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Constructeurs

L’Alliance s’élargit

Publié le 23 avril 2010

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
Après moins d'une année de discussions, l'Alliance Renault-Nissan et Daimler ont signé un accord de coopération sur quatre grands thèmes. L'un d'entre eux est une architecture commune pour ...
...les futures Smart et Twingo qui apparaîtront en 2013. Les constructeurs se fourniront, mais développeront, également, des mécaniques. Renault va aussi produire un petit VUL pour Mercedes dès 2012.

Carlos Ghosn a toujours dit que l'Alliance Renault-Nissan n'était pas fermée. Souvenez-vous, le 14 juillet 2006, il avait même fait le voyage à Détroit pour discuter d'un éventuel rapprochement avec le GM de Rick Wagoner. Puis à l'été 2009, Carlos Ghosn s'était rapproché de Roger Penske, notamment distributeur exclusif de Smart aux US, dans l'éventualité de lui fournir des modèles badgés Saturn lorsque le distributeur américain étudiait la reprise de cette marque du portefeuille GM aujourd'hui disparue. Dieter Zetsche, lui, avait été clair, notamment lors du dernier Salon de Genève (JA n° 1108), en confirmant les discussions, pas seulement avec Renault, mais surtout en annonçant qu'une décision concernant un partenaire serait prise avant la fin du premier semestre. Pour lui, une coopération était indispensable pour l'avenir de Smart mais aussi pour asseoir la rentabilité des futures gammes Classe A et Classe B qui vont d'ailleurs passer de 2 à 4 silhouettes. Et dans ce but, Daimler a investi 800 millions d'euros dans une toute nouvelle usine en Hongrie, située à Kecskemet, à 80 km au Sud-Est de Budapest.

Cette recherche "d'effet volume" se traduit nettement dans le premier des quatre grands thèmes de l'accord. En effet, les prochaines Smart et la prochaine Twingo, qui seront lancées en 2013, partageront la même architecture développée conjointement. Les versions deux places seront produites à Hambach (l'usine Smart en Moselle) et celles à 4 places sortiront des chaînes de l'usine Renault de Novo Mesto en Slovénie. Ces nouveaux modèles, motorisés par des blocs de l'Alliance et de futurs, développés en commun sur cette base, seront également disponibles, dès le lancement, en version électrique. L'amélioration de l'utilisation des capacités de production sera bien évidemment au rendez-vous mais les constructeurs, comme le gouvernement français, y voient également une consolidation des emplois sur leurs territoires respectifs.

Plus de 4 milliards d'économisés grâce aux synergies

En France, en plus de consolider l'usine d'Hambach, des sites français de Renault vont bénéficier de cet accord. En effet, l'usine de Maubeuge, où sont notamment produits les Kangoo et le futur Kangoo EV, va produire, dès 2012, un petit VUL pour la branche utilitaires de Mercedes. De plus, Renault va également fournir un bloc Diesel et une boîte pour le Mercedes Vito qui sortent de l'usine de Cléon. Puis les sites d'ingénierie de Guyancourt et Rueil-Malmaison seront également concernés pour les futurs développements communs. Ce qui nous amène à un nouveau volet : la coopération en matière de groupes motopropulseurs. L'Alliance va ainsi fournir à Daimler des blocs essence et Diesel, 3 et 4 cylindres, sans doute pour les futures Smart mais aussi les futures Classe A et B, ainsi que leurs dérivés, qui arriveront sur le marché en 2012. Pour mémoire, ces nouveaux modèles Mercedes sortiront de la nouvelle usine hongroise de Daimler. En contrepartie, Daimler fournira également des mécaniques essences et Diesel, des 4 et des 6 cylindres, qui seront utilisées par Infiniti, la marque de luxe de Nissan. Il y aura aussi des développements communs pour de futures mécaniques et des passerelles entre Mercedes et Infiniti sur d'autres points. L'ensemble de ces coopérations devrait permettre de nombreuses économies. "Les synergies réalisées en collaboration avec Daimler représentent une valeur nette actuelle d'au moins deux milliards d'euros pour l'Alliance, en ce qui concerne les coûts et les opportunités de revenus sur les 5 années à venir", a expliqué Carlos Ghosn. Dieter Zetsche a avancé le même chiffre pour Daimler. Les deux partenaires vont également pouvoir mettre en place des synergies supplémentaires, notamment sur les achats (on connaît déjà la puissance de RNPO), le benchmark mais aussi utiliser les meilleures pratiques de chacun.

Capitaliser sur l'expérience d'une Alliance qui dure depuis 11 ans

Sur le papier, cet accord semble équilibré et tout à fait rationnel. Bien que Mercedes ait, jusqu'ici, eu des expériences pas vraiment concluantes en la matière (Chrysler, Mitsubishi, Hyundai), le couple Renault-Nissan connaît les recettes du succès, comme l'a souligné Carlos Ghosn en fin de discours : "Je me rappelle que lorsque l'Alliance a commencé, il y a 11 ans, tout le monde pensait que ça n'allait pas durer" se souvient le président avant de poursuivre : "Tout dépend de la manière dont les deux partenaires parviennent à travailler. La clef d'une coopération stratégique fructueuse réside dans le respect des identités culturelles, dans la confiance et dans la transparence (...) ainsi que dans la conviction que chaque entreprise doit être libre de conserver et de respecter les traits qui font sa propre personnalité."

Les participations croisées

Bien que les participations croisées entre Renault, Nissan et Daimler ne soient pas l'essentiel de l'accord, voilà le montage mis en place par les trois signataires. Renault va ainsi émettre 10 785 166 nouvelles actions (3,8 %) pour "payer" cet échange. Le capital du constructeur comptera à l'issue de cette procédure 295 722 284 actions. Daimler va recevoir 9 167 391 actions (3,1 %) et Nissan 1 617 775 nouvelles parts (0,5 %) afin que sa part dans Renault se maintienne à 15 %. Afin d'éviter toute dilution, l'Etat français va également acheter, au même prix (37 euros), 0,55 % supplémentaire afin de rester actionnaire de référence avec 15,01 % du capital de l'ancienne régie. L'Etat achètera des actions propres de Renault et non de nouvelles actions. Au final, Nissan détiendra toujours 15 % de Renault alors que la part de Renault dans le constructeur nippon sera de 43,4 % contre 44 % auparavant. Quant à Daimler, il détiendra 3,1 % du capital de chaque constructeur de l'Alliance. Et ces derniers détiendront 1,55 % de l'Allemand. Au 6 avril dernier les capitalisations étaient de 10,5 milliards d'euros pour Renault, 29,7 milliards pour Nissan et 37,7 milliards pour Daimler.

Dans le Top 3 mondial

"Grâce à l'accord avec Daimler, l'Alliance Renault-Nissan se situe, avec Volkswagen et Toyota, dans le club fermé des constructeurs qui fabriquent plus de 7 millions de voitures. C'est une façon de se positionner pour l'avenir", a souligné Carlos Ghosn dans une interview accordée au Monde. En effet, si l'on additionne les ventes 2009 des trois constructeurs, cela représente 7,22 millions d'unités vendues dans le monde.

Photo : Le 7 avril dernier, Carlos Ghosn, président de l'Alliance Renault-Nissan, et Dieter Zetsche, président de Daimler AG, ont signé un accord faisant de leur groupe des partenaires.

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