Le Mondial restera-t-il le Mondial ?
(AFP)
Alors que le populaire Mondial de l'automobile de Paris se prépare à ouvrir ses portes, une série de défections semble poser la question de la pertinence de l'événement pour les marques. La dernière édition de la grande fête française de l'automobile, en 2014 – elle est organisée tous les deux ans en alternance avec le salon de Francfort – avait attiré 1,25 million de visiteurs.
Cette année, près de 200 marques du secteur sont attendues à la porte de Versailles du 1er au 16 octobre. Mais sept d'entre elles manqueront à l'appel : Ford, Mazda, Volvo, Aston Martin, Bentley, Lamborghini et Alpine. Ford juge, explique un porte-parole à l'AFP, que "le format des salons, statique en particulier en France, ne nous permet pas de faire la différence" avec les autres marques. Le constructeur explore actuellement une nouvelle façon de conquérir des clients avec des opérations qui ont fait leurs preuves dans son fief américain : sponsoriser des associations locales à hauteur du nombre d'essais effectués lors d'événements ponctuels.
Mazda a justifié son retrait par le fait que "l'agenda des nouveautés produits Mazda ne coïncid(e) pas" avec le Mondial, et prévoit à la place des opérations commerciales. Volvo a prévenu de longue date qu'il n'irait plus qu'à un seul salon par an et par continent. En Europe, ce sera Genève en mars. Lamborghini et Bentley (groupe Volkswagen) ainsi qu'Aston Martin ont expliqué en substance qu'elles préféraient organiser des événements ciblant leurs riches clients potentiels. Quant à Alpine, cette marque du groupe Renault en pleine renaissance vise pour l'instant les passionnés et non le grand public, raison de l'absence de son dernier prototype de Paris cette année, selon son patron Michael van der Sande.
Ces défections "posent clairement question. C'est peut-être une alerte de fond" quant à la pertinence du salon, explique à l'AFP Jean-François Belorgey, du cabinet de consultants EY. Flavien Neuvy, de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, juge quant à lui "étonnant" que de grands constructeurs fassent l'impasse sur Paris, pourtant "un vrai succès populaire".
Le Mondial, de moins en moins pertinent ? "Pas pour le grand public. Mais pour les acteurs (du monde automobile), oui", nuance auprès de l'AFP Rémi Cornubert, expert du secteur chez AT Kearney. Ce dernier dresse un parallèle avec le salon de Detroit organisé en janvier, qui s'est fait voler la vedette aux Etats-Unis par le salon de l'électronique CES de Las Vegas pour la primeur des nouveautés automobiles : "La chance du Mondial, c'est qu'il n'y a pas encore l'équivalent du CES en France."
Chez les organisateurs, on s'agace du battage autour de ces défections. "Je préférerais qu'on ait toute la galaxie du monde automobile, j'espère que les commandes, les retombées pour ceux qui seront venus, feront regretter (leur décision) à ceux qui n'auront pas été là", dit à l'AFP le commissaire général du Mondial, Jean-Claude Girot. Le Mondial, promet-il, évoluera pour répondre aux désidératas des exposants, dont certains critiquent les tarifs (175€ HT du m2 rien que la location) et la durée.
"C'est beaucoup trop long pour tout le monde. Une semaine serait largement suffisante", assurait fin juillet le P-dg de l'équipementier Plastic Omnium, Laurent Burelle. "Je ne suis pas obtus, j'écoute, si une majorité d'exposants me disent qu'il faut raccourcir, je n'ai rien contre", déclare pour sa part Jean-Claude Girot, qui remarque que le Mondial se veut aussi réceptif aux tendances, et organise le 5 octobre une journée autour du thème des "nouvelles mobilités" : covoiturage, autopartage et transport avec chauffeur. Voitures Noires, loueur de VTC, fait d'ailleurs sa première apparition sur le salon, un "événement automobile incontournable", selon son P-dg Karim Ferchiou. "C'est un investissement de plusieurs centaines de milliers d'euros, mais on en attend aussi un retour (...) on ne peut pas dire qu'on veut devenir un acteur important et ne pas s'en donner les moyens".
Et chez Hyundai, ambitieuse marque sud-coréenne, installer à Paris un stand de 2000m2 "n'a pas fait débat", tant le Mondial constitue "une formidable vitrine pour pouvoir se mesurer à la concurrence et montrer que l'on n'a rien à leur envier", indique à l'AFP son directeur marketing, Vincent Bernard.
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