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Constructeurs

Les conventions Cifre, ou comment faire entrer les thésards dans les entreprises

Publié le 19 janvier 2007

Par Alexandre Guillet
3 min de lecture
Le système français produit davantage de chercheurs que l'Allemagne mais leur profil est mal adapté aux attentes des entreprises, en particulier, les docteurs issus de l'université. Les conventions Cifre, qui fêtent leurs 25 ans cette année, apportent une solution pour les meilleurs d'entre eux....
Le système français produit davantage de chercheurs que l'Allemagne mais leur profil est mal adapté aux attentes des entreprises, en particulier, les docteurs issus de l'université. Les conventions Cifre, qui fêtent leurs 25 ans cette année, apportent une solution pour les meilleurs d'entre eux....

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Jean-Claude Lehmann, ancien président de l'Académie des technologies, s'est penché sur la population des docteurs et le bilan est inquiétant : "11 % d'entre eux sont au chômage trois ans après avoir soutenu leur thèse et c'est encore pire dans le domaine des sciences sociales et humaines". Selon une enquête menée en 2005, "les docteurs ayant fait leur thèse uniquement à l'université ont plus de difficultés à entrer dans le secteur privé". La formation y est inadaptée et les disciplines abordées ne correspondent pas aux besoins des entreprises. Ainsi, seuls 16 % des chercheurs en entreprises sont des docteurs. Les solutions, selon Jean-Claude Lehmann : "Il faut développer des écoles doctorales sur le principe des écoles d'ingénieurs, pour avoir une ouverture plus grande sur les entreprises. Concernant les sujets de thèse, comme dans les pays anglo-saxons, il faut démontrer la pertinence du sujet avant de se lancer".
Une autre solution existe déjà : Les contrats Cifre. Ces Conventions Industrielles de Formation par la Recherche associent autour d'un projet de recherche, qui conduira à une soutenance de thèse de doctorat, trois partenaires : une entreprise, un jeune diplômé et un laboratoire. Depuis leur création en 1981, les Cifre ont fait leur preuve : seul 6 % des docteurs Cifre sont au chômage trois ans après avoir soutenu leur thèse (soit autant que les ingénieurs) et leur niveau de salaire est de 2 300 euros (soit 10 % de plus que les ingénieurs et 16 % de plus que les docteurs non Cifre).
En 25 ans, 15 000 doctorants, 8 000 entreprises et 4 000 laboratoires ont bénéficié de ces conventions tripartites. Et le recours aux Cifre augmente chaque année : 1 100 en 2005, 1 200 en 2006 et 2 000 à l'horizon 2010. "Nous avons assez de crédits pour augmenter le nombre annuel de Cifre", affirme, en effet, le ministre délégué à l'Enseignement et à la Recherche, François Goulard. Ces crédits servent à verser aux entreprises partenaires une subvention annuelle de 14 635 euros pendant 3 ans. L'entreprise embauche pour sa part le doctorant, au moins pendant trois ans et lui verse une rémunération de 20 215 euros par an (montant minimum en 2005) sachant qu'elle doit également payer le laboratoire. Dans 40 % des cas, le doctorant est recruté par l'entreprise en fin de convention et dans 40 % par une société concurrente.
L'automobile fait figure de leader en la matière. PSA, par exemple, a signé sa première Cifre en 1982 et, depuis, a accueilli plus de 400 doctorants, soit une soixantaine présent en permanence dans l'entreprise. Le groupe consacre plus de 4 % de son chiffre d'affaires à la R&D, emploie 17 000 ingénieurs et techniciens, mais les places de "chercheurs" sont rares : seule une cinquantaine d'embauches est réalisée par an au titre de l'innovation mais, précise Jean-Martin Folz, le patron du groupe, "la plupart de nos Cifre travaillent dans d'autres domaines que dans la recherche : le process industriel, les ressources humaines ou les systèmes d'information, en particulier". 75 % d'entre eux sont embauchés par le constructeur à la fin de la convention.


Xavier Champagne

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