La géothermie est-elle promise à un bel avenir ?
En matière de transition énergétique, nombreux étaient les appelés dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, nucléaire, marémotrice, hydrogène, géothermie). Au bout du compte, il risque d’y avoir peu d’élus, et les premiers de la classe d’hier se retrouvent parfois dans le club des recalés d’aujourd’hui. Les coûts d’investissements, les rendements et l’appétence des clients finaux sont passés par là.
En cette fin d’année 2024, à l’heure des bilans, la filière hydrogène fait ainsi grise mine, même si le parc mondial de véhicules pourrait franchir le cap des 100 000 unités. Avec le recul, il apparaît que l’hydrogène trouvera davantage ses débouchés dans les véhicules industriels ou utilitaires et les cars que dans la voiture particulière. Comme l’explique François Miquet-Marty dans une chronique pour les Échos sur la transition électrique et l’automobile, il ne suffit pas de décréter une stratégie pour qu’elle se réalise sans déconvenues. "L'injonction a pris le pas, les uns et les autres «suivraient» le «sens de l'histoire»", analyse le président de l’institut Viavoice et des Temps Nouveaux pour comprendre ce qui s’est enraillé dans la mécanique du passage au tout électrique (1). C’est un peu la même chose pour l’hydrogène : la filière s’est emballée sans avoir vraiment défini au préalable ses débouchés véritables, mais également ses handicaps tels que le coût des véhicules à fabriquer ou du réseau de distribution à construire.
À l’inverse, cette fin d’année pourrait être plus favorable à l’électricité issue de la géothermie. Sans céder au bruit médiatique, cette filière engrange des contrats de grands industriels en recherche d’autonomie énergétique. Mi-décembre, Stellantis a inauguré une centrale géothermique dans son usine de Caen (14) qui fabrique des boîtes de vitesse, pour un investissement de sept millions d’euros. Cette installation doit permettre de réduire de 70 % la consommation de gaz du site, et de baisser de 75 % ses émissions de CO2. Le constructeur étudie parallèlement l'alimentation en géothermie de l'usine historique d'Opel à Rüsselsheim, en Allemagne. Les détracteurs de la géothermie auront beau jeu de rappeler que Renault avait aussi prévu de se baser sur la géothermie avec Engie pour son usine de Douai (59) où il produit les R5 et les Scenic, et qu’il a finalement fait marche arrière, début décembre.
Cette énergie issue de la chaleur naturelle des sous-sols et des nappes souterraines est promise, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), à un avenir "radieux". Alors qu’elle ne représente actuellement que 1 % de la consommation mondiale d’électricité, sa part pourrait passer à 15 % d’ici 2050.
Pour autant, peu de pays croient encore à ses atouts. "Aujourd'hui, elle est la deuxième «énergie propre» la moins utilisée après l'hydroénergie de l'océan. Alors qu'une centaine de pays se sont dotés d'un cadre réglementaire pour développer l'énergie solaire et éolienne, seulement 30 l'ont fait pour la géothermie", rappelle l’AIE dans son dernier rapport.
Longtemps "parent pauvre" des énergies renouvelables, la géothermie gagnera-t-elle en 2025 ses galons et redorera-t-elle son image ? Comme le souligne le Figaro dans un grand article sur ses perspectives, "en un an, les demandes de permis de recherche pour des projets ont été multipliées par deux, l’Île-de-France étant particulièrement active dans ce domaine avec plusieurs dizaines de centrales en activité" (2). Bruxelles pourrait aussi présenter un projet de développement pour accélérer les investissements. Encore faudra-t-il que les délais pour l’obtention de tous les permis se raccourcissent ; l’hydrogène en sait quelque chose.
L’Arval Mobility Observatory
(1). Opinion | Véhicule électrique : le « syndrome de Magellan » | Les Echos, 16 décembre 2024
(2). La géothermie, nouveau champion de la transition énergétique, 11 décembre 2024
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