Les yeux du futur
...à utiliser de plus en plus largement cette technologie. "Avec l'ACC, Active Cruise Control, nous renforçons la sécurité car la vitesse et l'interdistance trop faible sont dans un cas sur deux des facteurs aggravants, indique Bernard Cerdan, directeur des opérations et méthodes d'Autocruise. Nous répondons ainsi à la loi du 23 novembre 2001 qui oblige une distance équivalente à un délai de 2 secondes entre chaque véhicule, tout en augmentant le confort du conducteur en allégeant sa charge de travail." La société brestoise Autocruise, qui est une filiale à 100 % de TRW, propose aujourd'hui cet équipement sur la Volkswagen Phaeton ainsi que dans le monde du poids lourd avec Man et Volvo. Mais si aujourd'hui l'ACC est une réalité, ses applications sont encore peu nombreuses bien que le potentiel de développement de ses fonctionnalités soit énorme. Avec son système, Autocruise utilise un radar longue portée qui permet "seulement" d'asservir son véhicule à celui qui le précède, c'est-à-dire qu'il permet de respecter une distance de sécurité en ajustant la vitesse du véhicule. En effet, le radar AC10, avec une portée d'environ 200 mètres, grâce à un rayon de 10 à 11°, est très efficace dans la régulation de la vitesse et, avec l'adjonction de nouveaux éléments, un futur système (qui devrait être une réalité courant 2004) sera capable de suivre le véhicule le précédant jusqu'à l'arrêt (follow to stop). A terme, le but de cette technologie est de réaliser un stop and go entièrement automatisé et surtout d'éviter les collisions. Ce n'est pas pour demain sur nos routes, notamment à cause de problèmes juridiques, mais cela existe déjà en prototype.
EN CHIFFRES100 % C'est le taux de fiabilité qu'il faudra sûrement atteindre pour que la technologie de l'Active Cruise Control soit pleinement utilisable pour des systèmes anticollision. En cas de défaillance du système, qui sera responsable juridiquement : le fabricant, le constructeur, le conducteur ? Si la technique progresse rapidement, l'aspect juridique de ce dossier est loin d'être réglé. |
De la simple information à l'automatisation
Au sein du programme de recherche Arcos, l'Inrets, avec l'appui de soixante partenaires et de trois ministères, travaille sur quatre degrés d'application différents de ces systèmes : le simple avertissement, le contrôle mutuel, la régulation et l'automatisation. Lancé début 2001, ce programme de 18 millions d'euros arrivera à son terme fin 2004. La première cible de ces recherches est de proposer dès la fin de l'année 2004 du concret, de l'industrialisable. Jean-Marc Blosseville, directeur de laboratoire à l'Inrets, a annoncé une présentation en octobre 2004. Par contre, d'autres travaux du programme Arcos demandent une vision à plus long terme. En effet, si le guidage du véhicule reste le but poursuivi, les moyens pour y parvenir sont différents. Les futures générations de système vont regrouper des radars courte portée, capables de surveiller les voies adjacentes, un laser suivant le marquage au sol, la vidéo, et les véhicules pourront même communiquer entre eux et s'échanger des informations. Avec le projet Lavia, également mené par l'Inrets, les chercheurs vont encore plus loin avec l'utilisation du GPS pour limiter la vitesse. Des tests vont débuter dans les Yvelines, avec une flotte de véhicules, mais pour une utilisation dans la voiture de Monsieur tout le monde, ce n'est pas pour tout de suite.
La fusion des données
Après son Espace capable de "lire" la route et de la suivre seul, l'Ecole des mines de Paris a développé un nouveau programme, appelé Carsense, qui a abouti en décembre 2002. Pour Fawzi Nashashibi, chef de projet, ingénieur de recherche au centre de robotique de l'Ecole des mines de Paris : "Carsense avait pour objectif de faire mieux que les ACC actuels en percevant l'environnement d'un véhicule à basse vitesse afin qu'il y réalise des follow to stop, des stop and go, qu'il s'insère dans le trafic." L'un des éléments majeurs de ce défi était la fusion multicapteurs. "Le premier challenge a été de collecter les données, les dater et les traiter", indique Fawzi Nashashibi. En effet, le cœur du système devait récolter toutes les informations du véhicule, des radars, du laser, de la vidéo, afin de les traiter et surtout d'en donner une interprétation fiable. C'est avec le concours d'une société créée par d'anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, Intempora et son logiciel RT Maps, que cette fusion de données a été possible. Carsense est donc une réalité puisque le système fonctionne sur deux véhicules, mais pour Fawzi Nashashibi et Nicolas du Lac, directeur technique d'Intempora, ce programme a démontré que la fusion des données multicapteurs pouvait être surmontée et cette expérience a permis la validation d'algorithmes de fusion. D'ailleurs, TRW est déjà sur les rangs pour utiliser des éléments développés pour le projet Carsense. La course est donc lancée et les enjeux sont de taille. En effet, si aujourd'hui peu de voitures sont équipées d'un ACC, pour Bernard Cerdan, directeur des opérations et méthodes d'Autocruise, "le marché devrait atteindre 450 000 à 500 000 unités à l'horizon 2007 et nous espérons plus d'un million en 2010".
Christophe Jaussaud
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