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Constructeurs

Peugeot et les grands comptes

Publié le 27 juin 2008

Par Armindo Dias
5 min de lecture
Elle a beau être française, la marque au lion n'a pas forcément partie gagnée avec les multinationales évoluant sur le territoire. Ces dernières tiennent de plus en plus compte d'autres paramètres. La preuve avec les géants Bouygues et Sanofi-Aventis.Les...

...constructeurs n'ont plus le choix. Ils doivent faire des efforts afin que tout ou partie de leurs modèles soit référencé par les multinationales. "Nous sommes de plus en plus sensibles aux niveaux de consommation et aux rejets de CO2, confirme Renaud Sornin, directeur achat au sein du GIE Bouygues Construction Achats. Nous ne souhaitons pas que le TCO de notre flotte s'envole avec la mise en place du bonus-malus et l'envolée du prix des carburants. Nous avons déjà estimé que la hausse du prix du gazole de ces derniers mois nous a coûté, sur un an, 7 Me." Et pour cause : le GIE Bouygues Construction Achat gère une flotte de 9 000 véhicules, ces derniers, tous alimentés en Diesel et composés à la fois de VP et de VUL, faisant l'objet de contrats de fleet management auprès des loueurs ING Car Lease, Arval et Parcours (ils prennent en charge le financement, l'entretien et la revente). Tous les véhicules sélectionnés par le GIE à l'occasion d'un nouvel appel d'offres sont donc étudiés à la loupe, qu'ils soient de marque Peugeot, Citroën, Renault, BMW, Volkswagen, Volvo ou encore Mercedes (la durée moyenne de leur détention oscille dans une fourchette allant de 24 à 36 mois chez Bouygues Construction).

 "Avec le reste du groupe Bouygues, nous achetons chaque année environ 1 400 véhicules de marque Peugeot, poursuit Renaud Sornin, le groupe de BTP tenant donc aussi compte des prix d'achat nets et des valeurs de revente des véhicules sélectionnés. Nous leur commandons essentiellement des 207, 307 et 308 Hdi, des modèles qui ont plutôt une bonne valeur résiduelle." La marque au lion aurait toutefois intérêt à ne pas se reposer sur ses lauriers. En effet, certains responsables de grands comptes estiment que le constructeur s'est quelque peu "assoupi" en matière environnementale ces dernières années. "Nous regrettons notamment qu'il n'y ait pas déjà de motorisation hybride - Diesel et électrique - sur leur 308, illustre Renaud Sornin, ce dernier estimant aussi que Peugeot a globalement une politique commerciale beaucoup moins agressive que celle de ses concurrents (Ndlr : le constructeur serait notamment moins généreux au niveau des remises). En fait, aujourd'hui, nous aimerions pouvoir exploiter des véhicules de la taille d'une 205 émettant moins de 100 grammes de CO2 par km. Cela nous permettrait de diminuer notre consommation de carburant, de réduire notre TVS et de réaliser une économie de 300 euros par véhicule grâce au bonus-malus." Des économies également recherchées du côté du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis.

12 % de véhicules Peugeot

Désormais, toutes ses commandes font l'objet d'une demande d'informations à caractères économique et écologique auprès des loueurs avec lesquels il travaille, Sanofi-Aventis faisant de la LLD avec Arval et GE Fleet Services. "Chaque trimestre, nous souhaitons connaître la consommation de carburant de notre flotte et son rejet total de CO2, indique Philippe Tresse, directeur achats chez Sanofi-Aventis (Ndlr : il a notamment en charge les flottes du groupe en France). Nous sommes de plus en plus sensibles à ces deux paramètres, qui dépendent pour partie du poids des véhicules et de leurs motorisations. Via nos partenaires loueurs, nous incitons donc les constructeurs à poursuivre leurs efforts en matière de lutte contre les rejets de CO2." Et ce, même si la flotte du groupe pharmaceutique se veut déjà plutôt vertueuse : elle est majoritairement composée de modèles émettant de 130 à 150 grammes de CO2 par km, ladite flotte totalisant de 4 000 à 4 200 véhicules - VP et VU - dans l'Hexagone (ils font globalement l'objet de contrats de 3 ou 4 ans avec des kilométrages annuels allant de 80 000 à 100 000 km). "Nous avons, par ailleurs, opté depuis déjà quelques années pour des motorisations d'environ 110 ch, ajoute Philippe Tresse, les véhicules de la flotte du groupe pharmaceutique incluant à la fois des marques nationales et étrangères, ces dernières étant présentes à hauteur de 40 %. Nous sommes surtout équipés de Passat, d'Audi A3 et A4, de Laguna, de C4 Picasso, de 307, 407 et à l'avenir de 308."

La flotte française de Sanofi-Aventis est aujourd'hui composée de véhicules Peugeot à hauteur de 12 % (16 % au niveau du groupe PSA). Mais la marque au lion pourrait y voir sa part stagner : des modèles lancés récemment par d'autres marques intéressent de plus en plus le groupe pharmaceutique. "La part des marques françaises dans notre flotte devrait s'accroître, notamment avec le lancement de la nouvelle C5, révèle le directeur achats de Sanofi-Aventis. Ce modèle a d'ores et déjà reçu un excellent accueil auprès de nos collaborateurs." Peugeot doit donc plus que jamais travailler sa relation client et prendre à bras-le-corps le problème du développement durable à travers la consommation de carburant et les émissions de CO2. Il s'agit pour la marque au lion de ne pas se laisser distancer par d'autres marques sur le marché des flottes, y compris d'autres marques françaises. "Et ce, même si elle fait globalement très attention à la perception qu'ont ses clients de la valeur d'acquisition de ses véhicules et surtout de leur valeur résiduelle auprès des loueurs", estime Philippe Tresse. Une chose est sûre, tous les constructeurs doivent prendre au sérieux les nouvelles attentes des grands comptes, ces derniers cherchant aussi à réduire leur consommation de carburant en misant sur l'éco-conduite. "Nous allons prochainement proposer ce type de formation à nos collaborateurs, révèle ainsi Renaud Sornin, du GIE Bouygues Construction Achats. Il s'appuiera sur un site de e-learning développé en partenariat avec le groupe Axa." Le rapprochement entre le prix de l'essence et celui du Diesel ? A court terme, il ne devrait pas modifier la composition des flottes, le Diesel ayant encore de très nombreux avantages. "Avec le diesel, 80 % de la TVA est récupérable, rappelle Renaud Sornin. La valeur de revente d'un véhicule Diesel reste par ailleurs plus élevée que celle d'un véhicule essence."

Photo : Des grands comptes souhaitent que la marque au lion propose rapidement des motorisations hybrides, notamment sur la 308. Ils cherchent tous à réaliser des économies.

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