réseau Citroën au sein du groupe PSA, l'année 2009 semble avoir rééquilibré la balance, ou fait taire les plus mécontents. Avec des immatriculations en hausse de 9,8 % l'an dernier, la marque a logiquement favorisé les affaires de ses distributeurs. Mais c'est surtout en termes de marge que 2009 aura été un bon cru. "Depuis la sortie du 3008, nous allons chercher 500 euros de chiffre d'affaires en plus par véhicule et par mois. Tout cela avec des marges en plus", nous confiait François Mary pour témoigner des bienfaits du plan produits sur la trésorerie des distributeurs. "Le réseau a terminé l'année avec une rentabilité moyenne à hauteur de 1 % du chiffre d'affaires. Un résultat bien meilleur que celui des années précédentes. Grâce aux lancements de 3008, 308 CC puis de 5008, les distributeurs ont même enregistré un chiffre d'affaires unitaire en hausse, alors que le marché poussait plutôt vers le bas", détaillait lui aussi Christophe Bergerand, directeur commercial de Peugeot France, remplacé depuis le 15 mars dernier par Olivier Veyrier. Une amélioration salvatrice puisque, pour mémoire, Christophe Bergerand nous indiquait précisément au milieu de l'année 2009 que le mix avait alors baissé de 1 000 euros par rapport à l'année précédente chez Peugeot. Au terme de l'exercice, la rentabilité moyenne des affaires affiche donc un net regain de forme puisque, pour rappel, la moyenne du réseau s'était établie à 0,4 % du chiffre d'affaires en 2008. Le 1er quartile du réseau, comprenez les 25 % de distributeurs les plus efficaces, affiche même une profitabilité de 2,91 % de son chiffre d'affaires. Tirant sans doute vers le haut une moyenne réseau qui s'établit donc pour 2009 à 1 %, avec 75 % du réseau affichant finalement un résultat net positif, contre 50 % l'année précédente.

Citroën : jeunesse et vitalité à tous les étages

L'année 2009 aura été nettement plus mouvementée chez Citroën que chez Peugeot. Parce que la marque a donné le top départ d'un chantier de réfection qui doit voir le réseau passer aux nouvelles normes visuelles du constructeur avant la fin 2011 - une cinquantaine de sites les ont adoptées au cours de 2009. Mais également parce que le réseau de la marque aux chevrons, à l'image du rafraîchissement de sa représentation, a lui aussi vu un certain nombre de transactions transformer quelque peu son visage. A commencer par celles de Guy Baudet et Jean-Pierre Raynaud (groupe Alteam) qui, après avoir revendu les affaires de Blois et de Mer (41) en début d'année au groupe Bigaud, ont ensuite cédé les sites de Lisieux et de Deauville (14) au constructeur lui-même. Celles du groupe Gérard Tébaldini Investissements (GTI), ensuite, qui a cédé ses affaires Citroën de Laon et Chambry (02) à Richard Tuppin. Notons également la reprise du site d'Alain Bigeargeas de Tulle (19) par le groupe Hory, ou encore celle des deux concessions de Manosque et Digne-les-Bains (04) de Michel Marty par le groupe Baconnier-Avenel (Figest). Autant de mouvements qui tendent à confirmer l'attrait de la marque constaté depuis 2007 et l'arrivée d'opérateurs de poids en son sein, tels les groupes Priod, Molina, Mustière, ou Bailly.

Coïncidence de ce turnover qui se poursuit, le réseau de la marque s'est cette fois clairement concentré l'an dernier. Longtemps stable, le réseau est passé, en une année, de 2,6 sites par investisseur à une moyenne de 3,35 sites par partenaire, soit un site de plus par opérateur qu'en 2005. Pour autant, comme l'an dernier, le réseau Citroën reste l'un des plus pelliculaires de France, puisque 57,6 % des 130 investisseurs ne possèdent qu'un seul contrat de distribution.

Côté financier, le réseau Citroën a également repris des couleurs. "Nous avons terminé 2009 légèrement au-dessus de 1 % du chiffre d'affaires. C'est une bonne chose puisque je rappelle que nous étions à 0,6 % à fin 2008.", nous précisait récemment Xavier Chardon, directeur du commerce France de Citroën. L'effet volume, d'abord, puisque la marque a vu ses ventes VP augmenter de 17,4 % l'an dernier, mais pas uniquement. Les efforts coordonnés du réseau et de sa direction sur l'assainissement des stocks VO, l'amélioration de la rotation des stocks et le déploiement du nouveau label occasion Citroën Select semblent déjà avoir porté leurs fruits. L'an passé, en effet, la marque a enregistré une baisse de 20 % du stock global et une réduction de 33 % des VO affichant plus de 90 jours. Mais ce n'est pas tout. L'après-vente a également apporté sa pierre à l'édifice. La pièce, pour être précis. "L'an dernier, nous avons été le seul constructeur à voir progresser notre commerce de pièces de rechange dans un marché en recul", expliquait récemment Gérard Mariscal, président du groupement des concessionnaires Citroën. La marque a connu une croissance de 3 % sur le sujet et se montre par ailleurs pour le moins ambitieuse pour 2010, puisqu'elle vise une nouvelle hausse de 8 %.

Groupe Volkswagen : Même modèle, même ambition

Comme nous vous en faisions état dans notre numéro 1107, les marques du groupe Volkswagen semblent être logées à la même enseigne en matière de stratégie réseau. Affirmer l'identité de chaque marque, en offrant à chacune un écrin distinct, d'abord, mais aussi en dupliquant un modèle dans lequel les exigences commerciales et d'engagement financier font parfois s'interroger les investisseurs. Surtout quand les conditions de marché se durcissent. Fort heureusement pour eux, l'année 2009 n'a rien eu d'une déroute pour les distributeurs de ces quatre marques. L'an dernier, en effet, Volkswagen a terminé avec des ventes en hausse de 4,1 %, quand Audi enregistrait une croissance de 2,6 %, Seat de 10,3 % et Skoda de 9,3 %.

Année relativement calme, donc, pour Volkswagen. Là où la marque avait enregistré 16 cessions de contrats lors de l'exercice 2008, elle n'en a connu que 3 en 2009. Stabilité donc. Ou presque. Un seul mouvement considérable à noter dans l'année : la cession des affaires de Patrick Guillaumin à Richard Vivès, nouvel entrant dans le réseau. En début d'année, l'opérateur historique des marques du groupe Volkswagen en Isère a en effet passé la main et ainsi cédé un potentiel de 6 000 VN pour 160 millions d'euros. Pas de quoi troubler la physionomie d'un réseau. Pourtant, celui du constructeur a continué sa concentration pour s'établir désormais à une moyenne de 2,82 sites par investisseur, contre 2,07 voilà deux ans.

Mais au sein des showrooms, le quotidien a davantage été marqué par une belle progression des affaires. Si les ventes du constructeur ont donc cru en 2009, la profitabilité du réseau est passée, en un an, de 0,87 % à 1,03 % d'un chiffre d'affaires moyen en hausse de 2,982 millions d'euros pour atteindre 29,6 millions. Ce qui correspond à une hausse du résultat net de plus de 73 300 euros par affaire. "Notamment grâce à l'arrivée de la nouvelle Polo, sur les quatre derniers mois de l'année 2009, le réseau a retrouvé une bonne rentabilité. De plus, le travail sur les VO, avec un stock extrêmement contenu, a également permis de débuter 2010 dans de très bonnes conditions", expliquait Thierry Lespiaucq, directeur Volkswagen France.

Côté Audi, de l'aveu de Thierry Suquet, chef du département développement réseau Audi France, l'année 2009 était une année de chantier. Architectural, d'abord, parce que la marque a déployé le concept Terminal dans l'Hexagone -pour l'heure, seuls quelques points l'ont adopté-, mais également en termes de turnover. Notons par exemple la reprise des sites Aliantis (1 300 VN), de Montrouge (92) et du 15e arrondissement de Paris par le groupe Priod à Summit Motors. Le rachat des six sites du groupe Guillaumin basés à Voiron, Echirolles (38), Montceau-les-Mines, Chalon-sur-Saône (71), Nevers et Cosnes sur Loire (58), soit un potentiel de 900 véhicules, par Richard Vivès. Ou encore la reprise, par Jean-Paul Lecluse, du site de Dreux (28) d'Alain Hamon, et de la concession d'Evreux (27) de Joël Barthélemy. Notons également la fermeture des sites de Sarrebourg (57), Forbach (57), Figeac (46) et Maubeuge (59). Comme ces points "relais", une trentaine d'autres sites devraient fermer en 2010, conformément à ce qu'avait annoncé le constructeur pour son plan de route 2015. "Cette réduction du nombre de points de vente doit donner à chaque site une taille plus importante, des volumes, des activités et donc une profitabilité en hausse", explique Thierry Suquet. Une bonne chose, compte tenu de la dégradation de la rentabilité des affaires ressentie depuis 2008. L'an dernier, celle-ci s'est établie, en moyenne, à 1,15 % du chiffre d'affaires, contre 1,41 % en 2008 et 2,04 % en 2007. "La quasi intégralité de ce recul est venue du VO. Sur les 4 premiers mois de l'année, le réseau a fait 0 % de rentabilité sur cette activité, là où l'année précédente, il avait enregistré une profitabilité de 1,5 à 2 points. L'année 2009 sera une année rouge pour le réseau", précise Thierry Suquet. Seuls 84 % des distributeurs ont ainsi gagné de l'argent l'an dernier contre 95 % les années précédentes. Bonne nouvelle en revanche, le réseau Audi a retrouvé un volume d'affaires similaire à celui de 2007 avec un CA en hausse de 3 millions d'euros à 33,5 millions d'euros.

Pour les autres marques du groupe, les indicateurs sont au vert. Chez Skoda, malgré quelques remous (voir n° 1107), les distributeurs ont renoué avec les profits, avec une rentabilité moyenne du chiffre d'affaires de 0,76 % en 2009, contre 0,22 % en 2008. De bon augure, compte tenu des ambitions du constructeur et du développement des partenariats avec de nouveaux opérateurs, tels Eric et Hervé Neubauer qui, avec l'ouverture de sites à Chambourcy (78), Saint-Gratien (95) et Saint-Brice-sous-Forêt (95), en quelques semaines, se positionnent potentiellement, avec un volume attendu de 500 VN, dans le Top 5 des distributeurs de la marque.

Même tendance pour Seat, qui voit le résultat net moyen de ses opérateurs proche de 1 % (0,97), soit une performance en hausse de 0,4 point. Mais qui voit surtout le chiffre d'affaires moyen de ses partenaires revenir à son niveau de 2007 à 8,1 millions d'euros.

General Motors

Comme pour le constructeur de manière générale, le réseau des marques de General Motors a vécu une année 2009 pour le moins singulière. Agité par les incertitudes planant sur sa maison mère et sur les intentions de cette dernière à l'encontre de ses différentes marques, le réseau aurait pu être soumis à rude épreuve l'an dernier. Cela ne l'a pas été. Pour Opel et Chevrolet en tous les cas. Les deux marques affichent en effet des bilans 2009 similaires à ceux enregistrés en 2008. L'année aura finalement davantage été marquée par les transactions opérées par ses distributeurs. Notons par exemple le renforcement du groupe Priod avec le rachat des affaires franciliennes de Tajima France, la reprise du site de Bruay-la-Buissière (62) par Jean-Paul Lempereur, la reprise du site Chevrolet de Laxou (54) par le groupe Hess, celle des affaires de Perpignan (66) et Narbonne (11) par le groupe Chabrier, le rachat du site strasbourgeois de Maxime Koch au groupe Bang, la reprise des sites de Grasse et du Cannet (06) par Francis Parmentier, ou encore les rachats du site de Perrusson (37) par Stéphane Métivier, du site de Brunoy (91) par Americo Da Rocha et celui de la concession de Sarreguemines (57) par Bernard Myskiw et Jean-Claude Guttadore.

Saab est sans aucun doute la marque qui a le plus souffert l'an dernier, avec 7 fermetures sur un réseau qui comptait 69 sites à fin 2008, et le départ de 5 investisseurs. Notons ceux de Guy Marcandier à Reims, Michel Schuller à Cergy (95), ou encore Jean-Paul Lempereur, à Liévin (62). Des acteurs de poids, qui plus est partenaires de longue date de la marque. La conséquence d'une lente dégradation des affaires qui semble avoir atteint des niveaux critiques l'an dernier. Le chiffre d'affaires moyen s'est arrêté à 11,63 millions d'euros, soit près de 2 millions d'euros en deçà des performances enregistrées l'année précédente. En 2009, les investisseurs ont ainsi enregistré une profitabilité moyenne de 0,28 %, contre 0,51 % l'année précédente, et 1,3 % en 2007. Honorable, toutefois, puisque seuls 43 % des opérateurs ont gagné de l'argent en 2009, alors qu'ils étaient 63 % en 2008.

Mercedes et BMW chahutés

Drôle d'année pour les réseaux français de ces deux constructeurs premium allemands. Tous deux animés l'an dernier par des mouvements importants, mais aussi par un recul assez net de la profitabilité des affaires.

Chez Mercedes, on relève notamment 8 cessions de contrats. La plus importante : celle qui fait de Jacques Duverney l'un des acteurs de poids du réseau sans y être jusque-là partenaire.

Jacques Duverney a en effet signé son entrée chez Mercedes en faisant main basse sur les sites du groupe De Willermin situés à Chambéry, Albertville (73), Gières et Fontanil (38). Nous noterons ensuite quelques légers mouvements, notamment liés à la réfection de nombreux sites. La vie d'un réseau en somme. Ce n'est en effet pas là que les distributeurs de la marque à l'Etoile ont été bousculés l'an dernier, mais davantage sur leurs conditions de travail elles-mêmes.

Au 31 décembre 2008, Mercedes comptait 8 000 véhicules en stock, réseau et filiale, pour une valeur de 400 millions d'euros. Une immobilisation inédite qui a forcé le constructeur à réagir, sous peine de voir ses distributeurs, et lui-même, confrontés à des problèmes financiers inquiétants. "Nous avons alors décidé de stopper ce qu'il y avait dans les tuyaux et d'aider nos distributeurs à déstocker, via notamment des offres commerciales", se souvient Gautier Maréré, directeur général Réseau et Qualité Mercedes-Benz France. Le constructeur a également coupé les approvisionnements en septembre et parfois repris certains véhicules stockés chez les concessionnaires dans son stock central afin de faire tourner les stocks dans le réseau. Les stocks se sont ainsi dégonflés, pour arriver à un niveau classique de 5 000 unités en cours d'exercice. "Cela nous a permis de terminer le 1er semestre 2009 à l'équilibre, par rapport à 2008, en termes d'immatriculations", précise Gautier Maréré. Cependant, à fin juin, malgré une marge brute maintenue, le réseau a dû faire face à une certaine dégradation du mix. Une baisse qui a eu pour conséquence de voir le prix moyen des ventes s'établir à 31 100 euros, contre 33 500 euros un an auparavant.

Durant toute l'année 2009, au siège, les différents responsables métiers (vente, après-vente, financement…) se sont ainsi réunis régulièrement pour analyser la situation financière des opérateurs, veiller au bon niveau des stocks et prendre des décisions afin de soutenir les distributeurs. Ce comité a notamment validé la prolongation du financement des stocks concessionnaires. Dans certains cas, un distributeur a même pu bénéficier d'un portage de 360 jours !

Malgré cela, la rentabilité moyenne des distributeurs a continué de se dégrader. "Cela dépend du contexte économique, bien sûr, mais c'est également le résultat de deux effets combinés. A savoir, la légère baisse des immatriculations, et la stabilité de la marge brute. Comme dans le même temps, les frais fixes, eux, n'évoluent pas, les affaires sont moins profitables à la fin de l'année", explique Gautier Maréré. Au cumul 2009, la rentabilité moyenne du réseau s'est établie à 1 % du chiffre d'affaires, avec tout de même des disparités importantes. Notons qu'en 2008, celle-ci était déjà passée de 2,5 % à 1,2 % du chiffre d'affaires.

Chez BMW, nous avons eu l'occasion de l'évoquer à plusieurs reprises dans nos colonnes, le réseau est entré voilà de longs mois dans un chantier considérable, synonyme d'investissements conséquents. Une phase de réorganisation que l'on pensait terminée en 2008. Pourtant, il n'en a rien été. Le constructeur a terminé l'année 2009 avec 181 sites, contre 204 un an auparavant. De nombreux mouvements ont en effet animé le réseau BMW avec des transactions d'importance. Notons le rachat du site d'Hoeneim de Claude Dumas-Pilhou par Francis Hentz, la cession de la concession de Vienne (38) de Pierre Pellier à Pierre-Edouard Dieu, la reprise du site d'Agen (47) par le groupe Sipa, celle du site de Gap (05) par Eric Baconnier (Figest), mais également le rachat, par le groupe Bailly, des concessions de Metz et de Terville (57). Une réorganisation plus longue que prévu donc, symbolisée par les atermoiements autour de la plaque parisienne qui a finalement vu les groupes Gerbier Mosca et Neubauer devenir les acteurs majeurs de la zone (dans les tout premiers jours de 2010).

Conséquence, le réseau continue de se concentrer. Désormais, un opérateur possède en moyenne 2,38 sites, contre un indice de 2,07 au 31 décembre 2008.

Souvent décriée par certains pour ses exigences, la marque surfait néanmoins sur un succès commercial et des niveaux de profitabilité qui rassuraient la plupart des investisseurs. L'an dernier, les affaires semblent s'être heurtées à des conditions de marché défavorables. Avec des ventes en recul de 11,7 % en 2009, le bilan ne s'annonçait pas si noir. L'an dernier, le réseau BMW a pourtant vu son chiffre d'affaires moyen par contrat chuter de 3 millions d'euros, pour s'établir à 25,6 millions d'euros, et la rentabilité moyenne du réseau passer de 1,45 % à 0,76 %. Ce qui signifie que le réseau BMW a vu son résultat net baisser de 53 % en 2009. Soit un manque à gagner de 220 140 euros par affaire. Un moindre mal pourrait-on dire, car à la fin du premier trimestre 2009, la rentabilité moyenne du réseau s'affichait à - 0,9 %, avec deux tiers des investisseurs dans le rouge !

Pour consulter les trois plus grands distributeurs par marque, cliquer ici (PDF).

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle