Une année 2003 atypique
...aux VN.
Sur le strict plan comptable, 2003 restera pour le marché hexagonal du véhicule d'occasion une année bien particulière. Pour la première fois depuis 1996, les ventes de voitures particulières d'occasion ont reculé. La baisse est de 2,6 % par rapport à l'année précédente. Autre fait statistique marquant, il s'est vendu l'an passé 2,6 fois plus de voitures particulières d'occasion que de voitures neuves. Ce rapport est le plus élevé en faveur du VO depuis la fin des années 80. Il était de 2,4 en 2001 et de 2,5 en 2002. Ce double phénomène peut s'expliquer par des raisons d'ordre purement conjoncturel, mais aussi par des facteurs plus structurels au premier rang desquels l'évolution des habitudes de consommation de nos concitoyens. "Le marché du VO a stagné en 2003 car le climat économique est plutôt morose et les constructeurs font de grosses actions commerciales sur le VN. Ils détournent ainsi une certaine clientèle du VO très récent, estime Xavier Morvan, P-dg de Saint-Herblain Automobiles et bon connaisseur de ce marché. Aujourd'hui et sur les deux ans à venir, je préfère être distributeur de VO récents que distributeur VN car, en période de crise économique, le particulier a plutôt tendance à se tourner sur un produit très récent sur lequel il fait une économie. Lorsque la conjoncture économique sera meilleure, les clients se tourneront davantage sur les VN."
FOCUSRapport ventes VO/ventes VN |
Les VO de moins d'un an reculent de 11 %
Pascal Beaufour, autre expert du marché du VO et P-dg de VO Optimum, voit également des explications de nature conjoncturelle dans le tassement global des ventes de VO en 2003, en particulier sur les véhicules les plus récents. "Le conflit en Irak a eu un effet. Un certain nombre de loueurs ont très fortement ralenti leurs commandes aux constructeurs car ils prévoyaient des baisses de locations dans les aéroports et pour le tourisme. Cette décision a été prise au printemps 2003, et cela a eu des conséquences sur l'offre de VO récents cinq ou six mois après, assure-t-il. Les mises sur le marché de buy-back s'en sont trouvées ralenties sur la deuxième partie de l'année 2003 et au début 2004. Il n'est pas impossible que l'offre sur le marché reparte à la hausse à partir de septembre." Le segment de marché qui, l'an passé, a le plus pâti de cette conjoncture économique difficile est celui des VO de moins d'un an. A un peu plus de 578 000 unités, il accuse un recul de 11 %. Du fait de la morosité économique ambiante et de l'indice de confiance des consommateurs, l'année 2003 est atypique, y compris sur la structuration du marché du VO. Jusqu'alors, les ventes de VO étaient relativement stables, à 12 % du marché total. Si les ventes de VO de plus de quatre ans enregistrent une baisse de 2,9 %, les occasions de un à quatre ans progressent pour leur part de 1,4 %.
Peu d'évolution pour 2004
"Aujourd'hui, ce qui se vend le mieux sur le marché du neuf se vend le plus sur le marché de l'occasion récente, reprend Pascal Beaufour. Auparavant, et certes en caricaturant, les constructeurs mettaient en location les véhicules qu'ils avaient du mal à vendre ; aujourd'hui, ils mettent en location les produits qui se revendront le plus facilement ultérieurement. Donc, globalement, il y a une très forte adéquation entre la demande de voitures neuves et la demande d'occasions récentes. Le marché de l'occasion récente est stable. Le marché issu de la location longue durée progresse beaucoup avec une croissance supérieure à celle du marché global, il s'agit de voitures de deux à trois ans." Pierre Bourgeois, directeur de l'Observatoire de l'automobile, prévoit pour cette année un marché du véhicule d'occasion semblable à celui de 2003. Il devrait même à nouveau accuser une légère baisse. A moins d'un retournement aujourd'hui inattendu de la conjoncture économique.
Cyril André
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