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Constructeurs

La Chine, maître du tempo électrique

Publié le 14 décembre 2017

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
En annonçant la fin des moteurs thermiques dans ses gammes en 2025, le constructeur public BAIC rappelle, pour ceux qui en doutaient encore, que la Chine veut une mutation rapide vers les énergies propres.
Le concept de SUV électrique BAIC EX400L, présenté lors du salon de Shanghai 2017.

 

Pour ceux qui en doutaient encore, l'électrification est en marche. Les annonces s'enchaînent, quasiment tous les constructeurs y vont de leur plan pour électrifier plus ou moins leur gamme à compter de 2020. La prochaine décennie semble donc être celle des watts. Comme ce fut le cas près un siècle plus tôt puisque, dans les années 20, la majeure partie des véhicules vendus à New York, par exemple, étaient propulsés par des batteries. Une parenthèse vite refermée avec le développement des villes et des banlieues, et la montée en puissance de l'industrie pétrolière.

 

Mais aujourd'hui, à la différence du 20e siècle, le parc automobile n'a plus rien de commun et la planète fait face à un conséquent problème écologique, surmonté d'une volonté politique. La technologie (autonomie et pile à combustible) permet aussi de rendre à nouveau crédible le 100% électrique avec le mode de vie que l'on a actuellement. Dans cette ambiance "électrisante", souvent dictée par les pouvoirs publics donc, les constructeurs se convertissent, tant bien que mal, à l'électromobilité, imaginant dans la plupart des cas l'hybridation rechargeable et les EV comme réponse à l'avenir et à ses contraintes, notamment en termes de CO2. Toutefois, nous sommes au début de cette nouvelle aventure électrique et, comme l'a souligné Carlos Tavares, il ne faudrait pas découvrir dans trente ans que le remède était finalement pire que la maladie. Mais ça, c'est un autre débat.

 

Cela étant, certains constructeurs vont encore plus loin. Ainsi, le Chinois BAIC, entreprise appartenant à l'Etat chinois, a annoncé vouloir stopper la production et la vente de véhicules à moteur à combustion dès 2025. "Notre objectif est d'arrêter d'ici 2020 les ventes de voitures à essence traditionnelles sous nos propres marques dans la ville de Pékin, puis de stopper la production et la vente (de ces véhicules) dans tout le pays d'ici 2025", a annoncé au cours du week-end Xu Heyi, président du cinquième constructeur chinois.

 

Il faut dire que BAIC, société publique, n'a pas vraiment le choix que de suivre les volontés des dirigeants du pays. Le gouvernement chinois avait annoncé en septembre, sans fournir de précisions, préparer "un calendrier" vers "une interdiction" de la production et de la vente de voitures à carburants fossiles : un pari titanesque pour le premier marché automobile mondial. Et comme dans beaucoup de domaines, lorsque la Chine décide d'une chose, le reste de la planète s'adapte tant le marché de l'empire du Milieu est important, voire vital, pour nombre d'entreprises.

 

Dès 2019, tous les constructeurs automobiles en Chine seront soumis à d'ambitieux quotas de ventes de "véhicules à énergie nouvelle" calculés selon un système complexe de crédits. Cette perspective a électrisé le marché des véhicules propres, poussant les constructeurs étrangers à contracter de nouvelles coentreprises dans le pays pour muscler drastiquement leur offre de voitures électriques et hybrides. C'est par exemple le cas de VW, qui a signé avec JAC pour ses modèles électriques. De plus, l'Allemand a annoncé un investissement de 10 milliards d'euros en Chine d'ici 2025 pour le développement de ces véhicules. Ford s'est également associé à Zotye Auto dans ce cadre "électrique", les partenaires assurant qu'un investissement de 650 millions d'euros sera réalisé pour proposer quinze nouveaux modèles partiellement ou entièrement électriques d'ici 2025.

 

Cette décision de BAIC aura-t-elle un impact sur ses coentreprises avec d'autres constructeurs ? A priori pas, les productions actuelles de Hyundai et Mercedes (associé avec BYD pour l'électrique), ne seront pas impactées par cette décision. En attendant cette vraie accélération promise et voulue par le gouvernement chinois, les modèles "à énergie nouvelle" restent encore très marginaux. En effet, en octobre dernier, sur les 2,7 millions de véhicules immatriculés dans le pays, seulement 91000 répondaient aux critères environnementaux visés. Mais il faut aussi voir le verre à moitié plein : ces ventes ont doublé en un an.

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