PGO : L'invraisemblable pari
...en passe de réussir. Rencontre.
Si outre-Manche les petites marques automobiles sont légion, en France, elles sont quasiment en voie de disparition. La fin de l'aventure Michel Hommell, avec sa Berlinette, nous le rappelle tristement. Il faut donc saluer les résistants et en particulier PGO Automobiles qui, depuis 1998, a mis en place une vraie stratégie pour sortir de l'artisanat et de l'anonymat. Une volonté d'Olivier Baudouin, président du directoire de PGO, et de Laurent Skrzypczak, membre du directoire, qui ont racheté il y a 5 ans. Jusqu'ici, PGO était un "répliqueur" qui jetait son dévolu et sa passion sur la Cobra et la Porsche 356 Speedster, rendue célèbre par James Dean. Une décennie 80 où Pierre Gérard et deux de ses frères, tous trois créateurs de la société PGO (Pierre Gérard Organisation), vont développer leur business en proposant des kits de leurs répliques à monter soi-même, puis ensuite des versions montées. La décennie suivante verra le recentrage de l'activité sur la seule 356 Classic avant que la stratégie ne change avec l'arrivée des nouveaux patrons et de nouveaux capitaux. Car l'explication est là : le passage de l'artisanat à une production en série semi-industrielle demande beaucoup d'argent. "Pour arriver à une production de 500 à 700 unités en 2004, nous aurons investi près de 10 millions d'euros à la fin de l'année", indique Olivier Baudouin. Lorsque l'on regarde l'objectif de production à l'horizon 2006, entre 1 500 et 1 700 véhicules escomptés, on imagine le travail qu'il reste à fournir et les capitaux qu'il faudra encore trouver, même si cette montée en cadence sera sûrement moins dévoreuse d'euros que le chemin parcouru jusqu'ici. Les deux associés ont bien évidemment mis de l'argent dans cette aventure - environ 3 millions d'euros -, mais le reste a été levé en Bourse où la société a fait son entrée sur la place parisienne en 2002. Toutefois, ce montant n'est pas pour autant une garantie de succès, faut-il encore que les produits plaisent, que les infrastructures soient adaptées tant en termes de production que de distribution.
Un nouveau modèle au Mondial 2004
Pour cette année 2004, que l'on pourrait qualifier de montée en puissance, le constructeur de Saint-Christol lez Alès, dans le Gard, compte livrer entre 500 et 700 Speedster II. Un modèle très récent et développé depuis l'arrivée de Laurent Skrzypczak et Olivier Baudouin dont la carrosserie reste inspirée par le modèle mythique de Porsche. La 356 Classic reste toutefois au catalogue, avec des volumes plus confidentiels : une cinquantaine de commandes par an. Le Speedster II, qui a fait l'objet d'une homologation en petites séries européennes, reste dans l'esprit du modèle phare de la marque, mais n'a plus aucune pièce en commun si ce n'est la grille du capot arrière et la baguette de celui à l'avant. Il s'agit là d'une réinterprétation du mythe à la sauce française. En effet, si la peau de ce petit roadster trouve incontestablement son inspiration outre-Rhin, son cœur est français. Le fournisseur des moteurs, boîtes, calculateurs, freins, trains roulants et directions n'est autre que Peugeot. "Quelquefois, d'aucuns nous reprochent un certain manque de noblesse mécanique, confie Olivier Baudouin, mais je réponds immédiatement que Peugeot a été champion du monde des rallyes et il s'agit bien de rouler sur la route ! ! !" Le Speedster II est donc mu par le 2,0 l 16S de 138 ch du groupe PSA Peugeot-Citroën, ce qui est plutôt une bonne chose lorsque l'on se réfère déjà aux performances d'une 206 S16 qui en est également équipée. Mais cet ensemble mécanique, disposé en position centrale transversale, dans une auto qui ne pèse que 930 kg, va encore en surprendre plus d'un. Les sensations sont omniprésentes. On reproche souvent aux voitures d'aujourd'hui de les gommer systématiquement. Alors, que ceux qui s'en plaignent essayent le Speedster II. La position de conduite, tout en restant confortable, est plus proche de celle d'un kart que de celle des petits bolides que l'on connaît maintenant dans la grande série. Dans la montée de la Corniche des Cévennes, le Speedster II, avec ses 138 chevaux, ne peine pas et distille un plaisir devenu rare. Cependant, pour ceux qui en souhaiteraient encore davantage, PGO va présenter la RSR au prochain Salon du Coupé et du Cabriolet, qui a d'ailleurs choisi le Speedster II pour son affiche officielle (voir encadré). Il s'agit toujours d'un roadster à la ligne craquante mais doté de la nouvelle version du 2 litres PSA développant 180 ch qui équipe notamment la 206 RC. Vivement notre prochain passage dans le Gard ! On le voit donc, le plan produit est riche et séduisant, d'autant qu'un nouveau véhicule devrait être présenté durant le Mondial de l'Automobile 2004. "Un troisième Mondial de suite qui sera le premier pour nous en tant que vrai constructeur, muni d'une gamme de quatre modèles", commente Olivier Baudouin, emprunt d'une certaine fierté.
Les chiffres clés de PGO Automobiles |
Avec le Speedster II, la qualité est montée d'un cran
Les ingénieurs et les bureaux d'études ne chôment donc pas, tout comme les 88 salariés qui composent PGO. "Aujourd'hui, notre ligne de production sort une voiture par jour, mais d'ici l'automne prochain ce chiffre journalier devrait atteindre trois à quatre", indique Olivier Baudouin. En effet, l'entreprise va encore connaître une forte croissance en 2004 puisque l'objectif salarial a été fixé à 130 personnes. "Afin d'augmenter la productivité, nous allons doubler, voire tripler certains postes, mais il est prévu de conserver une seule ligne de montage", poursuit le président du directoire. Un outil industriel qui s'étend sur plus de 14 000 m2, dont 8 000 d'ateliers, dans la bourgade de Saint-Christol lez Alès, en proche périphérie d'Alès. De la zone où l'on réalise les coques en polyester injecté à la cabine de peinture en passant par la ligne proprement dite d'assemblage, PGO a recherché et maintenu un effort constant pour obtenir une qualité à la hauteur de ses ambitions. Certes, le Speedster II n'est pas une voiture compliquée techniquement. L'objectif était d'ailleurs de faire "une voiture simple, agréable, où le plaisir est constant, tout en restant abordable", selon Olivier Baudouin, mais aujourd'hui les exigences des clients ont été revues à la hausse. "Nous avons exigé de notre fournisseur de châssis une tolérance de 0,2 mm pour les distances entre les points durs de ce dernier. Donc, de la même manière, notre fabrication en usine doit répondre à des critères de qualité très stricts. Simple exemple : il y a encore quelques années, le remplacement d'une porte demandait toujours un travail supplémentaire de réglage, voire d'adaptation. Aujourd'hui, chaque pièce du Speedster II est changeable sans opérations supplémentaires d'ajustement ou quelconques complications", affirme le président du directoire. Ce point concerne exclusivement la carrosserie car, côté mécanique, comme nous l'avons vu précédemment, cette dernière étant sochalienne, PGO trouvera son bonheur dans le réseau Peugeot. Le réseau est justement l'un des points que la jeune équipe à la tête de PGO a soigné car, comme pour les grands constructeurs, si le réseau ne possède pas suffisamment de points de vente, les voitures pourront être superbes mais rester sur le parking de l'usine.
PGO fait son Show ! Lors du prochain Salon du Cabriolet et du Coupé, PGO sera bien évidemment de la partie et même sur l'affiche officielle de cette 15e édition. C'est en effet l'intérieur du Speedster II qui est mis en avant. Une manifestation qui se déroulera Porte de Versailles, à Paris, les 2, 3 et 4 avril prochains. Le plateau s'annonce bien, avec la quasi-totalité de l'offre commerciale actuelle, comme la Mercedes McLaren SLR. Côté hommage, après Aston Martin, Lamborghini, Ferrari et Rolls Royce, la rétrospective sera cette année consacrée à Maserati. L'autre point d'orgue du Salon sera le Cabrio-Show, avec un défilé mariant l'automobile et la mode sous la houlette de 5 créateurs. |
Le développement de PGO passe également par l'étranger
"Aujourd'hui, nous disposons d'une quinzaine de concessionnaires qui sont bien évidemment multimarques, indique Olivier Baudouin. Nous nous appuyons également sur les vendeurs de VO de prestige." La société PGO est présente à Paris, Angers, Cannes, Montpellier, Lyon, Bordeaux, Arcachon, Mulhouse, Sarreguemines, Béziers, La Baule et Tarbes. Il y a même un peu d'exotisme dans le réseau avec l'Ile de la Réunion, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Un maillage encore imparfait mais qui, aujourd'hui, correspond aux capacités de la marque. Cependant, avec la montée en puissance du Speedster II et avec le futur modèle présenté cet automne, les choses pourraient évoluer. Olivier Baudouin est d'ailleurs pleinement satisfait de son réseau actuel en ce qui concerne la France, même s'il ajoute : "Une fois que le volume de production aura atteint les 1 000 à 1 500 unités par an, il faudra le faire évoluer et le rendre européen, et aucune porte n'est fermée. Le densifier sera nécessaire." Le travail a déjà commencé au niveau européen puisque, durant l'année écoulée, deux concessions ont été ouvertes en Espagne, une en Italie et une en Belgique. La Suisse, elle, a vu la mise en place d'une structure spécifique, PGO Suisse.
PGO n'est donc plus un "répliqueur mais un constructeur", comme le souligne Olivier Baudouin. Certes, il est encore petit, mais il s'est donné les moyens d'assurer sa croissance.
Christophe Jaussaud
3 questions àOlivier Baudouin, président du directoire de PGO Automobiles. Le Journal de l'Automobile : Qu'est-ce qui vous a poussé à relever le challenge PGO ? J.A. : Aujourd'hui, vous commencez à recueillir les premiers fruits de vos investissements, la gamme s'étoffe et les ventes augmentent. Avec le recul et bien que l'aventure ne soit pas encore terminée, quel est jusqu'ici le plus grand obstacle que vous ayez rencontré ? J.A. : Le réseau est l'élément clé du succès dans l'automobile. Vous comptez aujourd'hui 15 points de vente en France, comment imaginez-vous ce dernier dans cinq ans si vos objectifs sont atteints ? |
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.