Les fédérations perdent le Nord

...par des discours sans véritables reliefs.

Le 15 novembre dernier, cinq fédérations automobiles avaient réuni leurs forces pour mettre en avant l'attractivité du bassin industriel du Nord-Pas-de-Calais. A Marcq-en-Barœul, dans la proche banlieue lilloise, le CCFA, le CNPA, la Fiev, la SIA et l'ARIA* s'étaient donc donnés rendez-vous pour exposer combien la région était vigoureuse pour leur secteur d'activité. Malheureusement, si l'on pouvait s'attendre à une réelle avancée des choses, compte tenu des personnalités présentes, la majorité des interventions n'ont fait qu'effleurer la problématique locale. Manuel Gomez, président du CCFA, Bruno Courtois, vice-président du CNPA, Armand Batteux, président de la Fiev, Claude Cham, président de la SIA, sont en effet intervenus tour à tour. Mais à l'image de ce que ce collège avait organisé à la veille du Mondial 2004 de Paris, au sujet de l'industrie francilienne, ce second opus de la mission de sensibilisation n'a finalement pas atteint son but. Après un bref inventaire des forces en présence dans le bassin régional, les débats ont malheureusement sombré dans la généralité, ne relayant ainsi que des faits propres aux évolutions et aux enjeux de l'industrie automobile à un niveau international. Pas un mot sur le dispositif public d'attraction des industriels et de la main d'œuvre ; Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil régional en charge du développement économique, ne faisant lui même qu'évoquer, à grande vitesse, sa volonté de créer un pôle d'excellence économique sans en révéler le véritable fondement. Plus ennuyeux, les professionnels régionaux se sont eux aussi fait relais des enjeux nationaux. Le recrutement, la formation des jeunes, la compétitivité économique, le développement technologique, autant de Thèmes impropres à l'industrie du Nord-Pas-de-Calais. Aussi hors sujets furent les interventions de Marc Guillaume, économiste et professeur à l'université de Paris Dauphine, les seuls arguments notables furent apportés par le directeur de l'ANPE de Valenciennes, unique intervenant à toucher du doigt la réalité des particularités locales. Le symbole de ce tir manqué fut sans doute à chercher dans l'assistance, constituée d'un parterre de directeurs d'école ou de lycées professionnels, déjà aux faits des thèmes abordés. Dommage, le bassin industriel nordiste, deuxième région automobile de France, troisième à l'échelon européen, avec ses 55 000 salariés de l'automobile, aurait certainement mérité davantage de précisions. Raté.

David Paques
*Association régionale de l'industrie automobile