Le paradoxe du CO2
...quo en 2003 ! Les émissions de CO2 des véhicules vendus en France restent, en moyenne, de 155 g/km. Les constructeurs auraient-ils renoncé à chasser le CO2 ? Non, les progrès sont sensibles mais les gains de certains segments sont annulés par d'autres. Voici le paradoxe du CO2. Les berlines notamment, meilleures élèves de la classe avec une moyenne de 146 g/km, reculent de 2 g/km alors que dans le même temps les 4x4 augmentent leurs rejets de 5 % avec 232 g/km. Les monospaces influent également négativement avec une croissance de 4 g/km, passant ainsi de 197 à 201 g/km. Néanmoins, il y a des raisons de se satisfaire, selon l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. "La part des véhicules dont les rejets de CO2 n'excèdent pas 120 g/km a augmenté en 2003, passant de 1,4 à 2,7 % des modèles proposés à la vente en France", souligne Patrick Coroller, chef du département technologies des transports de l'Ademe. Même constat dans la catégorie où les rejets ne dépassent pas 140 g/km, progressant de 1,1 %, ce qui représente 7,2 % de l'offre globale avec pas moins de 5 000 modèles.
And the winners are…
Au chapitre des bons résultats, la nouvelle Toyota Prius prend la tête du classement essence avec 104 g de CO2 rejetés par km. Une belle, mais chère performance, qui reste marginale même si la diffusion de cette génération de Prius s'annonce plus large. L'autre hybride du marché, la Honda IMA, se classe cinquième avec 116 g/km (voir tableau). Côté Diesel, même constat. La Lupo 3 l TDi, en tête du classement avec seulement 81 g de CO2 par km, est certes un exemple de sobriété et d'économie de rejet, mais elle s'est vendue à 8 exemplaires en 2003 et à 10 en 2002 dans l'Hexagone ! C'est encore moins que la Prius (15 unités en 2003 et 51 en 2002) ! Leur plus grand mérite est sans doute de montrer que c'est possible. Ce nouveau palmarès de l'Ademe confirme que les constructeurs français sont performants en Diesel. En effet, sur les 18 modèles classés dans le Top 10 (ex æquo oblige), 11 sont français, avec notamment l'apparition à la cinquième place, et première française, de la C2 1,4 HDi qui, avec 108 g/km, est la seule citadine française en dessous du seuil de 110 g/km. En revanche, les produits français sont totalement absents du Top 10 essence. La première, la Twingo, se trouve à la 31e place avec 135 g/km ! Aucun modèle français n'est donc sur le podium, mais les constructeurs hexagonaux se rattrapent cependant sur la moyenne générale. Autre paradoxe.
... les gammes Renault et PSA !
Renault et PSA Peugeot-Citroën sont les constructeurs qui affichent les consommations et donc les rejets les plus bas parmi les constructeurs européens. En effet, avec une consommation respective de 5,7 et 5,8 l, les gammes des constructeurs français leur permettent d'occuper les plus hautes marches du podium, accompagnées du groupe Volkswagen qui est ex æquo avec PSA. On retrouve évidemment le même trio concernant les émissions avec 148, 149 et 152 g/km (voir graphique). En une année, Renault a ainsi fait reculer ses émissions de 3 g et PSA de 2 g. Le mauvais élève de la classe européenne est Porsche avec une moyenne d'émissions par km de 317 g, en augmentation de 46 g ! Le Cayenne et ses formidables chiffres de ventes expliquent sans doute cette contre-performance. D'une manière plus générale, les 4x4 et les SUV masquent et annulent les bons résultats obtenus par ailleurs. En effet, les 4x4 consomment, en moyenne, près de 4 l de plus qu'une berline classique sur un parcours urbain, soit une augmentation de 48 % (7,82 l pour une berline contre 11,58 l aux 100 km pour un 4x4). Alors, comment aller plus vite dans cette course contre le CO2 et ses effets néfastes ? Bien entendu, il y a toujours le gaz naturel, qui reste confiné à des flottes captives, le GPL, dont les ventes ont reculé de 23 %, et le tout électrique, dont les ventes ont été divisées par trois. No comment ! Si la technologie hybride montre de réels atouts, son coût reste encore aujourd'hui un frein à son développement. En attendant, le Diesel semble tenir la corde pour atteindre le but fixé pour 2008. Petit rappel : c'est en 1995 que les constructeurs européens ont affiché leur volonté de réduire les émissions de CO2 en se fixant pour objectif la barre des 140 g/km en 2008. Sept ans plus tard, si certains n'en sont plus très loin, nombre ont encore du pain sur la planche. Alors, que dire de la moyenne de 120 g/km qu'ils se sont engagés à atteindre en 2012 ! Va-t-on devoir, comme dans l'industrie, acheter un permis de polluer en même temps que sa voiture ?
Christophe Jaussaud
FOCUS79 082 : C'est le nombre de Clio 1,5 dCi vendues en 2003, la meilleure vente dans la catégorie des véhicules émettant moins de 120 g de CO2 par km. Elle est dans le Top 10 de l'Ademe, à la 6e, 8e et 10e places, avec 110, 113 et 115 g de CO2/km selon la puissance que délivre la mécanique 1,5 dCi. |
3 questions àPatrick Coroller : chef du département technologies des transports à l'Ademe Le Journal de l'Automobile Depuis 2001, le taux moyen d'émissions de CO2 reste stable (156 à 155 g/km), comment expliquez-vous ce phénomène ? JA Pensez-vous que l'échéance de 2008 avec les 140 g/km sera respectée ? JA L'hybride et le Diesel semblent être les solutions, mais le coût de l'un et le périmètre européen de l'autre ne sont-ils pas, finalement, des handicaps sérieux ? Y a-t-il une autre voie de recherche ? |
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