Lorenzo Sistino, président-directeur général de Fiat Automobiles
...Sistino, P-dg de la marque, détaille les raisons de ce succès.
Journal de l'Automobile. L'an dernier, vos ventes ont augmenté de 5 % en Europe. Comment l'expliquez-vous ?
Lorenzo Sistino. L'année dernière, nous avons eu de bons résultats dans des pays comme l'Espagne ou la France, notamment grâce au lancement de la 500, que nous commercialisons d'ailleurs désormais dans tous les pays d'Europe. Dans l'Hexagone, où nous avons connu en 2007 une croissance de 3,2 % par rapport à 2006, nous avons par exemple vendu 4 823 Fiat 500 entre juillet et décembre. Nous en avons même immatriculé 2 437 depuis le début d'année. Malheureusement, nous ne pouvions pas étendre la production… Pour cette raison, je crois que cette année, nos résultats seront encore meilleurs. Les premières données qui concernent cette année nous incitent à y croire.
JA. Justement, quelles sont les premières tendances de 2008 ?
LS. En janvier, hors d'Italie, Fiat Group a enregistré une croissance de + 25 %. En février, nous attendons même une croissance de 40 %. En France, Fiat a même augmenté ses ventes de 47 %. Je ne sais pas si nous serons capables de réaliser de tels résultats tout au long de l'année, mais le début d'année, spécifiquement en France, a été assez extraordinaire. Mais c'est aussi le cas en Allemagne, en Espagne, en Belgique ou aux Pays-Bas. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la 500 ne cannibalise pas les autres modèles de la gamme, car nous faisons 80 % de conquête avec ce modèle. Preuve en est donnée avec le succès de la Panda qui a augmenté ses volumes de 9 % l'an passé. Donc les deux modèles boostent nos ventes.
JA. Votre usine de Pologne dans laquelle vous produisez la Panda et la 500, ne peut pourtant pas produire davantage, n'est-ce pas ?
LS. C'est plutôt un bon problème à résoudre ! D'ailleurs, nous sommes en train d'étendre les capacités de production de notre site polonais. Il y a quelques semaines, nous pouvions produire 120 000 unités par an. Nous allons arriver à 190 000 pour la fin de l'année.
JA. Quelle position adoptez-vous par rapport au low-cost ?
LS. Nous n'avons pas de projet low-cost pur et dur, du type Dacia Logan. Mais nous devons offrir des véhicules économiques, avec un design agréable. Les marques doivent apporter autre chose que des bons véhicules au client. Il faut proposer des véhicules avec une identité forte et un impact émotionnel important. C'est devenu essentiel. La Linea va dans ce sens. Le véhicule a gagné notamment le prix de la Meilleure Voiture de l'Année 2007 dans les pays émergents. Nous sommes intéressés par ces marchés, mais nous ne souhaitons pas pour autant mener un projet low-cost.
JA. Que pensez-vous du système de bonus-malus en France ?
LS. Aujourd'hui, ce n'est pas facile de répondre aux marchés européens car chaque pays a son propre système de taxation. En Italie, nous avons un système basé sur l'âge du véhicule. Cela nous force à adapter nos produits.
JA. Justement, allez-vous poursuivre la commercialisation de versions spécifiques pour le marché français ?
LS. Nous avons en effet concocté pour la France une version spéciale de la Bravo avec le nouveau moteur 1,6 Multijet, affichant 119 g de CO2/km. Nous préparons une version basse émission de la Panda et avons toujours dans notre gamme le moteur Diesel 1,3 l sur la Punto et la 500 qui est peu gourmand en carburant. Je crois d'ailleurs que nous sommes particulièrement bien placés en termes d'émissions de CO2 et c'est ce qui explique une partie de notre succès actuel en France.
JA. Quels types de technologies "vertes" entendez-vous commercialiser en France à l'avenir ?
LS. Nous avons ici notre concept-car 500 Aria équipé de ce bloc 1,3 l Diesel et d'un système Stop & Start, qui permet d'afficher 98 g de CO2/km. Mais nous avons aussi des moteurs basses consommations comme ce 900 cc de 80 ch, présent sur la Panda Aria, pourvu d'une alimentation essence - gaz naturel et bénéficiant, lui aussi, du système Stop & Start. Par ailleurs, nous avons également un projet très intéressant et inédit qui vise à conseiller le conducteur sur la manière d'économiser son carburant. Nous avons développé un programme spécifique, nommé Ecodrive, basé sur le système USB Blue and me, en partenariat avec Microsoft. Il suffit d'insérer une clé USB dans le port présent dans la voiture (Série Blue and Me). Cette clé répertorie une série de données relatives à votre style de conduite. Lorsque vous connectez cette dernière à un ordinateur, le logiciel vous livre ces données, les analyse et vous conseille pour adopter une manière de conduire plus économe en énergie. Nous avons même créé une communauté sur le Web et nous pouvons organiser des concours pour savoir, dans une ville, qui est le meilleur conducteur Ecodrive. Pour réduire les émissions de manière concrète, il faut de bonnes infrastructures, des bons produits, mais aussi de bons conducteurs. C'est un système unique, gratuit, que nous allons lancer en septembre prochain pour les versions équipées du système Blue and me.
JA. La restructuration du réseau se poursuit-elle ?
LS. La marque étant désormais plus attractive que par le passé, sur les deux dernières années, nous avons nommé 250 nouveaux distributeurs en Europe. Et nous ouvrons également quelques vitrines dans les grandes villes. A Londres, nous avons récemment inauguré notre "flackship". Nous projetons d'en ouvrir un à Paris, près des Champs Elysées pour la fin de l'année.
JA : Entendez-vous prendre en charge la distribution de votre marque dans les grandes agglomérations ?
LS. Dans les grandes villes, les coûts d'exploitation, dus au prix de l'immobilier, rendent parfois difficile le recrutement des distributeurs. Or, il est important d'y avoir une présence. Pour cette raison, nous lançons des filiales quand cela est nécessaire et nous continuerons à le faire. Cannes, Lyon, Versailles, Paris… mais aussi au Portugal, à Bruxelles, Francfort ou Londres, par exemple. Lorsque nous agissons de la sorte, cela profite également à tous les distributeurs environnants.
JA. Quelles sont vos ambitions chiffrées pour cette année ?
LS. Pour 2008, notre volonté est d'arriver à 7 % de parts de marché en Europe, contre 6,24 aujourd'hui. En France, nous visons 64 200 immatriculations en 2008 et au total, nous souhaitons atteindre les 2 140 000 ventes.
Photo : En avant-première mondiale, Fiat Professionnal exposait son Fiorino, petit utilitaire dans la veine des "free space". Avec ses 3,96 m de long, 1,71 de largeur et 1,72 de hauteur, il s'inscrit comme un grand concurrent de ses cousins de PSA, le Citroën Nemo et le Peugeot Bipper.
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