Michel Leclerc ? Ce n’est qu’un début
...Michel Leclerc, à savoir une libéralisation (presque) absolue du commerce automobile, accompagnée de fortes remises, correspond bien à une attente primordiale des consommateurs. Si l'on en avait envie, on pourrait d'ailleurs leur demander leur avis, tout simplement… sans tourner autour du pot. Une seule question suffirait, du type : "Si vous pouviez choisir entre une forte remise et un accueil triomphal, plein de sourires et de services dans des locaux somptueux, où effectueriez-vous votre achat ?" Il n'y aurait sans doute que quelques maso-snobs, aficionados du slogan "Viens chez moi, c'est plus cher !", pour choisir la deuxième formule. Monsieur Michel Leclerc n'a pas bien lu le règlement européen ; mais il est possible que les faits lui donnent raison avant même qu'un nouveau règlement ne vienne remplacer celui-ci. Les constructeurs et les réseaux officiels sont en train de perdre l'occasion de se rénover, dans le cadre d'une réglementation raisonnable : c'est de là que vient, pour eux, le danger... c'est de là que naissent les initiatives et, à terme, les succès des outsiders. Il y aura d'autres Michel Leclerc.
L'immobilisation générale est décrétée
Les constructeurs, enfermés dans leur logique archaïque, essaient-ils de tout bloquer, d'empêcher toute évolution positive du commerce automobile ? Malheureusement, c'est bien ce qui semble transparaître à la lecture des contrats proposés aux concessionnaires. Lesquels, tout en maugréant comme d'habitude, signent comme d'habitude, avant lecture, et se rassurent comme d'habitude, puisque rien n'a changé… Mais tout va changer. Simplement, les artisans du changement seront
ZOOMA lire avant de signer ! En modifiant très sensiblement les règles du jeu de la distribution automobile, le nouveau règlement européen entend donner plus de libertés aux concessionnaires et agents. Encore faut-il savoir lesquelles. Après un premier ouvrage critique sur le système de distribution, Ernest Ferrari décortique dans ce deuxième livre, Réglementer, les conséquences concrètes du texte adopté par Bruxelles et qui entrera en vigueur le 1er octobre prochain. Une lecture fort utile avant de signer les contrats que préparent aujourd'hui les constructeurs. |
Irréguliers ou précurseurs ?
Monsieur Michel Leclerc deviendra-t-il un "irrégulier", dans le sens que nous avons donné à ce terme ? S'approvisionnera-t-il en véhicules neufs, sans être distributeur ou mandataire ? Les revendra-t-il à la clientèle sans y être autorisé par les constructeurs concernés ? S'il le fait, c'est qu'il aura trouvé un ou plusieurs fournisseurs, "irréguliers" eux aussi. Il sera sans doute sanctionné, ainsi que ceux qui l'auront secondé… Mais l'"irrégularité" d'aujourd'hui, si elle est accueillie avec faveur par les consommateurs et une partie consistante des professionnels de l'automobile, finira par faire école, avant d'être acceptée officiellement… dans un nouveau règlement. Entre temps, on peut d'ailleurs se demander combien de contrôleurs il faudrait pour enrayer provisoirement une évolution qui semble, tout compte fait, naturelle, vers une plus grande libéralisation du marché. Et ces contrôleurs auront-ils vraiment envie de sanctionner des précurseurs certes maladroits, mais fondamentalement dans le vrai ? Nous ne savons rien de Monsieur Michel Leclerc et il ne nous inspire, a priori, aucune sympathie. Mais tous les "anciens régimes" incapables d'évoluer ont été balayés par des adversaires qui, sympathiques ou non, avaient mieux interprété les nécessités et les attentes du moment. Ce n'est qu'après coup qu'on se demande ce que Bonaparte aurait été sans Barras.
Ernest Ferrari, Consultant
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.