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Constructeurs

MG Rover : Sauver les meubles

Publié le 6 mai 2005

Par Tanguy Merrien
8 min de lecture
Le sort de MG Rover en tant que constructeur est malheureusement scellé depuis plusieurs semaines. Il s'agit aujourd'hui pour les administrateurs de vendre au mieux les actifs de la firme. Une reprise de la seule marque MG reste toujours possible. La période d'incertitude qui suit...
Le sort de MG Rover en tant que constructeur est malheureusement scellé depuis plusieurs semaines. Il s'agit aujourd'hui pour les administrateurs de vendre au mieux les actifs de la firme. Une reprise de la seule marque MG reste toujours possible. La période d'incertitude qui suit...

...toujours la décision de mise en faillite d'une société a débuté pour MG Rover. Cette incertitude ne concerne malheureusement plus les milliers de salariés du constructeur qui ont très rapidement reçu leur lettre de licenciement ni le devenir de l'activité même de MG Rover dont le sort est scellé. Cette incertitude porte d'une part sur les actifs de l'entreprise et d'autre part sur l'avenir des différents réseaux de distribution en Europe. "Des acheteurs potentiels de l'Asie du Sud-est, du Moyen-Orient, d'Inde, de Russie, de Chine et du Royaume-Uni ont exprimé leur intérêt", a assuré Tony Lomas, l'un des administrateurs du cabinet PricewaterhouseCoopers. Comme dans pareil cas, le nom de nombre de candidats à la reprise d'une partie de l'activité peut être cité un jour avant qu'un démenti ne soit publié. Il en a été ainsi de deux constructeurs automobiles iraniens, Iran Khodro et Saipa, qui ont très clairement fait savoir qu'ils n'avaient aucun projet de reprise du constructeur. Pourtant, le ministre iranien de l'Industrie et des Mines, cité par l'agence Isna, a assuré ne pas exclure l'achat de l'entreprise britannique. "Nous avons demandé à la compagnie Rover de nous fournir ses conditions de vente et si, ces conditions nous conviennent, nous pourrons peut-être l'acheter", a-t-il dit. Mais ceci ne demeure que des annonces. Selon la presse d'outre-Manche, une autre firme iranienne, Dastaan, aurait négocié l'an dernier un partenariat avec MG Rover afin d'assembler 150 000 véhicules des marques britanniques. Une première livraison de 2 000 unités était même prévue pour le printemps de cette année, mais Dastaan a fini par jeter l'éponge devant les difficultés commerciales et financières du constructeur de Longbridge. Outre la piste iranienne, l'hypothèse d'un deal avec la SAIC demeure tout à fait crédible. Rappelons que la SAIC est le constructeur chinois qui, en rompant les négociations avec MG Rover alors menées en vu d'un quasi rachat, a précipité la chute de l'entreprise de Longbridge. "Il faut se remémorer le précédent de GM qui avait négocié le rachat de Daewoo pour n'en racheter finalement que les actifs après dépôt de bilan à un prix très intéressant. La SAIC était alors junior partner de GM", souligne Pierrick Vitiello, directeur associé chez Charles Riley Consultants International. Il est fort probable que les Chinois se soient souvenus de cette stratégie et tentent de la reproduire avec MG Rover. "La ligne de production des Rover pourrait intéresser la SAIC pour la transférer en Chine car elle est d'une technologie supérieure à leur propre chaîne de production, poursuit Pierrick Vitiello. La marque Rover qui possède toujours une certaine notoriété peut être intéressante pour un constructeur chinois pour venir en Europe".

Des dizaines de propositions crédibles de reprise

L'administrateur a précisé avoir reçu plus de 200 propositions et que chacune d'elles allait être étudiée. Il semblerait qu'une quarantaine ait plus particulièrement retenu l'attention des administrateurs judiciaires. Mais aucune offre ne concernerait la reprise de l'entreprise MG Rover dans son ensemble, ce qui est loin de constituer une surprise. Les éventuels repreneurs s'intéressent davantage au rachat de certaines parties du site d'assemblage de Longbridge qui devrait, selon toute probabilité, être démantelé. Il demeure possible que la marque MG, avec son positionnement très spécifique, puisse intéresser un constructeur, qu'il soit généraliste ou spécialiste. "La marque MG peut tout à fait intéresser un investisseur d'autant qu'il y aurait un nouveau modèle en cours de développement. Un fond d'investissement, par exemple, pourrait se porter acquéreur", estime Pierrick Vitiello, directeur associé chez Charles Riley Consultants International. Outre les rumeurs sur une hypothétique reprise partielle, des chiffres pour le moins alarmants circulent sur l'état des finances du groupe. Ainsi le Times, citant des chiffres émanant de l'administrateur judiciaire PricewaterhouseCoopers, affirme que les pertes du constructeur se sont élevées l'an dernier à quelque 250 millions de livres, soit 365 millions d'euros, contre 92,6 millions d'euros en 2003. Suite à l'annonce de l'ouverture d'une enquête gouvernementale sur la régularité des comptes de MG Rover, les dirigeants ont tenté de se défendre : "La suggestion qu'un trou de 576 millions d'euros ou toute autre irrégularité de comptabilité puisse exister dans l'entreprise est ridicule", a répliqué la maison mère de MG Rover, le holding Phoenix Venture, dans un communiqué. Quoi qu'il en soit, ces atermoiements ne sont pas de nature à mettre en confiance d'éventuels repreneurs. Dans l'immédiat, la filiale française du constructeur centenaire s'est vue placer sous administration judiciaire, de même que les sept autres filiales européennes du groupe. "Les administrateurs ont l'intention de maintenir l'activité de l'entreprise, pendant qu'ils étudient différentes solutions, en particulier concernant les véhicules invendus présentant des spécificités européennes", ont déclaré les trois administrateurs de PricewaterhouseCoopers.


Cyril André


 





ZOOM

Bruxelles au chevet des West Midlands

La Commission européenne envisage de réallouer des fonds structurels à la région des West Midlands, région évidemment traumatisée et sinistrée par la faillite de son principal employeur et poumon économique, à savoir MG Rover. Ce ne sont pas moins de 890 millions d'euros, provenant des fonds structurels européens, qui sont d'ores et déjà programmés pour la région des West Midlands, dans le cadre des aides communautaires pour les zones de reconversion. "Nous pensons que 50 à 100 millions d'euros pourraient toujours être disponibles, a précisé la porte-parole de la commissaire européenne à la politique régionale. Ils n'ont toujours pas été déboursés, ils pourraient donc être réaffectés pour venir en aide à la région à la suite de la fermeture de MG Rover." Ces fonds structurels devraient être consacrés, pour leur plus grande part, à la formation et au reclassement des travailleurs, ainsi qu'à l'aide aux créations d'entreprises.


 


 





QUESTIONS À

Michel Falvo, président de l'association des distributeurs MG Rover

"L'espoir demeure"

Journal de l'Automobile. Vous venez de rencontrer avec BNP Paribas Lease Group au sujet des prix sur les stocks de VN. Qu'en est-il ressorti ?
Michel Falvo. Nous avons en effet multiplié les réunions pour essayer de trouver un accord avec BNP Paribas Lease Group qui s'occupe de l'affacturage des véhicules en stock dans le réseau. Nous sommes arrivés à un accord et surtout à un prix pour décanter la situation et permettre au stock de véhicules d'être commercialisable. Cet accord et le prix définitif devraient être officiellement entérinés dans les jours qui viennent.


JA. Quelles vont être les conséquences de cet accord ?
MF. Il faut retenir deux choses. D'une part, nos distributeurs vont pouvoir se remettre à faire du business et poursuivre leur activité grâce au millier de véhicules (1 200 environ) encore disponibles. D'autre part, les clients MG Rover vont avoir l'occasion de faire de très bonnes affaires. Nous ne braderons pas les véhicules, mais les clients en tireront un bon prix.


JA. Les distributeurs y voient-ils désormais plus clair sur leur situation actuelle ?
MF. Les VN en stock, mais également les véhicules disponibles chez le constructeur, devraient permettre au réseau de vivre de la distribution encore quelques mois. Et il ne faut pas oublier que l'aspect après-vente est assuré puisque l'entreprise (Caterpillar) qui livre et distribue les pièces est totalement indépendante de MG Rover. Il reste désormais à trouver une solution sur la garantie VN. Pour l'heure, plusieurs candidats sont sur les rangs parmi lesquels Agir, Icare… On ne sait pas encore si cette garantie VN sera de trois ans comme auparavant mais elle sera au minimum de deux ans. Nous en saurons un peu plus d'ici quelques jours, mais il y a de grosses chances pour que cela aboutisse.


JA. Tout n'est donc pas complètement terminé ?
MF. L'espoir demeure. Si c'est encore prématuré pour l'affirmer, n'oublions toutefois pas que certains seraient désireux de reprendre la marque. Il y a les Iraniens, et les Chinois de SAIC n'ont pas renoncé. Pourquoi auraient-ils acheté les droits de fabrication de la 45 et de la 75 sans les produire ? Ils peuvent relancer la production, mais sous un autre nom. N'oublions pas que BMW possède toujours les droits sur le nom Rover. Quel est son intérêt de ne pas y renoncer ? La marque pourrait être en sommeil pendant quelque temps, mais la situation pourrait néanmoins s'arranger.


JA. D'ici là, combien de distributeurs résisteront-ils à cette crise sans précédent ?
MF. Il est évident que beaucoup de membres de notre réseau subissent la situation actuelle. C'est pourquoi il faut réagir et intervenir dans l'urgence. J'attends beaucoup de soutien de la part des instances politiques françaises et du groupement européen que je vais rencontrer prochainement. Certains distributeurs se trouvent dans des situations financières très fragiles, sans rentabilité ni trésorerie solide. Si aucune issue n'est trouvée, leur avenir est très compromis. Toutefois, la disparition de la clause de localisation représentera pour eux une opportunité de s'en sortir. Reste cependant à se consolider financièrement d'ici là.

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