Leclerc n’est pas “rangé des bagnoles”
La percée de la grande distribution dans la chaîne de valeur automobile fait figure de serpent de mer, réapparaissant à intervalles réguliers depuis trente ans sur la scène hexagonale. Mais cette fois, inutile de convoquer les harpies et les rituels cris d’orfraies, Michel-Edouard Leclerc, président du mouvement éponyme, affirme d’emblée dans le cadre d’un Face à la presse qu’il n’a nullement l’intention de se positionner par rapport à la distribution d’automobiles. “En tant que deuxième pétrolier français, la problématique des nouvelles mobilités et des bornes de recharge, s’agissant de l’électromobilité, nous intéresse. En outre, les évolutions de la société vis-à-vis de la consommation constituent naturellement un enjeu qui nous concerne directement”, explique-t-il. Leclerc s’est donc associé au groupe Renault pour accélérer le déploiement des infrastructures de recharge via son maillage de supermarchés.
Leclerc et Renault face à l’œuf et la poule…
En fin d’année dernière, le “ZE club des 50” était ainsi lancé, reposant sur une association locale entre une concession Renault et un centre Leclerc. La première inauguration avait eu lieu dans le centre de Pont-L’Abbé, dirigé par Patrick Bellec, en lien avec la concession Renault de Quimper du groupe Bodemer et en présence de Michel-Edouard Leclerc et de Carlos Tavares, directeur général délégué de Renault. Actuellement, le club s’appuie sur environ 100 associations et l’objectif est, à terme, de parvenir à 500. Cependant, à l’instar des dirigeants de Renault, Michel-Edouard Leclerc estime que le développement des bornes de recharge en France suit une cadence insuffisante : “Nous en recensons aujourd’hui un peu plus de 8 000, alors qu’il en faudrait 20 000 pour bénéficier d’une visibilité suffisante et activer significativement le principe de réassurance clients”. Et de dénoncer, sur son blog “De quoi je me M.E.L”, l’absurdité de la situation : “Le faible nombre de bornes de recharge existantes n’incite pas les Français à passer au véhicule électrique. A l’inverse, l’infime nombre de voitures électriques en circulation n’encourage pas les acteurs privés (stations-essence, centres commerciaux…) à s’équiper en bornes”…
Une campagne de communication à venir pour forcer le verrou des C2E
Pour faire -enfin- bouger les lignes, Michel-Edouard Leclerc avance donc une proposition via le dispositif des Certificats d’économie d’énergie, dits C2E : “On nous rétorque que le financement des bornes de recharge n’est pas une priorité au regard des maigres crédits de l’Etat. Parfaitement d’accord ! C’est la raison pour laquelle je propose de réformer le dispositif des C2E ! Actuellement, les distributeurs d’énergie compensent leur bilan écologique en rachetant des C2E à des entreprises ou des particuliers qui font des travaux d’économie d’énergie. Si demain le gouvernement modifiait son décret pour préciser que les bornes de recharge sont éligibles à la production de C2E, des dizaines milliers de bornes seraient installées en quelques mois. Cette réforme des C2E est simple, souple et peut être mise en œuvre extrêmement rapidement. Elle pourrait même être expérimentée sur une période limitée, afin d’amorcer le mouvement”. Cette proposition n’a pour l’heure pas été retenue par Delphine Batho à l’environnement ou Arnaud Montebourg au redressement productif. “Or certaines communautés d’agglomérations proposent même de nous subventionner ! C’est le monde à l’envers !”, s’étonne Michel-Edouard Leclerc, qui ne désarme pas pour autant et annonce une campagne de communication d’envergure sur le sujet très prochainement.
Vers une offre Leclerc de location de VE
Enfin, Michel-Edouard Leclerc estime que les jeunes générations ne consommeront plus le produit automobile de la même façon qu’aujourd’hui dans les prochaines années. A ses yeux, c’est le temps d’utilisation et sa juste facturation qui primeront, grosso modo sur le modèle de la téléphonie. C’est pourquoi le groupe Leclerc travaille d’ores et déjà sur un nouveau concept de location de véhicules électriques. Et s’il voit dans l’électromobilité le sens de l’histoire, par rapport à l’environnement et à la santé publique, il reconnaît aussi ne pas avoir de certitudes : “C’est un peu comme Christophe Colomb… Nous partons, mais nous ne savons pas vraiment où nous allons…”. A suivre.
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