Jean-Philippe Imparato, Stellantis Europe : "Une nouvelle organisation plus proche des régions"
"Notre nouvelle organisation acte de fait le constat d'une régionalisation accrue du monde", explique au Journal de l'Automobile, Jean-Philippe Imparato, directeur de Stellantis Europe. Plus de régional et moins de global : le mot d'ordre est donné pour le remaniement de grande ampleur annoncé par le groupe automobile, ce lundi 3 février 2025.
Le constructeur a procédé à quatre nouvelles nominations pour la direction générale des marques Peugeot, DS Automobiles, Jeep et la division véhicules utilitaires Pro One.
Ainsi, Alain Favey, ex-directeur d'Europcar Mobility se voit confier les rênes de Peugeot. Sa mission est de prendre la suite de Linda Jackson, et d'écrire les dix ans qui viennent dans l'histoire de Peugeot. "Il doit réfléchir à comment réaffirmer la position de la marque, écrire son plan produit et soutenir le business. Par la porte ou la fenêtre, Alain Favey doit faire en sorte d'augmenter la part de marché de Peugeot en France, qui est de 19 %", poursuit celui qui gère la nouvelle stratégie du groupe en Europe.
Selon ce dernier, la marque a souffert d'une transition difficile entre les générations de 3008 et 5008. "Nous avons mis du temps à lancer les voitures. Linda Jackson a sans doute souffert également de cette trop lente montée en cadence", poursuit Jean-Philippe Imparato. Ex-patron de marque (Citroën, Volkswagen), mais également directeur des ventes pour Skoda, Alain Favey connaît les investisseurs de la distribution automobile, les réseaux et dispose des bons contacts.
Une opération de la dernière chance pour DS ?
DS Automobiles change de mains également. Le groupe a décidé de confier son destin à Xavier Peugeot. "Quoi de plus français que la marque premium DS Automobiles. Le challenge est clair pour Xavier Peugeot : il faut être fort en France, se développer et que les réseaux de distribution gagnent de l'argent avec", détaille Jean-Philippe Imparato.
Alors que la marque a vu sa part de marché s'écrouler ces dernières années, le patron de Stellantis Europe refuse cependant de voir cette nomination comme une opération de la dernière chance. "Je sais ce qui arrive après le N°8 et je peux vous dire que l'avenir est entre nos mains. La solution est chez nous. Il faut tenir bon et faire le boulot. Pas question de laisser tomber", ajoute-t-il.
Citroën, en revanche, garde son fidèle défenseur : Thierry Koskas. Jean-Philippe Imparato veut pousser les feux sur les nouvelles C3, ë-C3 mais aussi en fin d'année sur le nouveau C5 Aircross. "D'ici quelques mois, nous parlerons d'un autre Citroën, vous verrez. C'est important pour nous mais aussi pour les concessionnaires", promet celui qui veut une part de marché de 4 % en Europe pour la marque et d'au moins 10 % en France.
Enfin, le business des véhicules utilitaires est confié à Anne Abboud. "C'est une très grosse responsabilité mais sur cette division, nous sommes en continuité, pour assurer la transition énergétique, le véhicule utilitaire du futur, le mobile office et la nouvelle génération de VU", affirme Jean-Philippe Imparato.
Une équipe resserrée sur le développement, l'ingénierie et le manufacturing
D'un point de vue plus transversal, cette réorganisation apporte également son lot de changements. Terminée la gestion verticale de certains sujets, comme le software, le développement produit et les régions. "Nous devons avoir une colonne vertébrale qui accueille le software, le powertrain, la voiture et c'est certain, l'ingénierie doit se rapprocher de la région" analyse le directeur de Stellantis Europe.
Cette déconnexion entre le logiciel et le produit final pourrait notamment être à l'origine du faux départ de la ë-C3 et de ses problèmes de logiciel. "Nous choisissons une équipe très régionale, resserrée sur le développement et très concentrée sur les pays dont elle a la charge. La période exige d'avoir une task force permanente. Nous ferons de même sur le sujet de l'expérience client", poursuit Jean-Philippe Imparato.
En 2023, l'Europe a pesé 42 % du chiffre d'affaires du constructeur qui possède sur le continent 56 sites industriels, 39 usines et emploie 70 000 personnes. "Ma première responsabilité est de faire tourner la maison, de protéger les usines et les salariés. Il faut que l'on s'en sorte. Nous voulons donner les clés d'une maison qui tourne bien au prochain directeur général", promet son patron européen, qui assure ne pas connaître le nom du successeur de Carlos Tavares.
Sur le premier mois de l'année, Jean-Philippe Imparato estime être compliant, en attendant les chiffres précis, en termes d'émissions de CO2 pour les voitures particulières. Mais sans doute pas sur le segment des véhicules utilitaires. "Ce n'est pas simple d'être au niveau des objectifs lorsque toutes les aides à l'achat de voitures électriques disparaissent en Europe", reconnaît Jean-Philippe Imparato qui soutient toutes les demandes et actions portées par l'ACEA.
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