Quand la réalité est rattrapée par la finance
Quant à l'Europe, si le repli est moins marqué, pour l'heure, la situation pour cette fin d'année, mais surtout pour 2009, s'annonce également bien morose. "Aucun pronostic sérieux n'est actuellement possible pour le reste de l'année 2008", a indiqué Norbert Reithofer, le président de BMW. Seules choses sûres pour lui : son groupe affichera encore un résultat "nettement positif" sur cet exercice, mais le record de ventes établi en 2007, 1,5 million d'unités, ne sera pas battu. "Nous sommes encore loin d'avoir surmonté la crise financière, particulièrement ses conséquences sur l'économie réelle en 2009", prévient Norbert Reithofer. Et pour ne rien arranger, même les marchés qui doivent assurer la croissance mondiale ralentissent. Ainsi, les ventes en Chine n'ont progressé que de 11 % depuis le début de l'année. Une situation obligeant, là encore, les constructeurs à s'adapter en réduisant la voilure. PSA a ainsi confirmé la suppression de 1 000 postes en contrat temporaire sur son site de Wuhan.
Les conséquences de la crise financière n'étaient pas prévisibles dans leur ampleur et leur rapidité
Si la France fait encore figure d'exception avec une croissance de 2,3 % sur les 10 premiers mois de l'année (- 7,3 % en octobre voir pages 36 à 38), ses principaux voisins ont abandonné toutes idées de croissance et même de stagnation. L'Espagne affiche - 40 % en octobre, la Grande-Bretagne - 23 %, l'Italie - 18,9 % et l'Allemagne - 8 % (voir tableau). Le président de la fédération allemande des constructeurs, Matthias Wissmann, a estimé que les conséquences de la crise financière n'étaient "pas prévisibles dans leur ampleur et leur rapidité." La perte de confiance liée à la crise financière a donc été plus rapide que prévue. Toutefois, selon l'institut italien CSP, qui reconnaît que son enquête de confiance dans le secteur automobile a atteint son plus bas niveau depuis sa création en 1993, certains signes pourraient donner une impulsion significative à la demande une fois cette crise de confiance dépassée. En effet, selon CSP, "la baisse des prix du carburant" et "le recul du coût de l'argent" constatés aujourd'hui vont dans ce sens. Une baisse des taux primordiale après le resserrement du crédit ces dernières semaines. Rappelons qu'en Europe de l'Ouest, comme dans la majorité des pays matures, 2 voitures sur 3 sont achetées à crédit.
Photo : Avec un recul de 45 % en octobre, GM a enregistré l'un des pires mois de son histoire. Le marché américain a reculé de 31,9 % sur cette période pour afficher - 14,6 % depuis le début de l'année.
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