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Constructeurs

Entretien avec Thierry Huillemot, président de Mazda France

Publié le 30 janvier 2009

Par David Paques
7 min de lecture
"Favoriser la qualité" Avec l'ambition de voir ses ventes progresser cette année, Thierry Guillemot entend replacer la passion et...
...le produit au centre de la communication Mazda.

Journal de l'Automobile. Avec 13 391 VN (- 7,6 %), comment jugez-vous l'exercice 2008 de Mazda ?
Thierry Guillemot. Comme tout le monde, nous avons souffert d'un environnement économique dégradé sur les deux derniers mois de l'année. Surtout sur le mois de décembre, où nous avons été concurrencés par le nombre important de remises du secteur. De plus, cela n'a pas été une année pleine en termes de disponibilité produit, notamment sur Mazda 6, que nous avons lancé en avril. Avec l'impact de l'écotaxe sur nos modèles sportifs, la fin de vie de Mazda 3 et les difficultés de la Mazda 5 sur un segment des monospaces lui-même mis à mal, ça n'a pas été simple. Fort heureusement, cela a été contrebalancé par le succès de la Mazda 2. Aujourd'hui, ce modèle représente 45 % de nos ventes !

JA. Cette mutation du mix fragilise-t-elle vos distributeurs ?
TG. Cette hausse spectaculaire des ventes de la Mazda 2, couplée à l'important tassement ressenti sur les segments C et D a effectivement impacté les marges. Les résultats financiers des distributeurs vont donc s'en ressentir. Mais cela a aussi permis de préserver du trafic en concession et de l'activité commerciale.

JA. Quel est votre actuel niveau de stock ?
TG. Nous n'avons aucun problème sur ce point. A fin décembre, le niveau de stock dans le réseau était à son niveau le plus bas historiquement. Nous avons à peine un peu plus d'un mois de vente.

JA. Vous n'êtes donc pas tentés de participer à cette course à la remise, relancée par la récente prime à la casse ?
TG. Nous ne pouvons pas nous extraire totalement d'un environnement automobile dont on sait qu'il réagit à l'offre. La prime à la casse a provoqué un effet d'aubaine pour le client, donc du trafic en concession. Mais pour notre part, nous ne ferons pas de surenchère sur cette prime. Nous allons soutenir le réseau avec des moyens commerciaux pour ne pas nous exclure des conditions du marché. Mais nous souhaitons davantage communiquer sur le produit et sur ses qualités

JA. Vous ne percevez pas cette mesure comme une bonne chose ?
TG. Nous sommes favorables à tout ce qui soutient le marché. Le paradoxe, c'est qu'avec le prix de l'essence, les radars, l'écotaxe, la sécurité… On a mis en place tout un dispositif qui a conduit à un certain désamour de l'automobile. On s'est peut-être rendu compte qu'il ne fallait pas faire plonger l'automobile.

JA. Quelle est votre vision du marché 2 009 et la place de Mazda sur celui-ci ?
TG. Je pense que les crises automobiles ne se sont jamais étalées sur des périodes très longues. Ce sera donc une année de restructuration et nous devrions retrouver des perspectives de croissance en 2010. Pour notre part, nous entendons enregistrer une croissance relative sur un marché en forte décroissance. Nos objectifs 2 009 sont raisonnables. Si on a une approche prudente et pragmatique, on continue à croire au potentiel de la marque et de son actu produit 2 009. Nous comptons sur Mazda 3 pour y arriver. Les premières réactions des concessionnaires qui ont eu le privilège de la découvrir s'est plutôt de nature à nous rassurer sur le potentiel de la voiture.

JA. Les sorties des nouvelles Mazda 3 et MX5 ne vont-elles pas être gênées par l'écotaxe ?
TG. Les moteurs 2,2 l de 125, 163 et 185 ch disponibles sur la Mazda 3 sont neutres de ce point de vue. C'est d'ailleurs un axe sur lequel nous entendons mettre l'accent cette année. Nous voulons dire qu'il est encore possible d'être enthousiaste au volant tout en préservant l'économie et l'environnement. Ce n'est pas incompatible. D'ailleurs, nous ne faisons pas de l'écologie sur une ligne de produit ou cantonnée à un label, nous appliquons notre stratégie de réduction du poids sur toute la gamme. Pour le MX5, nous n'avons évidemment pas les mêmes ambitions que s'il n'y avait pas eu l'écotaxe et cet environnement dégradé. Néanmoins, le MX5 reste le porte-drapeau de la gamme. Ce n'est ni un véhicule ostentatoire, ni un véhicule sportif. C'est du plaisir pur à un prix abordable. Un plaisir qui vient des dimensions de la voiture. Elle va fêter ses 20 ans cette année.

JA. Vous avez déjà annoncé votre volonté de réduire votre maillage de 180 à 150 points de vente. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
TG. Nous comptons aujourd'hui 166 points de vente et entendons en afficher 150 à la fin 2009. Le but est d'offrir à chaque investisseur une zone de chalandise qui lui permette de réaliser un retour sur investissement satisfaisant. Mais l'objectif est aussi de mettre l'accent sur la qualité de représentation. C'est-à-dire que nous voulons des accueils personnalisés, des compétences chez chaque interlocuteur, donc des employés formés…

JA. Vous voulez dire que, par exemple, les groupes Mustière et Grim, non renouvelés en décembre, ne faisaient pas les investissements pour cela ?
TG. Il y a beaucoup d'éléments qui entrent en ligne de compte. Disons que le fait de ne pas vouloir investir dans ces basiques a pu y contribuer. Nous avons, du reste, une fin de relation contractuelle avec un certain nombre de concessionnaires qui se fait en totale concertation entre eux et nous. En 2008, il y a des groupes qui nous ont quittés. Mais les zones laissées libres par les départs seront couvertes. Il est, à mon sens, possible d'afficher une qualité de représentation, même avec des petites structures et des apporteurs d'affaires comme des agences ou des réparateurs agréés. Nous l'envisageons.

JA. Demander des investissements au réseau en ce moment ne met-il pas en danger les distributeurs ?
TG. Nous avons invité nos partenaires à être très vigilants sur leurs investissements, notamment sur le premier semestre, afin de ne pas se retrouver dans une situation négative. Mais nous ne leur avons pas demandé de cesser tous les investissements. Il peut y avoir des opportunités judicieuses.

JA. Vous parliez de personnel formé. Avez-vous lancé une quelconque campagne en ce sens ?
TG. Tout à fait. A la fin de l'année 2008, nous avons mis en place un système de formation sur l'intranet Mazda. Nous avons un outil très pointu, appelé "I-Tas", pour estimer les performances techniques ou commerciales de chaque opérateur du réseau. A partir de ce bilan, des modules d'amélioration des compétences sont proposés à tout le monde.

JA. C'est votre priorité pour 2009 ?
TG. L'objectif 2 009 est de favoriser la qualité partout. C'est-à-dire que dans chacun de nos métiers, comme dans nos produits, on doit ressentir la passion Mazda. Par exemple, en mettant en avant le produit plutôt que la remise, en mettant en place des forfaits qui intègrent une prestation globale pour fidéliser le client à l'après-vente. Nous venons d'ailleurs de présenter notre offre "Mazda Service Plus" au réseau lors de notre convention. C'est un produit qui va entrer en fonction très prochainement. Il faut promouvoir la passion de l'automobile. Nous allons un peu contre courant de l'industrie à ce niveau. Nous venons d'ailleurs de signer un partenariat avec l'écurie Saunier Racing devenu Oak Racing, Team Mazda France qui roule en endurance et participe aux Le Mans Series. Nous avons fourni deux moteurs Mazda et serons donc présents sur les 24 Heures du Mans. Nous voulons montrer que l'automobile est encore source de passion !

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