La famille Citroën enrichit son fonds Picasso
"Le C3 Picasso est plus qu'un nouveau modèle dans la mesure où il n'en remplace aucun. C'est donc vraiment une nouvelle arme commerciale qui rime avec notre stratégie d'élargissement de gamme", déclarent de concert Gilles Michel, directeur général de Citroën et Vincent Besson, responsable des produits de la marque. Le modèle, qui reprend la plate-forme de la Peugeot 207, sera produit sur les lignes de l'usine slovaque de Trnava, inaugurée fin 2006. Il sera commercialisé dès février 2009 en Europe, avant un progressif déploiement sur d'autres marchés, dont le Brésil en 2010. Il vient s'inscrire dans le périmètre des monospaces urbains B2 (Renault Modus, Peugeot 1007…), mais surtout dans celui des monospaces polyvalents B2, face à l'inévitable Opel Meriva et autres Ford Fusion, Nissan Note, Renault Grand Modus, Skoda Roomster ou Lancia Musa. Dans l'Europe des 17, ce marché a représenté un volume de 485 000 ventes en 2007. "Cependant, c'est aussi un marché en retrait qui peine à retrouver un nouveau souffle, même si les monospaces polyvalents résistent mieux. Les ventes sont en effet stables depuis 2004 et un nouvel élan est attendu dès 2009", commente Vincent Besson, avant d'ajouter : "Par ailleurs, le marché français est plutôt en retrait, car l'offre était mal adaptée à la demande. Mais cela va changer". Notamment avec l'arrivée du C3 Picasso qui viendra défier frontalement l'Opel Meriva qui sera aussi renouvelé. Un événement attendu pour bien jauger l'environnement concurrentiel, même s'il reste à savoir si les équipes de Rüsselsheim conserveront les traits d'audace du concept, notamment les ouvrants. Dans ce contexte, la direction de Citroën table sur un volume annuel de 110 000 ventes en année pleine, dont environ 20 000 dans l'Hexagone. Un objectif qui apparaît de prime abord à la fois raisonnable et ambitieux. Raisonnable par rapport à l'horizon 2010 et une commercialisation sur de nombreux marchés. Ambitieux car le marché italien, qui devrait peser très lourd dans le mix marchés, semble bien instable. Une chose est sûre, le pricing, actuellement en cours de validation (on sait simplement que les tarifs seront calqués sur ceux du Meriva) et les animations commerciales seront déterminants.
"Entre vieux Combi Volkswagen et nouvel i-Pod"
Cependant, pour remplir cet objectif, les équipes de la marque aux chevrons ont déployé des trésors de marketing et comptent conquérir de nouveaux clients. "Pour ce segment, nos analyses ont révélé une véritable évolution dans le discours des clients, avec l'affirmation des cibles Bobos et Momos", déclare Vincent Besson, avant d'entrer dans le détail : "Les Bobos sont friands de SUV et de berlines plus radicales et incisives que jadis et ils sont attachés aux valeurs de l'hédonisme et du jeunisme, ce qui n'exclut nullement une nostalgie vis-à-vis du passé. Par ailleurs, pour les Momos, leur voiture n'existe pas. Ce sont des enfants de la crise qui rêvent désormais d'un avenir empreint de respect environnemental. Ainsi, ils aiment les monospaces pour l'espace justement, mais pas pour ce qu'ils représentent socialement". Au final, le C3 Picasso veut réunir ces deux clientèles et se réclame "aussi bien d'un vieux Combi Volkswagen que du nouvel i-Pod", dixit Vincent Besson. Plus prosaïque, Gilles Michel met l'accent "sur un modèle de conquête, qui doit drainer de nouveaux clients, notamment chez les jeunes couples avec enfants et les seniors dynamiques" et sur la volonté "de donner une nouvelle impulsion au segment, comme nous l'avons fait avec C4 Picasso, ce qui nous vaut aujourd'hui une part de marché de 23 % en Europe".
Le C3 Picasso sort grandi d'un mélange des genres SUV/grands monospaces
Ce positionnement passe tout d'abord par le style, les équipes de Jean-Pierre Ploué, directeur du style Citroën, ayant encore fait preuve d'un franc dynamisme. Et tout est allé très vite, puisque dès les premières présentations de sketchs, un dessin de Frédéric Duvernier, de la taille d'une carte de crédit, a fait l'unanimité. Ce dernier, responsable du style extérieur de C3 Picasso, explique sa démarche : "Les dessins de petite taille permettent d'aller à l'essentiel et d'éviter l'écueil de la surcharge ou des détails inutiles. En outre, pour ce modèle, nous avions décidé de travailler en mode produit, comme on peut le faire pour dessiner des objets". Un mode produit qui n'a pas écarté les stylistes de leurs trois fondamentaux résumés ainsi par Jean-Pierre Ploué : "Au premier chef, il y a la silhouette et la morphologie du véhicule et là, nous avons cherché une grande habitabilité et une valeur de robustesse de type SUV. Ensuite, viennent le traitement et la qualité des surfaces, avec une prime à la qualité perçue et aux surfaces lisses. Enfin, il ne faut pas négliger l'art du détail et nous avons refusé tous les gimmicks pour souligner des lignes pures et fermées". Le résultat est manifestement séduisant et le C3 Picasso sort grandi d'un mélange des genres SUV/grands monospaces. Un travail qu'on avait déjà pu entrevoir sur les derniers utilitaires de la marque et de Fiat. Par ailleurs, l'habitacle est au diapason. Un soin particulier a été porté au volume du coffre pour afficher la meilleure performance du segment, "un critère d'achat déterminant", dixit Vincent Besson. Idem pour la modularité et l'habitabilité. La visibilité est aussi à l'honneur et Jean-Pierre Ploué souligne que l'idée du "pare-brise triptyque s'est imposée très tôt, dans la filiation du C4 Picasso et dans l'esprit de la marque", tandis que Carlo Bonzanigo, chef de produit C3 Picasso au style, évoque "un clin d'œil appuyé aux segments supérieurs, encore rehaussé par le développement horizontal des lignes dans l'habitacle". Enfin, il convient de souligner la planche de bord, dite "Opéra", qui occupe une position centrale, telle une scène, autour de laquelle s'organisent les passagers. Le C3 Picasso sera proposé en deux harmonies (sombre ou claire) et au chapitre des moteurs, Citroën a joué la carte du classicisme pour essayer de rester écologiquement vertueux. D'où les HDi 90 et 110 FAP côté Diesel et les VTi 95 et VTi 120, issus de la collaboration avec BMW, pour l'essence. Vu les cibles de clientèle visées, le positionnement environnemental des modèles aura en effet son importance, notamment en France.
QUESTIONS AGilles Michel, directeur général de Citroën
Gilles michel. C'est un investissement important, mais qui a été parfaitement maîtrisé, car nous reprenons la plate-forme A, celle de la Peugeot 207, ce qui signifie que les coûts sont très raisonnables au niveau des pièces. En outre, nous nous appuyons sur le site de Trnava qui est très compétitif. GM. Vu son positionnement, en Europe, ses trois premiers marchés seront sans nul doute l'Italie, l'Allemagne et la France. Dans le cas spécifique du marché hexagonal, nous misons surtout sur un effet de boost du segment car l'offre est clairement à rafraîchir. GM. En année pleine, le C3 Picasso devrait représenter environ 20 % du volume global de 110 000 unités. GM. Au-delà de la zone Europe, qui inclut en l'occurrence la Russie, nous étudions la possibilité de commercialiser le C3 Picasso sur le Mercosur et la Chine. Pour l'Amérique du Sud, il est quasiment acquis que le modèle sera commercialisé au Brésil en 2010. Il n'aura pas le même positionnement marketing qu'en Europe et sera, disons, un peu plus "bling-bling". GM. Si les chiffres ne le traduisent pas encore, c'est un fait, nous sentons quand même un frémissement positif dans notre activité en Chine. Les bonnes performances de C-Elysée et C4 en témoignent. Alors, c'est vrai que les choses n'évoluent pas assez rapidement à mes yeux, mais le nettoyage du réseau suit son cours et cela débouchera sur une organisation nettement plus compétitive. Dans une semaine, je me rends d'ailleurs sur place pour faire un point précis sur l'avancée de nos différents chantiers. |
Photo : Avec le C3 Picasso au style régénérant, Citroën mise sur 110 000 ventes en année pleine, dont 20 000 en France et sur un fort taux de conquête.
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