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Constructeurs

Solutrans affirme ses ambitions

Publié le 20 décembre 2011

Par Benoît Landré
13 min de lecture
Un an et demi seulement après la précédente édition, le salon des Solutions de transport routier et urbain, qui se déroulait du 29 novembre au 3 décembre, entendait confirmer les promesses entrevues en 2010 et, surtout, servir de tremplin pour définitivement se positionner comme une alternative complémentaire, incontournable, au salon de Hanovre. Compte-rendu et bilan.
Quelques jours avant le début de Solutrans, le Kangoo Z.E. avait été nommé “Van of the Year 2012”.

La 24e édition de Solutrans aura pleinement répondu aux attentes des organisateurs : 32 280 visiteurs ont été recensés durant les cinq jours d’ouverture, dont 9 % d’internationaux, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’édition 2007 et de 60 % par rapport à 2010. Véritable baromètre pour les professionnels du transport, carrefour d’échange et d’informations, mais plus encore de “business”, comme aimait à le rappeler Guy Martin, l’ancien président du salon, l’événement a largement confirmé son dynamisme et sa capacité à rebondir après une période particulièrement difficile. D’autres rendez-vous, comme le RAI d’Amsterdam, ne se sont pas relevés de la crise. “Le salon de Courtrai reste un petit événement très spécialisé sur les remorques et Transpotec, en Italie, semble assez instable”, relève Patrick Cholton, actuel président du salon. Aussi, derrière le mastodonte rendez-vous d’Hanovre, l’horizon est plus que jamais dégagé pour imposer un deuxième évènement international, consacré aux acteurs du transport routier. Logiquement, légitimement aussi, Solutrans revendique ce statut. A Lyon, plus que jamais. A cet égard, cette édition 2011 marquait donc un vrai tournant pour les organisateurs qui avaient placé l’innovation technologique, les nouvelles solutions de transport routier et urbain ainsi que l’environnement au cœur de leur argumentaire. “Nous voulons que Solutrans soit le pendant de Genève dans l’automobile”, confie Patrick Cholton. Un salon à taille humaine où l’interaction et les échanges prévalent sur l’aspect vitrine. La “Green Piste” et la zone de “Démos extérieures”, qui présentaient et proposaient de tester plusieurs véhicules électriques et hybrides, les quinze conférences du Khub, les traditionnels Prix de l’Innovation ou encore le Lyon Trucker Show étaient autant de temps forts, reflets de l’énergie de cette 24e édition. En marge du salon, le Truck & Bus World Forum a rassemblé des décideurs internationaux autour de la thématique “Transports de personnes et de marchandises : vers une meilleure accessibilité des milieux urbains en 2020”, et le 2e rendez-vous de la filière Camion a réuni les diverses fédérations concernées.

Retour remarqué pour Mercedes-Benz

Ainsi, 750 exposants (autant qu’en 2007) avaient pris place sur une surface de 70 000 m2 à Eurexpo Lyon. Parmi eux, des habitués, des nouveaux, des revenants… Absent de marque de l’édition 2010, Mercedes-Benz avait décidé de revenir cette année. Un retour remarqué, matérialisé par deux stands dédiés aux poids lourds et aux véhicules utilitaires. “Notre absence l’an passé répondait à un choix stratégique réel. Nous militons pour que Solutrans se déroule à Paris car nous aurions plus de facilité à réunir notre réseau et nous sommes surtout persuadés que l’affluence des visiteurs étrangers serait encore plus importante, justifie Jean-Luc François, directeur général véhicules industriels Mercedes-Benz France. Nous sommes revenus cette année car nous avions des choses à dire et des produits à montrer, comme les 60 ans de l’Unimog ou le nouvel Actros. Nous nous sommes aussi donné les moyens d’exposer nos nouvelles technologies.” Fraîchement auréolé de son titre de “Truck of the Year 2012”, l’Actros figurait en bonne position sur le stand du constructeur allemand, avec en particulier une nouvelle version 1845 Euro 6. Obligatoire à partir du 1er janvier 2014, l’Euro 6, qui alimentait frénétiquement les conversations à Hanovre l’an passé, est devenue un peu plus réalité à Lyon. Au milieu de ses camions répondant aux énergies alternatives, Iveco présentait également pour la première fois son moteur FPT Cursor 11 Euro 6, doté de la technologie “SCR only”. En face, le nouveau Daily, lancé il y a quelques semaines, était exposé en plusieurs versions de carrosseries.

Renault Truck présentait pour sa part un stand exclusivement dédié à son offre de poids lourds via deux thèmes : la passion et l’innovation. Le constructeur Rhônalpin a profité du salon pour célébrer les 20 ans du Magnum et présenter ses solutions Optifuel qui réduisent la consommation de carburant, Optifleet, la solution d’informatique embarquée de gestion de flotte, ou encore ses véhicules Clean Tech. A défaut de nouveautés marquantes, Volvo avait choisi de mettre l’accent sur son “offre globale”, Daf présentait “un monde d’applications” avec les programmes TP Force et Distri Force ou encore les lancements du LF Hybride à moteurs Diesel et électrique. Enfin, Scania exposait sur son stand un porteur G 270 DB4x2 au bioéthanol ED95, actuellement expérimenté en France via la Staf, transporteur spécialisé dans l’acheminement de marchandises alimentaires. Tous les constructeurs de poids lourds étaient donc présents. En revanche, parmi les acteurs du véhicule utilitaire, ils étaient encore quelques-uns à manquer à l’appel.

Opel présente son nouveau Combo et Renault son Kangoo Z.E. carrossé

Opel participait pour la première fois au salon lyonnais pour présenter son Combo Cargo, conçu en partenariat dans l’usine Fiat de Tofas, en Turquie. “Notre présence sur ce salon témoigne de l’importance de l’activité utilitaire dans la stratégie globale du groupe. Pour la première fois, nous exposons une gamme complète et renouvelée. Nous souhaitons également montrer notre savoir-faire sur les VUL transformés”, explique Hervé Decoene, chef de gamme véhicules utilitaires. Les premières livraisons du nouveau Combo auront lieu en mars 2012. Une grosse partie du volume du Combo se fera sur les versions L1H1, Pack Clim avec une motorisation de 90 ch. “Ce modèle marque une vraie progression dans notre gamme car il offre jusqu’à 4,8 m3 de charge utile, quand le Combo précédent s’arrêtait à 3,3 m3, et va nous permettre d’élargir la clientèle”, souligne Hervé Decoene. Opel entend atteindre un volume de 3 000 unités en 2012, dont les deux tiers en version utilitaire. A l’entrée du Hall 6, Renault avait naturellement décidé de mettre l’accent sur son Kangoo Z.E. Présenté pour la première fois à Hanovre en 2010, le véhicule était décliné à Lyon en plusieurs versions de carrosseries, en Ambulance pour les transports intrasites hospitaliers via la société BSE, en version Iso Frigo (avec Gruau et ECP) ou encore en Pick-up (Durisotti). Comme l’an passé, Dacia figurait également en bonne place avec les Logan MCV, Pick-up ou Van. Un peu plus loin, Fiat Professional exposait un échantillon de véhicules en versions carrossées sur son stand de 300 m2, parmi lesquels le prototype Doblo Benne, développé avec Gruau, qui viendra compléter l’offre dans le sillage du récent lancement du Doblo Work Up (plateau). “Nous sommes entrés sur le marché de la benne et du plateau, où nous n’étions pas trop présents auparavant, en 2011. Notre stratégie est d’apparaître sur toutes les niches du marché des VUL, de répondre aux besoins des professionnels et d’être réactifs dans la personnalisation des produits”, souligne Patrice Bergonzi, directeur de la marque Fiat Professional.

Le salon des carrossiers et des aménageurs

Une tendance au sur-mesure qui s’exprime, comme à chaque édition, à travers l’activité des constructeurs carrossiers tels que JPM, Jocquin, Cabreta, Labbé ou encore Lambert Igloo, et des aménageurs spécialisés. Sur un marché français qui immatricule entre 410 000 et 420 000 unités par an, 15 % des véhicules font l’objet d’aménagements. Les professionnels français ont pour caractéristique de plébisciter encore fortement le bois, pour des raisons financières. Afin de contrecarrer cette tendance, la société Bott a choisi Solutrans pour présenter sa nouvelle gamme “économique”, Uno, et renforcer sa présence sur le marché français. “Il était capital pour nous de casser cette image haut de gamme, d’élargir notre clientèle et d’être en cohérence avec les attentes des clients sur le prix du marché avec cette offre complémentaire”, explique Carle Barbez, responsable grands comptes. Les produits Uno se situent dans une fourchette de 750 à 1 300 euros alors que la gamme Vario affiche des prix autour de 1 800 euros. Au même titre que Bott, qui a fortement renforcé son organisation sur le marché français depuis deux ans, le groupe suédois System Edström, qui se redéploie en Europe depuis quatre ans, faisait, pour la deuxième année consécutive, la promotion de ses aménagements métalliques intérieurs et extérieurs. Enfin, l’entité Setam-StoreVan exposait pour la troisième fois de suite à Solutrans afin d’entretenir sa notoriété grandissante dans l’Hexagone.
Tout ce petit monde a rendez-vous du 19 au 23 novembre 2013 pour la prochaine édition de Solutrans, toujours à Lyon Eurexpo.

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ZOOM - Gruau célèbre son réseau et vante son offre électrique

Présent depuis le début à Solutrans, le constructeur carrossier mayennais a clairement changé de dimension depuis l’édition 2010. Pour célébrer les 100 ans du groupe, Gruau avait alors dressé un stand représentatif de son savoir-faire, mais plus encore de ses ambitions internationales et de ses développements dans le domaine de l’électrique. Cette année encore, le groupe a utilisé les gros moyens pour affirmer davantage sa stratégie électrique et son offre globale. Ainsi, le fourgon 100 % électrique Electron, conçu sur la base du Fiat Ducato, était présenté en version benne et messagerie au côté du Bluebus. Egalement disponible en configuration isotherme, l’Electron devrait réaliser la moitié de ses ventes en version messagerie. Cent unités sont attendues pour 2011 et le double en 2012. Le groupe avait également souhaité marquer le coup pour célébrer les 20 ans de la création de son réseau. Gruau s’appuie à ce jour sur 125 points-service en Europe, dont 110 en France, représentés par des carrossiers industriels. “Nous avons fait le plein de représentants en France et nous faisons vivre le réseau. Nous sommes au début de notre démarche internationale. Nous recrutons en Europe des points-service au profil identique à la France, avec une priorité sur l’Italie et l’Allemagne. Nous envisageons d’y ouvrir dix points dans les douze prochains mois”, indique Patrick Buchard, directeur commercial et marketing produits Gruau. Parallèlement à ce déploiement européen, le constructeur carrossier vient d’entamer le développement de deux nouveaux réseaux : des points de service après-vente électrique et des points conseil TPMR (Transport de personne à mobilité réduite). D’ici le premier semestre 2012, une dizaine de points TPMR seront actifs.

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FOCUS - Trois prix de l’innovation et un coup de cœur

Le mardi soir, les exposants avaient rendez-vous à la CCI de Lyon pour la remise des Prix de l’Innovation Technique de la Carrosserie Industrielle. Dans la catégorie remorques et semi-remorques, Lamberet a été récompensée pour le SR2 Super Beef, une semi-remorque frigorifique dédiée au transport de viande. La société Cabreta s’est vue attribuer la récompense dans la catégorie carrossiers sur véhicules utilitaires pour sa benne acier THLE Tipp Top. La société Haldex et son Trailer Emergency Module, un frein de parking automatique renforçant la sécurité lors de la phase d’attelage de la remorque, a reçu le prix pour la catégorie équipementiers. Enfin, le jury a décerné son coup de cœur à Carrier Transicold Europe pour son Pulsor, un groupe frigorifique sur VUL. A noter que le jury n’a pas souhaité récompenser l’un des trois candidats dans la catégorie carrossiers sur véhicules industriels.

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FOCUS - Opel vise les 15 000 unités en 2013

En attendant l’arrivée du nouveau Combo au premier trimestre 2012, Opel devrait conclure cet exercice 2011 entre 8 500 et 10 000 unités. Lancé en 2010, le Movano a répondu aux attentes pour sa première année pleine, avec une progression de 30 % par rapport à 2010, où il était déjà en hausse de 30 % par rapport à 2009. “Ces résultats s’expliquent par l’attractivité du nouveau véhicule, mais aussi par le renforcement des équipes terrain, la formation des vendeurs sur les véhicules carrossés et notre plan de communication en radio”, détaille Hervé Decoene, chef de gamme véhicules utilitaires. Les immatriculations de Vivaro, qui pointaient en hausse de 10 % à fin octobre, devraient se situer entre 3 000 et 4 000 unités cette année, soit une part de marché de 5 % sur son segment. “Opel a l’ambition de renforcer ses positions sur le marché des véhicules utilitaires. Nous nous sommes fixé une première étape à 15 000 unités à horizon 2013”, entrevoit Hervé Decoene.

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QUESTIONS A - Jean-Luc François, directeur général véhicules industriels Mercedes-Benz France.

Journal de l’Automobile. Quelles sont les échéances commerciales et les attentes concernant le Vito E-cell 100 % électrique ?
Jean-Luc François.
Le véhicule fera son entrée dans la gamme courant 2012, mais il est trop tôt pour livrer des perspectives car un tel développement reste suspendu aux politiques des gouvernements, aux incitations et autres effets d’échelle.
JA. Comment appréhendez-vous l’arrivée en 2012 du City Van, la première fourgonnette de la marque ?
J-LF.
Avec beaucoup d’espoir et d’enthousiasme. Ce véhicule représente un complément à notre offre actuelle, il nous permettra de toucher une nouvelle clientèle et de réaliser des volumes supplémentaires.
JA. Quel bilan tirez-vous de cet exercice 2011 pour l’activité utilitaires de Mercedes-Benz ?
J-LF.
Depuis octobre, nous ressentons un durcissement qui commence à se traduire dans les prises de commandes, moins dans les immatriculations pour l’instant. Nous devrions conclure cette année autour des 22 000 commandes en France, soit une progression de 12,7 % sur les segments S2 et S3, qui devraient se situer autour des + 10 %. A fin octobre, le Vito affichait une croissance de 33,6 %, soit une pénétration de 12,4 % sur son segment. Le Sprinter marque un peu le pas et ses résultats sont étales par rapport à l’année dernière.

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ZOOM - Brandt Motors dévoile son VUL électrique Citélec

Située sur un petit stand, à quelques mètres de la “Green Piste”, la Société d’Innovation et de Technologies de Lyon (SITL) présentait son premier modèle de VUL électrique. Un projet amorcé en avril 2011, suite à la reprise du site de production lyonnais de Fagor-Brandt par Pierre Millet, ancien collaborateur de Thomson CSF. Les employés ont été conservés et le site réindustrialisé pour entamer la fabrication d’une gamme de produits électriques sous la marque Brandt Motors. Un projet qui sera accompagné par la marque Brandt jusqu’en 2014 et porté, également, par le cabinet de consulting Ennodev. Imaginé et conçu dès 2010, le projet de VUL électrique Citélec est le premier à être sorti des chaînes de l’usine lyonnaise. L’homologation est attendue pour février 2012 et la production du véhicule devrait véritablement débuter en mai prochain. La fabrication de scooters et de vélos électriques, actuellement en cours de conception, devrait suivre les mois suivants et un projet de voiture particulière, qui se situerait entre un VSP et une 1007, est également annoncé pour janvier 2013. “Nous nous positionnons clairement sur le véhicule urbain et péri-urbain”, annonce Jacques Lestideau, consultant chez Ennodev. Le Citélec n’entend pas se positionner face au Kangoo ZE, mais davantage en concurrence des produits développés par les sociétés Goupil Industries et Aixam-Mega. “Notre véhicule affiche des caractéristiques plus haut de gamme en termes de matériaux, de qualité de finition ou encore de sécurité”, ajoute Jacques Lestideau. Le Citélec possède une autonomie de 120 km avec une vitesse moyenne de 67 km/h. Il se décline en 9 versions et 27 modèles de transport (fourgon, benne basculante, plateau, isotherme, citerne). “Nous serons constructeur et carrossier, puisque nous produirons nous-mêmes l’ensemble des transformations”, souligne Jacques Lestideau. Une version hybride du Citélec est déjà envisagée. Selon les versions, le prix est fixé entre 15 000 et 25 000 euros. Des discussions sont également en cours avec les fournisseurs de batteries et les banques pour proposer une formule de location. La Société d’Innovation et de Technologies de Lyon nourrit de hautes ambitions sur le plan européen et envisage de commercialiser entre 3 000 et 5 000 véhicules d’ici 2015. “Nous allons répondre à des appels d’offres, démarcher les entreprises, les administrations et les collectivités, et nous appuyer sur des revendeurs influents qui ont déjà un panel de clients”, annonce Jacques Lestideau.

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