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Constructeurs

Peugeot 207 : En ballottage favorable

Publié le 31 mars 2006

Par Christophe Jaussaud
7 min de lecture
Etre le "fils ou la fille de" n'est pas facile. Comme succéder à la 206 ! Voilà toute la délicate mission de la 207. Perpétuant la série 2 de Peugeot, cette nouvelle reine du segment B est pétrie de qualités mais… Un carré d'as. Non les dirigeants de Peugeot ne se...

...sont pas mis au poker, mais avec l'arrivée de la 207 c'est ainsi qu'ils définissent leur offre sur le segment B. Avec la 207 donc, mais aussi les 107, 1007 et 206 qui restent au catalogue (voir encadré), Peugeot veut asseoir encore un peu plus sa position sur ce segment de marché. Entre 1998 et 2005, alors que la part de ce dernier est passée de 31 à 33 % du marché européen, les ventes de Peugeot y ont progressé de 85 %. Et Peugeot estime que le marché va croître d'une manière similaire les cinq prochaines années. La 207 devra y jouer un rôle majeur. En effet, Peugeot compte réaliser avec sa nouvelle citadine la même performance qu'avec la 206. En chiffres, cela représente plus de 500 000 unités en 2007 à comparer aux 570 800 unités que la 206 avait atteints en 1999, sa première année pleine de commercialisation. Rappelons que la famille 206 a connu son pic de production en 2002 avec 843 900 unités sorties des usines du groupe français (JA N° 945). A l'échelle française, qui devrait représenter environ 27 % de cet objectif, la 207 devra donc séduire 135 000 clients en 2007. Une fois de plus, nous sommes encore loin des 155 000 immatriculations de la 206 en 1999 et des 211 000 unités de 2001. Cependant, le marché et le segment B en particulier ont profondément évolué. En effet, la sous-segmentation est passée par là et il faut également prendre en compte les ventes des 107, 1007 et 206, pour pouvoir soutenir la comparaison avec l'époque où la marque au Lion ne pouvait compter que sur la 206 et une 106 vieillissante. L'objectif ne semble donc pas irréaliste pour cette nouvelle lionne, comme celui de Peugeot sur l'ensemble de ce segment d'autant que l'on a déjà vu les bienfaits de cette stratégie chez Citroën. Dès le 6 avril prochain, la 207 pourra compter sur 4 motorisations dont 2 Diesel (1.6 HDI 90 et 110 chevaux) qui devraient représenter environ 70 % des ventes hexagonales. A l'échelle du Continent, l'essence devrait dominer, légèrement, avec 52 % des ventes selon le constructeur.





FOCUS

La 206 poursuit sa route


La 207 ne remplace pas la 206 mais lui succède. En effet, la 206, la Peugeot la plus vendue de l'histoire de la marque poursuit sa route. En effet, elle reste produite dans 8 usines à travers le monde et de récents événements confirment qu'elle sera au catalogue de nombreux pays pour encore plusieurs années.
Souvenez-vous, l'automne dernier la carrosserie tricorps était lancée et en janvier 2006 elle a fait son entrée sur le marché chinois. En Europe, elle aura également un rôle important à jouer. D'une part, en attendant les nouveaux pétales de la famille 207 (qui arriveront plus vite dans le cycle de vie), ceux de la 206 comme la CC et la SW restent disponibles. Puis d'autre part, une gamme simplifiée des versions 3 et 5 portes demeurera.
Cette offre de l'ex-star tiendra également le rôle d'un pare-feu pour la 207. En effet, si, comme attendu, la guerre des prix s'intensifie dans les mois à venir la 206 pourra plus facilement participer à la bataille permettant à Peugeot de ménager ses marges sur la 207.

Les moteurs souffrent des 150 kilos pris…

Lors du lancement de la 307, Bruno de Guibert expliquait la démarche créative de Peugeot pour remplacer la 306. Deux choix se présentaient alors : faire une "306 +" ou aller vers une nouvelle architecture, quelque chose de complètement nouveau. Cette deuxième solution a été choisie avec le succès que l'on connaît aujourd'hui. Pour la 207, le constructeur sochalien semble avoir privilégié la piste +. La 207 est en effet une 206 remise à niveau et aux goûts du jour. Plus grande, plus sûre, plus chère, mais aussi plus lourde, bref, dans l'air du temps. Et Frédéric Saint-Geours répète à l'envi que la 207 est bien une nouvelle génération de la série 2. Cette série magique comme le rappelle Christian Peugeot, le directeur de la communication du Lion. Si techniquement, il n'y a effectivement plus grand-chose à voir, la filiation de la 207 avec sa devancière est vraiment très forte. On pourrait presque dire que la 207 est une réinterprétation de la 206… WRC. Gérard Welter, le chef du design, confirme cette impression. Il raconte que c'est en 2002, au retour d'un voyage sur le rallye de Chypre, que le design de la 207 lui est apparu clairement. Certes, ces traits confèrent à la 207 une forte personnalité, suggèrent même un caractère encore plus trempé que la 206, mais… il y a un mais. En effet, en attendant les nouvelles motorisations essence issues d'une coopération avec BMW (JA N°902), le ramage de la 207 n'est pas à la hauteur de son plumage. Le 1.6 16 V 110 ch essence se montre ici moins vaillant que sur la 206, notamment en termes de reprises, tout en affichant une consommation légèrement supérieure. Mêmes commentaires concernant les motorisations Diesel à l'exception de la consommation qui reste identique. Le HDi 110 chevaux, qui coiffe la gamme, se montre très agréable notamment grâce à son couple et sa disponibilité, silencieux, mais n'offre pas au final les mêmes performances que sous le capot d'une 206 ! Les moteurs donnent tout ce qu'ils peuvent mais les 150 kilos pris par ce nouvel opus viennent annihiler une partie de leur bonne volonté. Pour autant la 207 n'est pas sous motorisée, elle fait même mieux que la concurrence à certains égards, mais le "plaisir intense" promis et le dynamisme suggéré par le design ne sont pas au rendez-vous ! Un paradoxe sur lequel il serait toutefois injuste de rester, car la 207 a de nombreux atouts.

...mais la sécurité y gagne

Basée sur la plate-forme 1 du groupe PSA, la 207 voit toutes ses cotes augmenter par rapport à la 206. La longueur, la hauteur et la largeur gagnent respectivement 20, 4,5 et 7 cm. L'empattement gagne quant à lui 10 cm. C'est même 8 cm de plus que sur la plate-forme 1 standard. De nouvelles données qui offrent, également grâce au travail sur les trains, dont un nouveau à l'arrière, un comportement routier digne du passé sochalien. Toutefois, il faudra attendre des mécaniques plus puissantes pour être définitif. Quant aux 150 kilos supplémentaires, s'ils font "mal" aux mécaniques, c'est tout l'inverse en termes de sécurité notamment. En effet, si le chapitre sécurité représente 60 des 150 kilos, le résultat est de 5 étoiles à l'Euro N-Cap, 4 pour la protection des enfants et 3 pour la protection des piétons. De la même manière la très nette amélioration de la qualité des matériaux, notamment dans l'habitacle, en représente 50 de plus. Une bonne prise de poids serait-on tenté de dire tant l'écart avec la 206 devait être comblé. La planche de bord, comme le plus grand nombre des plastiques, sont là pour témoigner de l'évolution de l'espèce. En fait, plus rien à voir avec la "génération" précédente et même avec la cousine C3 qui sur ce point se montre aujourd'hui en retrait. Pour en finir avec la balance, il faut encore attribuer 40 kilos à la croissance de l'auto pour que l'addition soit juste.
Un bilan ? La 207 est bien née. Il est toutefois dommage qu'il existe ce décalage entre l'image de dynamisme qu'elle dégage et la réalité. Elle est donc en ballottage favorable. Le deuxième tour, avec le petit bloc 1.6 litre décliné en une version atmosphérique de 118 chevaux mais surtout une suralimenté injection directe de 150 chevaux et pourquoi pas le bloc 2.0 HDi 136 chevaux devraient convaincre les indécis.


Christophe Jaussaud

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