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Constructeurs

Luc Chatel, PFA : "l’automobile est face à son destin"

Publié le 28 novembre 2019

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Le président de la PFA revient sur les défis de l’industrie automobile française au cours des prochaines années. Autant de sujets qui seront abordés à l’occasion de la Journée de la filière automobile, qui se déroulera le lundi 2 décembre 2019, à Bercy.
Luc Chatel va présider la Journée de la filière automobile le 2 décembre prochain.

 

A la veille de la Journée de la filière automobile, qui se tiendra lundi 2 décembre 2019 à Bercy, en présence de nombreux capitaines d’industrie tels que Jean-Dominique Senard (Renault), Jacques Aschenbroich (Valeo) ou Félicie Burelle (Plastic Omnium), Luc Chatel, le président de la Plateforme automobile (PFA) a présenté en amont les grandes thématiques qui seront à l’ordre du jour. "Nous avons identifié quatre sujets principaux : la transformation technologique, les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants, l’emploi, la formation et les métiers et enfin la compétitivité de la filière", annonce l’ancien ministre.

 

Plus de 600 entreprises ont répondu à l’appel pour assister à l’événement, contre 300 prévues au départ. "Ce succès est lié à la conjoncture actuelle et à venir de la filière, analyse Luc Chatel. L’industrie automobile française est face à son destin. La France a été une grande nation de l’automobile tout au long du 20e siècle. Le sujet est maintenant de savoir si nous sommes capables, au 21e siècle, de demeurer une grande nation d’automobile et de services de mobilité ? Sommes-nous encore dans le coup ? Allons-nous résister aux bouleversements qui s’opèrent ? La vérité est que tout le monde ne survivra pas, comme c’est le cas dans toutes les grandes mutations technologiques".

 

La filière est inquiète

 

Ces mutations à venir (électrification, véhicule connecté et autonome, place de l’automobile dans la société…) seront donc mises sur la table le 2 décembre prochain en espérant que le gouvernement, représenté à cette occasion par Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des finances, et Agnès Pannier-Rusacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre, en prenne la pleine mesure. Selon Luc Chatel, "ces grands bouleversements arrivent au pire des moments. L’automobile, qui a connu neuf années de croissance depuis la crise, est en train de connaître un retournement. Si nous avons limité les dégâts en Europe cette année, les pays émergents ont déjà basculé. Le recul est maintenant attendu dans les pays développés, les retours de la filière ne sont pas bons".

 

Si le contrat de filière signé en 2018 avec le gouvernement a permis de répondre à certains enjeux, il ne suffit pas à endiguer à la crise qui se profile. "Il très important que nous soyons en anticipation sur ce qui pourrait arriver. Si demain vous avez la combinaison des retournements de marchés et des changements structurels, cela pourra aller très mal. Il faut que nous nous tenions prêts", insiste le président de la PFA. Trois pistes ont été identifiées pour justement soulager la filière : améliorer la compétitivité de l’industrie automobile française comme a pu le faire l’Espagne ces dernières années, faciliter l’accès aux crédits en mettant en place un fonds de garantie et en réactivant la médiation du crédit, et enfin accompagner les entreprises et les salariés dans les mutations à venir. Sur ce dernier sujet, Luc Chatel propose que les entreprises en difficulté soient accompagnées dans leur processus de reconversion vers des marchés plus porteurs et que les salariés victimes de la baisse des ventes de véhicules diesel (15 000 emplois concernés) soient formés aux métiers de demain.

 

Budget "bonus" insuffisant

 

L’ex-ministre a également l’intention d’alerter le gouvernement tout particulièrement sur les défis de l’électrification. "En Europe, les industriels vont investir dans les 5 ans 220 milliards d’euros uniquement pour l’électrification. Ils n’ont pas le choix sous peine de s’exposer à de lourdes amendes. Mais leurs marges opérationnelles vont en pâtir, il est donc important de conserver un mécanisme d’incitation comme le bonus. Or le manque de stabilité de ce dispositif est un énorme problème, réduire le montant du bonus serait désastreux", clame-t-il. La PFA estime à 100 000 le nombre de véhicules électriques devant être mis à la route en 2020 afin que les constructeurs échappent aux pénalités sur le CO2. A ce jour, l’enveloppe du bonus prévue ne couvrirait que la moitié de ces ventes, "le budget ne suit pas la pente que l’on nous oblige à respecter" regrette Luc Chatel qui pointe également le manque de bornes de recharge sur l’espace public.

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