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Constructeurs

Michel Leclerc ? Ce n’est qu’un début

Publié le 10 octobre 2003

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Les nouveaux contrats traduisent l'immobilisme des constructeurs. Le risque ? Que le changement vienne de l'extérieur. C'est vrai : il rêve et les choses ne vont pas se passer comme il l'entend. Pas tout de suite en tout cas. Mais il faut bien admettre que ce que propose Monsieur...
Les nouveaux contrats traduisent l'immobilisme des constructeurs. Le risque ? Que le changement vienne de l'extérieur. C'est vrai : il rêve et les choses ne vont pas se passer comme il l'entend. Pas tout de suite en tout cas. Mais il faut bien admettre que ce que propose Monsieur...

...Michel Leclerc, à savoir une libéralisation (presque) absolue du commerce automobile, accompagnée de fortes remises, correspond bien à une attente primordiale des consommateurs. Si l'on en avait envie, on pourrait d'ailleurs leur demander leur avis, tout simplement… sans tourner autour du pot. Une seule question suffirait, du type : "Si vous pouviez choisir entre une forte remise et un accueil triomphal, plein de sourires et de services dans des locaux somptueux, où effectueriez-vous votre achat ?" Il n'y aurait sans doute que quelques maso-snobs, aficionados du slogan "Viens chez moi, c'est plus cher !", pour choisir la deuxième formule. Monsieur Michel Leclerc n'a pas bien lu le règlement européen ; mais il est possible que les faits lui donnent raison avant même qu'un nouveau règlement ne vienne remplacer celui-ci. Les constructeurs et les réseaux officiels sont en train de perdre l'occasion de se rénover, dans le cadre d'une réglementation raisonnable : c'est de là que vient, pour eux, le danger... c'est de là que naissent les initiatives et, à terme, les succès des outsiders. Il y aura d'autres Michel Leclerc.

L'immobilisation générale est décrétée

Les constructeurs, enfermés dans leur logique archaïque, essaient-ils de tout bloquer, d'empêcher toute évolution positive du commerce automobile ? Malheureusement, c'est bien ce qui semble transparaître à la lecture des contrats proposés aux concessionnaires. Lesquels, tout en maugréant comme d'habitude, signent comme d'habitude, avant lecture, et se rassurent comme d'habitude, puisque rien n'a changé… Mais tout va changer. Simplement, les artisans du changement seront




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A lire avant de signer !

En modifiant très sensiblement les règles du jeu de la distribution automobile, le nouveau règlement européen entend donner plus de libertés aux concessionnaires et agents. Encore faut-il savoir lesquelles. Après un premier ouvrage critique sur le système de distribution, Ernest Ferrari décortique dans ce deuxième livre, Réglementer, les conséquences concrètes du texte adopté par Bruxelles et qui entrera en vigueur le 1er octobre prochain. Une lecture fort utile avant de signer les contrats que préparent aujourd'hui les constructeurs.
différents de ceux qu'on pouvait imaginer. Il y aura, bien sûr, des concessionnaires éclairés qui sauront quoi faire. Mais l'immobilisme imposé par les constructeurs est surtout une aubaine pour les "intermédiaires", entrepreneurs libres de tout lien avec les constructeurs et actifs sur le marché depuis des décennies. La demande de renouveau, exprimée par des consommateurs de plus en plus conscients de leurs droits, s'adressera à eux puisque les réseaux de marque sont recroquevillés sur leur passé. Et puis, il y aura aussi des "irréguliers", c'est-à-dire des acteurs du marché qui ne respectent pas (ou plutôt, pas tout à fait) les règles et qui, à leur façon, peuvent provoquer une accélération du changement. Leur virulence devrait prendre de l'ampleur. On sait bien qu'ils sont déjà à l'œuvre ; on sait aussi que les trois catégories ci-dessus (concessionnaires, intermédiaires, irréguliers) ne sont pas séparées par des cloisons étanches. Certains sujets font au moins deux de ces trois métiers et tout le monde travaille avec tout le monde. L'immobilisation générale décrétée par les constructeurs va donc accentuer la tendance actuelle à une évolution désordonnée de la distribution automobile. Dommage ?

Irréguliers ou précurseurs ?

Monsieur Michel Leclerc deviendra-t-il un "irrégulier", dans le sens que nous avons donné à ce terme ? S'approvisionnera-t-il en véhicules neufs, sans être distributeur ou mandataire ? Les revendra-t-il à la clientèle sans y être autorisé par les constructeurs concernés ? S'il le fait, c'est qu'il aura trouvé un ou plusieurs fournisseurs, "irréguliers" eux aussi. Il sera sans doute sanctionné, ainsi que ceux qui l'auront secondé… Mais l'"irrégularité" d'aujourd'hui, si elle est accueillie avec faveur par les consommateurs et une partie consistante des professionnels de l'automobile, finira par faire école, avant d'être acceptée officiellement… dans un nouveau règlement. Entre temps, on peut d'ailleurs se demander combien de contrôleurs il faudrait pour enrayer provisoirement une évolution qui semble, tout compte fait, naturelle, vers une plus grande libéralisation du marché. Et ces contrôleurs auront-ils vraiment envie de sanctionner des précurseurs certes maladroits, mais fondamentalement dans le vrai ? Nous ne savons rien de Monsieur Michel Leclerc et il ne nous inspire, a priori, aucune sympathie. Mais tous les "anciens régimes" incapables d'évoluer ont été balayés par des adversaires qui, sympathiques ou non, avaient mieux interprété les nécessités et les attentes du moment. Ce n'est qu'après coup qu'on se demande ce que Bonaparte aurait été sans Barras


Ernest Ferrari, Consultant 

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