L’effet papillon
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Sport Leicht. SL. Deux mots, un concept et finalement deux lettres qui donneront naissance à un mythe de l'industrie automobile. En effet, depuis 1951 et la présentation par Rudolf Uhlenhaut, l'ingénieur en chef du projet, de la 300 Sport Leicht, l'aura de la Mercedes SL n'a jamais faibli même si aujourd'hui l'exceptionnel tant à devenir courant. Mais à l'époque, le développement de la 300 SL relevait bien de l'exceptionnel. C'est à l'été 51 que le directoire de Daimler-Benz avalise le retour à la compétition de Mercedes, disparue des circuits depuis la seconde Guerre Mondiale. Rudolf Uhlenhaut avait alors un projet en tête. Neuf mois après seulement la décision de l'état-major, le 300 SL faisait sa première course avec une deuxième place à la clé. Son châssis tubulaire recouvert d'une peau d'aluminium, ses fameuses papillon et son 6 cylindres de 180 chevaux triomphent dès l'année 52, notamment aux 24 Heures du Mans et à la Carrera Panamerica. Galvanisé par ces succès, l'ingénieur développe une version 1953 dont la puissance passe à 215 chevaux grâce à l'adoption de l'injection directe essence. Malheureusement, ce prototype ne connaîtra jamais la course. Cependant, la renommée du 300 SL est telle que sa destinée va prendre une nouvelle dimension sous l'impulsion de Max Hoffman, un américain né en Autriche.
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De la course à la route
Le 300 SL papillon a bien failli ne jamais voir le jour. En effet, pour Daimler, cette automobile n'était destinée qu'à la compétition. Mais sous la pression mais surtout l'engagement de Max Hoffman affirmant pouvoir vendre 1 000 SL sur le territoire américain, le constructeur décida de relever le pari. Le 6 février 1954, le 300 SL est présenté au Salon de New York. 1 400 unités furent produites. Toujours sous l'influence américaine, un nouveau SL débarque en 1958. Mais ce sera un roadster. Adieu les portes papillon ! Reprenant la base technique du précédent, il évolue toutefois légèrement avec un nouveau train arrière et des optiques avant plus larges. Et le succès va crescendo, jusqu'en 1963, avec 1858 unités vendues. Les collectionneurs en ont également fait une proie de choix puisque son prix atteint aujourd'hui également plus de 600 000 e. Les portes papillon de la première génération ont marqué les esprits mais une caractéristique de la troisième génération, présentée à Genève en 1963, va carrément donner un surnom au SL. En effet, de 1963 à 1971, on parlera du SL Pagode à cause de son toit amovible. Ce n'était en rien un "caprice" de designer mais bien un choix lié à la sécurité. Bela Barenyi, un ingénieur de la marque, avait d'ailleurs créé et breveté ce toit dès 1956. Les SL 230 et 280 toujours mû par des 6 cylindres (150 et 170 chevaux) seront les premiers de cette lignée de roadsters à faire du confort et de la sécurité des éléments aussi importants que la sportivité. Le résultat : 48 912 unités ont été produites dont plus de 70 % prendront la direction des Etats-Unis. Une caractéristique toujours actuelle puisqu'aujourd'hui encore 51 % des SL traversent l'Atlantique.
La troisième génération du SL sera produite pendant 18 ans. Un record.
A partir de 1971, la nouvelle génération du SL débute une fantastique carrière. Au-delà des 237 287 unités qui sortiront de l'usine, ce SL reste encore à ce jour la Mercedes (VP) qui a eu la plus longue vie dans toute l'histoire de la marque : 18 ans. Il sera en effet produit de 1971 à 1989. Le 560 sera par ailleurs le premier à accueillir un V8 (240 chevaux) sous son capot. Et la course à l'armement va se poursuivre durant les années 90, plus exactement en 1989 au Salon de Genève, avec l'arrivée d'un V12 de 394 chevaux. Une nouvelle génération qui fait la part belle à la sécurité une fois de plus avec ici l'apparition d'un arceau pouvant se déployer en 0,3 seconde en cas d'accident. C'est la première fois également que l'on voit des ceintures de sécurité intégrées aux sièges avant. Pas moins de 20 brevets ont été déposés pour l'occasion. 204 940 clients seront séduits. En 2001, le SL va franchir une nouvelle étape avec l'arrivée d'un toit rigide escamotable, remis au goût du jour en 1996 par le SLK. Puissance et technologie sont toujours accompagnées d'un design remarquable. 140 000 unités plus tard, c'est-à-dire aujourd'hui au printemps 2008, le SL s'offre donc de nouvelles évolutions. On ne peut pas parler d'une nouvelle génération mais d'un profond face-lift avec en premier lieu une face avant totalement revue. Les optiques avant en cacahuètes disparaissent, comme ce fut le cas pour la nouvelle Classe C ou le CLC. Mercedes offre une réinterprétation du passé avec notamment le retour du double bosselage sur le capot et une calandre simplement barrée par une lamelle. Au chapitre technologique, le SL cuvée 2008, gagne également la nouvelle direction paramétrique du constructeur mais aussi un système d'éclairage intelligent et une évolution du système Command mariant multimédia et navigation. A l'image du SLK, ce roadster offre aujourd'hui l'Airscarf, cette écharpe invisible bien utile lorsque vous êtes en cabriolet. Contrairement au SLK où elle est intégrée dans le siège, ici l'Airscarf souffle son air chaud depuis l'appuie-tête. Enfin, au chapitre des mécaniques, l'entrée de gamme évolue avec le V6 3,5 litres dont la puissance atteint dorénavant 316 chevaux contre 272 auparavant. Le tout avec une économie de 16 % de carburant (- 0,4 litre). Le SL a évolué. Il évolue encore. Pourtant en bientôt 60 années, il a su rester le même : un symbole de l'excellence automobile.
Photo : La 300 SL présentée ici par Rudolf Uhlenhaut, devait rester une voiture de course. Les efforts et la persuasion de Max Hoffman feront le reste.
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