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Constructeurs

Pininfarina investit dans l'ingénierie

Publié le 10 octobre 2003

Par Alexandre Guillet
6 min de lecture
Avec le rachat de Matra, Pininfarina confirme sa volonté de développer son activité ingénierie au service des constructeurs. La production de petites séries est l'activité essentielle du carrossier Pininfarina : le Coupé 406, dont le 100 000e exemplaire est sorti de ses chaînes en juin dernier,...

...le Mitsubishi Pajero Pinin, les Alfa Romeo Spider et GTV, et dernièrement la Ford Streetka. Au total, entre 40 et 45 000 véhicules sortiront de ses chaînes en 2003, pour un potentiel de 65 000 unités. Avec 60 % de sa production consacrée au cabriolet, Pininfarina s'est associé avec Webasto, spécialiste du toit ouvrant, pour créer un joint-venture en 2002 et ainsi être en mesure de continuer à répondre à la demande des constructeurs sur cette niche en fort développement. Néanmoins, les 17 millions d'euros investis dans cette société commune, Open Air Systems, qui compte 150 employés, n'ont pas encore permis de remporter de contrat portant sur les véhicules à toit rétractable en dur.

L'ingénierie doit représenter 30 % de l'activité

Soucieux de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, Pininfarina a réalisé d'importants investissements, 12 millions d'euros, pour créer un centre d'ingénierie à Turin. L'inauguration de ce site en octobre 2002 marquait l'élargissement de son activité de styliste, designer, producteur de petite série, sous la marque Pininfarina, à celle de fournisseur de solution en sous-traitance pour les constructeurs. Ainsi, le styliste de Ferrari, l'assembleur pour Mitsubishi d'un futur véhicule, est aussi en contrat avec Volvo, Jaguar et des constructeurs chinois pour un pur travail d'ingénierie. L'acquisition de Matra pour 17 millions d'euros entre dans cette stratégie de développement de son activité ingénierie. Comme l'explique Andrea Pininfarina, administrateur délégué de Pininfarina SpA, "le rachat de Matra nous apporte une compétence technique complémentaire, en particulier sur la conception du châssis". Encouragé par les constructeurs pour racheter Matra, le patron de Pininfarina estime que la demande de sous-traitance va s'accroître : "Les constructeurs travaillent sur la conception des plates-formes et ont de plus en plus recours à des acteurs tels que Pininfarina pour développer sur ces bases des véhicules de niches." L'objectif de Pininfarina est de voir passer la part de l'ingénierie dans son chiffre d'affaire à 30 %, contre 6 % en 2000.


Xavier Champagne


 





QUESTIONS A

Andrea Pininfarina, administrateur délégué de Pininfarina SpA


"Matra nous apporte une compétence complémentaire en matière de carrosserie"


Journal de l'Automobile : Vous venez de conclure le rachat de Matra Ingénierie, quelles en sont les modalités ?
Andrea Pininfarina : Nous avons validé le rachat en mai et la signature définitive a eu lieu le 16 septembre. Comme annoncé, nous avons repris l'ensemble de l'activité ingénierie de Matra Automobile, soit le bureau d'études de Trappes, le centre d'essais de Mortefontaine et la division de design D3. L'ensemble est désormais regroupé dans une société dénommée Matra Ingénierie. L'opération a été entièrement autofinancée et représente un investissement de 17 millions d'euros, qui seront versés sur trois ans, de 2003 à 2005.


JA. Qu'est-ce qui a motivé cette acquisition ?
AP. Matra Ingénierie nous apporte une compétence complémentaire en carrosserie. Avec son expérience en tant que constructeur, Matra apporte un savoir-faire en matière de mécanique, de liaisons au sol, de conception de châssis. Au niveau de la carrosserie aussi Matra nous apporte une plus-value. Ses ingénieurs ont développé des techniques originales sur la base de matières qui se présentent comme des alternatives à la tôle. Enfin, le centre d'essais de Mortefontaine, outre le fait qu'il est rentable, nous permet d'apporter un service supplémentaire à nos clients.


JA. Le projet de petit véhicule M72 ne fait pas partie du deal ?
AP. Non, comme tous les projets développés par Matra. Le groupe Lagardère en conserve la propriété intellectuelle ainsi que la responsabilité, en continuant à assurer à travers Matra Automobile la fourniture des pièces de rechange pour les véhicules en circulation.


JA. En juillet 2002, vous avez cessé l'assemblage des Peugeot 306 Cabriolet et le constructeur a choisi l'Allemand Car Top System (CTS) pour réaliser les modules de toit de sa 307 CC. Vous ne disposez pas de cette technologie ?
AP. Si, nous en avons la capacité technique grâce à notre joint-venture, Open Air Systems, créé en 2002 avec le spécialiste du toit ouvrant Webasto. C'est surtout un choix stratégique de Peugeot de diversifier ses partenaires.


JA. Toujours est-il que l'arrêt de la 306 Cabriolet a fait chuter votre volume de production de 35 %, à 27 000 unités en 2002, et votre CA de 30 %, à 485 millions d'euros. Comment se présente l'année 2003 ?
AP. Au premier semestre, nous avons accru notre CA de 37 %, à 409 millions d'euros, et notre résultat avant impôt de 48 %, à 12 millions d'euros. Cette amélioration est liée à l'augmentation de nos deux activités, production et ingénierie. Nous avons démarré l'assemblage de la Ford Streetka, pour un volume d'un peu plus de 20 000 véhicules cette année, ce qui nous permet de tabler sur un volume total de production de 40 à 45 000 véhicules en tout. Côté ingénierie, nous avons de nouveaux clients, Volvo et deux constructeurs chinois. Nous avons par ailleurs des projets avec deux autres constructeurs chinois ainsi qu'avec Peugeot.


JA. Avez-vous des projets en matière de production ? Vous devrez notamment faire face, sans doute d'ici 2005, à l'arrêt de production du Coupé 406 ?
AP. Le 406 Coupé a été restylé en mai dernier, il a donc encore un bel avenir devant lui. Pour répondre à votre question, nous n'avons effectivement pas de programme de production future prévu avec Peugeot. En revanche, nous avons des projets avec nos autres clients, Ford, Mitsubishi et Alfa Romeo pour 2005-2006.


JA. Comment Matra va-t-il s'intégrer dans votre organisation ?
AP. Matra reste une entité indépendante. Nous allons intégrer certains éléments de back office qui méritent d'être centralisés, sans suppression d'emploi, tels que l'administratif, mais pour le reste nous maintenons l'indépendance. Pour ma part, j'assure la direction de Matra Ingénierie et mon rôle sera notamment de veiller à une bonne circulation de l'information entre ingénieurs et commerciaux des deux entités.


JA. Quels sont vos objectifs pour Matra ?
AP. Cette année, l'entreprise devrait dégager un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros (NDLR : rien à voir avec celui de 2001, 1,141 milliard d'euros) et nous tablons sur une progression à 50 millions d'euros en 2005.

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