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Constructeurs

Rémi Deconinck, président de Renault Sport Technologies

Publié le 12 février 2010

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
"Renault Sport a besoin d'un produit 100 % spécifique"Le lancement du 3e modèle de la gamme RS a été l'occasion de faire le point sur ce constructeur...
...pas comme les autres. Alpine, IRC, WRC, Dieppe, rentabilité… autant de thèmes abordés.

Journal de l'Automobile. Dans le contexte actuel, comment évolue Renault Sport ?
Rémi Deconinck. Renault Sport Technologies est une entreprise qui a en fait trois activités essentielles. Mais avant toutes choses, nous sommes une entreprise automobile disposant de tous les métiers nécessaires à la création, la fabrication des prototypes, la mise au point, la responsabilité de la production mais aussi de la commercialisation. Cette activité orientée vers les véhicules de série, représente environ 20 000 unités par an à travers le monde. Historiquement, nous avons toujours eu un, voire deux modèles Renault Sport mais aujourd'hui, pour la première fois, nous disposons de 3 modèles RS avec la Twingo, la Clio et aujourd'hui la Megane. Il s'agit de notre activité essentielle. Parallèlement, pour entretenir la notoriété de ces modèles RS, nous développons des voitures de course à partir de cette gamme. Il y a par exemple la Clio Cup pour les circuits et la Clio R3 pour le Rallye. Enfin, notre troisième et dernière activité consiste à la promotion du sport automobile et à l'événementiel automobile. Ainsi nous sommes organisateurs de courses, de trophées, etc. comme par exemple avec les World Series.

JA. Parmi ces métiers, quel est le plus important ?
RD. Renault Sport Technologies réalise un chiffre d'affaires proche de 400 millions d'euros où la compétition représente environ 10 %. Cependant, la compétition doit répondre à un business model. Nous ne faisons pas cela pour le plaisir. En revanche, l'événementiel fait partie de notre marketing.

JA. Etes-vous intéressé par l'IRC ou même le WRC qui évoluera bientôt avec des 1 600 cm3 turbo ?
RD. Nous avons beaucoup regardé le dossier IRC car il faut reconnaître que c'est intéressant. Mais nous n'avons pas réussi à mettre sur pied un business plan soutenable. Cela étant dit, vous comprendrez donc notre position sur le WRC ! Puis l'engagement sportif au service de la notoriété de la marque est en Formule 1.

JA. La Megane RS étant produite en Espagne et la Twingo RS en Slovénie, la Clio RS suffit-elle pour faire tourner l'usine de Dieppe ?
RD. Nous avons rapatrié l'ensemble des activités compétition à Dieppe. Ainsi la nouvelle Formule Renault 2.0 sera en totalité fabriquée ici. Je veux vraiment que l'usine Alpine reste le berceau de la compétition Renault et de la production de véhicules de compétition. Ceci étant, cela ne suffit pas et on peut imaginer que ce site se spécialise dans l'adaptation et la transformation de véhicules de grande série qui ne peuvent l'être dans les autres usines du groupe. Nous avons montré que nous étions très souples et réactifs. De plus, ce travail avec d'autres sites nous permet d'améliorer nos process ainsi que la qualité de nos productions.

JA. La Megane RS aura-t-elle, comme la génération précédente, une version Diesel ?
RD. C'est envisageable mais l'enjeu ne vaut pas forcément l'effort demandé. Ceci pour des raisons assez simples d'architecture. Dans cette famille de produits, le niveau de performance souhaité est obtenu avec le moteur Diesel M9 qui a été développé pour le bloc avant du Scenic donc, le placer dans le bloc avant du Coupé imposerait de toucher au haut du moteur Diesel, ce qui nous ferait perdre en performance. Mais cela reste possible. De plus, la RS Diesel précédente s'adressait à une clientèle différente, roulant davantage, et plutôt tournée vers la version 5 portes. Cela nous obligerait à développer une berline RS, ce qui n'est pas prévu.

JA. Combien coûte le développement d'un produit RS ?
RD. Cher ! La seule chose que je peux vous dire est que le programme doit trouver son équilibre économique.

JA. Enfin, un mot d'Alpine. Pouvez-vous revenir sur le gel de ce projet ?
RD. Le projet a été gelé à l'automne 2008. Nous étions bien tristes puisqu'après plusieurs tentatives, nous avions réussi à trouver une solution robuste où nous partagions le ticket d'entrée avec Nissan mais aussi une vraie complémentarité géographique pour la viabilité du produit. Malheureusement, du fait de la conjoncture, Nissan a suspendu le projet début octobre 2008. Sans eux, nous retrouvions nos vieux démons, à savoir une rentabilité impossible sur le seul marché européen avec ce produit 100 % Alpine. Renault Sport ou Alpine a besoin d'un produit 100 % spécifique, ne reposant pas sur un modèle de série, mais pour l'heure les conditions ne sont pas réunies.

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