...sont devenus des incontournables. A tel point que même des grands groupes de distribution automobile s'y intéressent.
Qui n'est pas un jour monté sur un scooter Piaggio, se prenant, lunettes de soleil, chaussures et costume italien sur mesure, pour un Marcello Mastroiani en quête de Dolce Vita ? Qui n'a pas un jour rêvé de rouler dans les rues de Rome au guidon d'une vieille Vespa avec une belle Italienne à l'arrière ? Si Piaggio, quatrième constructeur mondial de deux-roues, est avant tout célèbre pour ses scooters et autres Vespa, le constructeur italien dispose également d'une division de véhicules transports légers (VTL) qui n'est autre que le leader mondial sur ce marché de niche.
FOCUS
Le groupe Piaggio
Créée en 1884 par Rinaldo Piaggio, la société va d'abord se lancer dans la conception d'intérieurs de bateaux et de trains. Quelques années plus tard, l'entreprise italienne commence la fabrication d'avions. En 1946, au sortir de la guerre, Piaggio s'oriente vers les deux-roues en créant la première Vespa. Deux ans après, c'est le lancement de l'Ape 3 roues et la diversification dans le transport léger. Toutefois, le deux-roues reste la principale branche de l'entreprise qui rachète, en 1969, Gilera, une autre marque italienne, puis la marque Puch en 1998 avant les acquisitions des marques Derbi (en 2001) et Aprilia (en 2004). Depuis 2003, le groupe Piaggio est contrôlé par Immsi et dirigé par Roberto Colaninno. Le holding pèse aujourd'hui 1,5 milliard d'euros de CA et 25 % de parts de marché deux-roues en Europe ; 6 000 employés sont répartis dans 8 usines dans le monde pour une production de plus de 600 000 véhicules (deux, trois et quatre roues) par an. |
La division VTL du constructeur italien a commercialisé près de 91 000 véhicules dans le monde (+ 27 % par rapport à 2003) pour un chiffre d'affaires total de 238 millions d'euros (1,5 milliard d'euros pour l'ensemble du groupe Piaggio). L'Europe reste un marché important pour Piaggio : 50 % du chiffre d'affaires y est réalisé et 20 000 de ses VTL y sont vendus chaque année. Le Vieux Continent est également le centre névralgique de la production des petites voitures Piaggio. C'est en effet à l'usine de Pontedera, entre Pise et Florence, au beau milieu de la Toscane, que sont produits aussi bien les petites fourgonnettes 3 et 4 roues que les célèbres scooters. Le site s'étale sur 53 000 m2 dont 23 000 m2 sont uniquement réservés à la production des véhicules de transports légers. Chaque composante du véhicule, châssis, carrosserie, moteur, est assemblée dans l'usine toscane. Le site dispose même de son propre circuit pour tester les petites voitures. Quatre mille personnes travaillent dans l'usine ; un chiffre qui varie selon les saisons, notamment au printemps et durant l'été où la production des véhicules à tendance à ralentir. A l'heure actuelle, l'usine de Pontedera assemble 120 véhicules par jour, mais sa capacité peut monter jusqu'à 150 unités/jour. Une cadence qu'elle devrait bientôt atteindre depuis que la gamme s'est enrichie de la nouvelle famille Quargo qui vient s'ajouter aux Ape et Porter.
Avec seulement 3 véhicules, Ape, Porter et Quargo, Piaggio VTL peut décliner sa gamme en une multitude de versions
Jusqu'ici, la division VTL de Piaggio comportait en effet en son sein le célèbre et indémodable Ape, un triporteur lancé en 1948 décliné en toutes les versions possibles et imaginables. Grâce à ce petit monocylindre deux temps (50 cm3 et 220 cm3), Piaggio détient 25 % du marché mondial des trois roues. D'autant plus que la division VTL du constructeur italien, en plus de Pontedera, a créé en 1999 un autre site de production en Inde, dans l'Etat de Maharadastra. L'Ape est seul sur son segment sur le sous-continent indien, mais également en Europe où le parc compte 180 000 unités. En plus de l'Ape, Piaggio compte également le Porter. Petit 4 roues, ce véhicule se situe à mi-chemin entre la mini berline et l'utilitaire. Véritablement compact, guère plus de 3 m de long, 1,3 m de large, le Porter (un diesel d'origine Lombardini et un essence d'origine Daihatsu) est conçu pour les zones urbaines où ses capacités de chargement entre 560 et 700 kg en font l'élu des administrations, comme c'est le cas notamment pour la Ville de Paris qui en détient plusieurs. En outre, le Porter se décline également en plusieurs versions (fourgon vitré, fourgon tôlé, pick-up, benne basculante, châssis…) et peut être doté de 5 motorisations différentes (essence, Diesel, GPL, électrique et GNV). Véritable caméléon, le Porter peut compter sur de multiples transformations possibles et permet 50 possibilités de personnalisation de carrossage pour répondre aux besoins des professionnels. Chaque année, 50 000 unités sont écoulées rien qu'en Italie. Outre ces deux véhicules, Piaggio vient donc de lancer le Quargo. Très proche de son cousin le Porter, le nouveau-né est néanmoins un peu plus grand (3,5 m de longueur et 1,5 m de largeur) et dispose d'une charge utile plus importante (750 kg max). De plus, le petit utilitaire est équipé d'un moteur Diesel bicylindre à injection directe de 686 cm3 permettant d'atteindre les 80 km/heure.
Un développement à venir en France grâce aux groupes de distribution
"Idéal pour le transport lourd et compact, le Quargo intéresse également le marché français. A l'instar du Porter, mais en plus puissant, le véhicule est spécialisé pour se faufiler dans nos zones urbaines et les grandes métropoles congestionnées par la circulation", ont résumé les responsables de la filiale française. La France fait partie des importantes filiales du constructeur. Du moins dans les ambitions. Avec 700 VTL commercialisés en 2004 (37 000 motos et scooters), la filiale espère dépasser la barre des 1 000 unités cette année pour tripler ce chiffre à court terme. Pour cela, les responsables français du constructeur italien veulent s'appuyer sur le développement d'un réseau qui se composera bientôt de 60 partenaires (aujourd'hui 30 distributeurs). Il faudra compter sur les gros bras de la distribution automobile intéressés par une diversification. Outre les partenaires classiques de Piaggio que sont les administrations et les collectivités territoriales, les investisseurs privés sont tentés par l'aventure du VTL. On dénombre déjà parmi eux le groupe Marani (13 000 VN) ou encore le groupe Picard-Cobredia (5 000 VN). D'autres seraient également intéressés.
Tanguy Merrien
3 QUESTIONS À
Pascal Bernard, Responsable des marques Volkswagen pour le groupe Cobredia
"Profiter de synergies"
Journal de l'Automobile. Pourquoi avoir investi dans Piaggio en tant que grand groupe de distribution automobile ? Pascal Bernard. En tant que distributeur Volkswagen à Quimper au sein du groupe Cobredia (Ronan Picard), nous commercialisons Volkswagen utilitaire qui est désormais une marque à part entière. Cette marque s'adresse essentiellement aux entreprises et aux particuliers. Or, pour des raisons de rentabilité et de complémentarité, nous cherchions à diversifier notre offre avec Piaggio VTL qui s'adresse avant tout aux collectivités et aux administrations. Nous pouvons désormais proposer les deux gammes à des clients divers et profiter de synergies.
JA. La distribution de Piaggio est-elle différente de la distribution automobile ? PB. Pas vraiment. Nous ne sommes pas dépaysés puisque ce sont les mêmes paramètres (stocks, approvisionnement…). En revanche, le volume de Piaggio en France est largement plus petit que n'importe quelle de nos marques distribuées (1 000 VN pour VW et Audi notamment). La relation est intimiste. Toutefois, nous avons ressenti une certaine simplicité dans les négociations, dans la présence du constructeur, dans la prise de panneau. Les standards sont simples et l'investissement est relativement faible (2 VD, 2 VN en showroom…). Par ailleurs, j'ai été surpris par le positionnement des véhicules, qui force le distributeur à ne pas remiser. En outre, les marges sont intéressantes. Bien supérieures à celle d'une automobile classique.
JA. Le développement des points de vente est-il envisageable au sein du groupe ? PB. A l'heure actuelle, le site de Quimper n'est qu'un site pilote. Cependant, si les ventes sont satisfaisantes, il se pourrait que nous développions les panneaux au travers de notre groupe qui compte 25 sites en Bretagne. Mais la décision reviendra à notre dirigeant, Ronan Picard. |
QUESTIONS À
Jean-Luc Vogel, Directeur commercial et marketing VTL de Piaggio France.
"Arriver à 60 distributeurs en France"
Journal de l'Automobile. Quelle est la place de Piaggio France VTL sur le marché des transports légers ? J-LV. Dans la catégorie des Minicompacts (1,5 à 2,4 tonnes et volume de 2 à 4 m3), Piaggio, grâce à son Porter, se place parmi les 10 premières ventes en 2004 au classement. Côté nouveautés, avec son Quargo, Piaggio espère atteindre 20 % de parts de marché des quadricycles lourds à moteur (QLOM) et il espère vendre une centaine de PK500, utilitaire sans permis, en 2005. Piaggio France, c'est plus de 37 000 écoulés en 2004 et 700 utilitaires légers. L'objectif 2005 est de dépasser les 1 000 unités pour atteindre 2 à 3 000 véhicules d'ici trois ans avec l'arrivée de nouveaux produits destinés notamment au monde agricole.
JA. Quelle est la taille du réseau des distributeurs VTL Piaggio ? J-LV. En dehors des véhicules à 4 roues, Piaggio France commercialise son Ape, un triporteur motorisé, aussi bien par l'intermédiaire de ses distributeurs deux-roues que par l'intermédiaire de ses distributeurs 3 et 4 roues. Le réseau est aujourd'hui composé de 75 distributeurs dont 30 uniquement pour les 3 et 4 roues.
JA. La taille de ce réseau vous paraît-elle suffisante ou Piaggio est-il en phase de recrutement ? Dans ce cas, quelle serait la taille idéale pour le réseau ? J-LV. Piaggio souhaite renforcer son réseau sur les secteurs libres en doublant le nombre de distributeurs 3 et 4 roues pour arriver à un nombre de 60 partenaires. Nous aimerions nommer 20 nouveaux distributeurs d'ici la fin 2005 et 10 distributeurs supplémentaires dans le courant du 1er semestre 2006.
JA. Quels sont les secteurs géographiques où la marque souhaiterait s'implanter ? J-LV. Il reste plus de 50 % du territoire à couvrir, principalement dans des villes comme Lyon, Nantes, Montpellier, Bordeaux, Rennes, Reims, Lille, Saint-Etienne, Angers, Dijon, Limoge, Nîmes ou encore Bourges.
JA. Quel est le profil d'un distributeur Piaggio ? J-LV. Le futur distributeur Piaggio devra parfaitement connaître les collectivités de son secteur, mais aussi les artisans et les petites entreprises, ces secteurs restant notre cible principale. Pour cela, il devra être reconnu dans la distribution des VUL ou dans la motoculture. L'investissement demandé reste raisonnable : il doit disposer d'un showroom pour y présenter 3 véhicules de la marque au minimum et une caution bancaire de 30 000 euros lui sera demandée par point de vente.
JA. De quelle manière un distributeur automobile peut-il être intéressé par la reprise d'un panneau Piaggio VTL ? J-LV. Essentiellement grâce à la marge restante compte tenu du faible investissement de départ, mais aussi par le fait de pouvoir devenir distributeur deux-roues dans certains cas, comme par exemple à Paris avec le groupe Marani, le 6e distributeur automobile en France. |
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