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Constructeurs

Véhicule autonome : Nissan compte proposer un service en Europe

Publié le 18 mars 2025

Par Jean-Baptiste Kapela
7 min de lecture
Outre-Manche, un projet vise à préparer les routes de campagne et résidentielles anglaises à la conduite automatisée. Baptisé evolvAD, il doit permettre à Nissan, pilote de l’initiative, de poser les jalons d'un service de mobilité autonome destiné à des territoires ruraux d'Europe d'ici 2030.  
Nissan véhicule autonome
Une Nissan Leaf a été transformée en véhicule autonome sur les routes de campagne anglaises. ©Nissan

Dans l’imaginaire collectif, le véhicule autonome est souvent associé au milieu urbain ou à l’autoroute. Pourtant, outre-Manche, une Nissan Leaf bardée de capteurs et de caméras arpente les petites routes de campagne de Grande-Bretagne… En effet, au nord de Londres, à Cranfield, au Technical Centre Europe de la marque nippone, des ingénieurs arrivent au terme du projet evolvAD. Ce dernier a pour mission de répondre aux nombreux défis de la conduite autonome en milieu rural et dans les zones résidentielles à faible densité.

 

Contrairement au milieu urbain ou sur autoroute, le véhicule autonome doit contourner des difficultés bien différentes. Ainsi, dans les zones résidentielles, il doit s’adapter à des routes étroites, jalonnées de points morts, de véhicules stationnés, de coussins berlinois et de petits ronds-points… Sans compter le trafic multimodal dense. Quant aux trajets en zone rurale, les voitures roulent à grande vitesse sur des routes étroites et usées avec des obstacles obstruant le champ de vision. 

 

Comportement sur les routes de campagne

 

Pour entrer dans le concret, nous avons eu l’occasion de monter dans l’un des véhicules autonomes basés sur une Leaf. Celle-ci se voit affubler de six Lidar, d’un radar et de quinze caméras. Pour les besoins de la démonstration, un trajet de treize minutes a été conçu pour impliquer les différents challenges, sur des routes de campagne et traversant une petite zone résidentielle. Sur le siège passager, un écran permet de visionner le trajet, les divers obstacles perçus par le véhicule et le comportement de ce dernier. 

 

©Le Journal de l'Automobile-Jean-Baptiste Kapela

 

Par sécurité, au poste de conduite, un chauffeur assure la sécurité, prêt à reprendre le volant en cas d’anomalies routières non anticipées. Après avoir quitté le centre technique de Nissan, la Leaf autonome doit faire face à une série de coussins berlinois qu’elle passe sans grande difficulté. Après avoir emprunté un rond-point en prenant soin d’étudier le trafic, la voiture se lance sur une route de campagne. Rapidement, le véhicule atteint les 60 miles/h (près de 96 km/h) et détecte relativement bien le trafic et les angles morts, s’écartant légèrement de sa trajectoire lorsqu’un automobiliste sur la route opposée mord un peu trop sur la ligne.

 

Pour ce type de route, Nissan a intégré un système de contrôle du châssis visant à améliorer le freinage et la direction, de manière électronique, sans que le volant ne soit relié aux roues. Les routes irrégulières et en pente impliquent des pneus à forte adhérence. En ce qui concerne la gestion du trafic, "le logiciel et les capteurs du véhicule planifient des points de dépassement latéraux, mais aussi les virages sans visibilité pour adapter la vitesse en fonction des risques", précise Shoji Kowaguchi, ingénieur R&D chez Nissan. 

 

©Le Journal de l'Automobile-Jean-Baptiste Kapela

 

 Le test en zone résidentielle 

 

La voiture arrive ensuite dans un petit village où elle doit faire face à des piétons et à des véhicules stationnés sur une route étroite. Le véhicule interprète correctement les voitures en circulation comme celles à l'arrêt. Les capteurs peuvent détecter les éléments jusqu’à 200 m de distance. En dehors d’une situation de stationnement gênant le trajet, le chauffeur n’est pas intervenu sur le reste du parcours.

 

Les équipes de Nissan ont étudié plusieurs scénarios complexes en zone résidentielle. Parmi ces derniers, lorsque des véhicules sont stationnés des deux côtés de la chaussée, réduisant la circulation, le véhicule peut décider de lui-même s’il peut passer ou non lorsqu’un véhicule arrive en face. Pour cela, il se base sur différents paramètres comme la possibilité pour l’autre conducteur de se rabattre ou la largeur entre les véhicules stationnés pour jauger la possibilité que les deux véhicules puissent passer. 

 

 

Pour analyser les situations, le véhicule autonome de Nissan peut s’appuyer sur les caméras de surveillance (CCTV). En compilant plusieurs informations issues des CCTV, les Leaf automne peuvent mieux analyser leur environnement et anticiper le trafic en zone résidentielle. Les ingénieurs ont par exemple décrit une situation dans laquelle un piéton caché derrière un bus s’apprête à traverser. Dans ce cas, le véhicule anticipe et s’arrête.    

 

©Nissan

 

Trois projets en faveur de la conduite autonome

 

Pour en arriver à l'autonomie de niveau 4 en zone rurale, le projet a nécessité au total 3,8 millions de livres (4,51 millions d’euros) de la part du gouvernement britannique et a mobilisé 75 personnes sur une période de deux ans. Il s’inscrit dans la continuité, et bénéficie des avancées, de deux autres projets : HumanDrive et ServCity. La première initiative a été la conduite autonome sur autoroute et la seconde s’est penchée sur le milieu urbain, à Londres. Trois projets ayant nécessité au total 28 millions de livres d'investissement pour permettre de réaliser 16 000 miles (environ 25 700 km) en véhicule autonome pendant huit ans depuis 2017. Rappelons que Nissan a annoncé le 10 mars 2025 sa volonté de mettre en place un service de robotaxis au Japon en 2027.

 

Le constructeur est l’un des pionniers dans les services de mobilité autonome. Il mène d'ailleurs des recherches sur les trois continents, comme au Japon, au Nissan Research Center ; dans la Silicon Valley, aux États-Unis ; et enfin en Grande-Bretagne, au Technical Centre Europe. Outre Nissan, les trois projets impliquent quatre autres entreprises : Connected Places Catapult (machine learning), Humanising Autonomy (pour l’analyse du comportement humain), SBD Automotive (cybersécurité) et TRL.

 

Un service de mobilité autonome bientôt en Europe ? 

 

Permettre à un véhicule autonome de circuler dans ces zones rurales est essentiel pour Nissan. Le constructeur, qui souhaite déployer un service de mobilité à moyen terme outre-Manche, constate que les transports publics britanniques ne desservent pas correctement ces zones. De 2008 à 2023, les services de bus dans les campagnes britanniques ont chuté de 51 % et près de 50 % de la population rurale vit dans des zones ayant le moins d’accès aux transports en commun.

 

"L’Europe est sûrement la région du monde où il est le plus complexe de mettre en place un service de mobilité autonome à cause du trafic particulièrement dense et d'un urbanisme complexe. Pour ma part, j'espère voir un service de mobilité autonome en Grande-Bretagne d'ici à 2029", explique Shunsuke Shigemoto, vice-président ePowertrain technology, research and advanced engineering chez Nissan. Le constructeur japonais ambitionne sur le long terme d’implanter ce service dans l’UE. "Une implantation en Europe dépendra de la réglementation. Nous faisons partie de groupes de travail avec l’ACEA sur les sujets de conduite autonome en Europe", affirme-t-il.

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