Quand le VI se concentre…
...quelques mois s'opère ainsi une certaine concentration du secteur.
Ces dernières semaines, chaque jour apporte son lot d'allégation au sujet de la difficile alliance entre Man et Scania. Volkswagen, actionnaire des deux constructeurs et juge de paix, tente aujourd'hui de favoriser le rapprochement des deux acteurs. Récemment, celui-ci a même augmenté ses parts à 29,9 % (contre 20 % jusque-là) dans le capital du conglomérat allemand Man, pour peser de tout son poids dans ce mariage qui tarde à s'effectuer. Certains murmurent même que Volkswagen envisagerait la possibilité d'intégrer sa division véhicule utilitaire pour réaliser une fusion tripartite.
Si le constructeur de Wolfsburg met tant d'ardeur à défendre l'opportunité de cette alliance, c'est que chacun connaît les exigences auxquelles doivent faire face les fabricants de poids lourds actuellement. En Europe, comme aux Etats-Unis et au Japon, les autorités ont en effet renforcé, à l'horizon 2010, les restrictions concernant les émissions de gaz à effet de serre. Conséquence : les constructeurs sont dans l'obligation de réaliser d'importants investissements dans la R&D. Des sommes, trop importantes pour beaucoup d'acteurs, au regard des enjeux économiques en Asie, eux aussi générateurs d'investissements. Ces derniers mois, les alliances entre les différents fabricants se sont donc multipliées. Scania, s'est ainsi associé à Hino, filiale de Toyota, pour une distribution en Corée du Sud. En novembre dernier, Toyota prenait une participation de 5,9 % dans le capital de son compatriote Isuzu. Enfin rappelons que DaimlerChrysler détient aujourd'hui 85 % de Mitsubishi Fuso Truck & Bus Corp.
L'exemple Volvo
Le groupe Volvo, qui a, rappelons-le cédé son activité VL au groupe Ford en 1999, s'est depuis recentré sur le véhicule industriel. Après la reprise en 2001 de Renault Trucks et Mack Trucks, les deux marques PL du groupe Renault, Volvo a scellé, durant le mois de février, deux nouvelles acquisitions. Celles de Nissan Diesel, tout d'abord. C'est finalement en l'espace de douze mois que le constructeur suédois de poids lourds se sera emparé de son concurrent nippon. En s'adjugeant successivement 13 % en mars 2006, puis 19 % des parts que la maison mère de Nissan Diesel détenait dans sa filiale PL, Volvo avait déjà fait étalage de ses ambitions en la matière. La transaction a donc pris une tout autre ampleur avec l'annonce de l'OPA "amicale" lancée par la marque suédoise à l'encontre du constructeur japonais. Une offre publique d'achat évaluée à 812 millions d'euros, rapidement acceptée par le conseil d'administration de Nissan Diesel. Les deux protagonistes attendent désormais l'approbation des autorités de surveillance de la concurrence. Un accord que chacun attend avant le 29 mars prochain. Au final, le constructeur suédois aura déboursé un peu plus de 1,4 milliard d'euros pour s'approprier son homologue nippon. Une acquisition qui devrait donner à Volvo l'occasion de voir passer ses parts de marché à près de 25 % en Asie, contre moins de 10 % actuellement. Le constructeur suédois estime, en outre, que cette acquisition devrait permettre, grâce notamment au groupement des achats et de la recherche, une économie de l'ordre de 260 millions d'euros par an. Une aubaine, dans le contexte actuel. Mais le constructeur suédois ne s'est pas arrêté là. Dernièrement, il s'est emparé, pour près d'un milliard d'euros, de l'activité engins de construction de routes de l'américain Ingersoll Rand. D'autres annoncent même des discussions avec le chinois Dongfeng Motor Group, pour un hypothétique remplacement de Nissan Motor comme partenaire pour la fabrication de VU lourds ou moyens lourds. A l'image du groupe de Göteborg, ce sont tous les acteurs du marché qui multiplient les accords. Qui tentent, tout au moins…
David Paques
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