Entretien avec Jérôme Gallix, directeur du Style Peugeot.
...de Jean-Pierre Ploué au sein du groupe.
Journal de l'Automobile. Alors que vous êtes à la tête du style Peugeot, quel regard portez-vous sur Citroën et son design actuel ?
Jérôme Gallix. Le design Citroën a marqué une évolution très nette. Pour cela, j'apprécie le travail de Jean-Pierre à sa juste valeur. Il a une vraie patte et c'est un bâtisseur.
JA. Quels sont vos rapports avec lui ?
JG. Bien que nous soyons dans le monde du style qui a une tendance "parano", nos rapports sont excellents. Ce sont des rapports très simples, frais. Nous avons su nouer une relation de confiance, riche en dialogue et en transparence.
JA. Comment définiriez-vous son management, qui semble très "naturel" vu de l'extérieur ?
JG. Pour les directions de style des deux marques, je pense que la simplicité fait partie intégrante de notre management. Nous n'en sommes plus au stade du management militaire et nous recherchons avant tout l'authenticité, c'est-à-dire l'adhésion des hommes plus qu'une adhésion de façade ou un ordre apparent. Cela s'explique aussi par le fait qu'on nous demande avant tout d'avoir des idées et d'apporter de la nouveauté. Ceci étant dit, le management n'en reste pas moins essentiel et à notre niveau, il faut se muer en chef d'entreprise.
JA. Partagez-vous l'idée que Citroën est actuellement la marque leader en terme de style au sein du groupe ?
JG. Actuellement, Citroën est assurément une valeur montante, c'est un fait. Toutefois, sans sous-estimer la difficulté, il est plus aisé de tenir ce rôle lors des premières étapes de construction d'un style. Mais il ne faut pas chercher à opposer les deux marques au sein du groupe. D'ailleurs, quand nous sommes mis en compétition sur des projets communs, nous ne nous livrons pas à une concurrence frontale acharnée et nous échangeons très en amont. Bref, on ne met plus Peugeot face à Citroën et les deux marques travaillent de concert, dans une saine émulation et dans une optique affirmée de différenciation.
JA. Cependant, on a le sentiment que parmi les trois marques françaises, Citroën est aujourd'hui la marque la plus cohérente et avant-gardiste, est-ce un simple effet de cycle ?
JG. Je répète que Citroën bénéficie actuellement d'une belle dynamique et que la marque apporte un vent de fraîcheur manifeste. Comme vous dites, il y a sans doute un effet de cycle. Mais d'une manière générale, chaque marque apporte aussi son lot de nouveautés et d'innovations. D'ailleurs, si je me réfère aux blogs ou encore aux forums, je constate que la notoriété du style Peugeot y est très forte.
JA. Venons-en à votre travail chez Peugeot : tout en restant dans la continuité de Gérard Welter, vous mettez aussi l'accent sur de nouvelles orientations, n'est-ce pas ?
JG. C'est exactement cela. Je cherche notamment à parvenir à une structuration plus différenciée de notre offre. Le principe de reconnaissance immédiate est capital, mais il peut s'accommoder d'une plus grande diversité. Par ailleurs, nous sommes à pied d'œuvre sur un gros chantier qui consiste à donner à nos modèles une image plus internationale. Notre style spectaculaire est certes une force, mais on peut chercher simultanément des choses plus apaisées, plus cohérentes. En outre, nous voulons inscrire nos véhicules dans la mouvance du développement durable. Au-delà des innovations techniques, il faut donc que le style inspire la confiance. On peut par exemple le faire avec les galbes ou les jeux de lumière comme c'est le cas sur la 308. Mais il y a aussi bien d'autres voies à explorer et à développer. En somme, je cherche à respecter notre tradition tout en élargissant le champ des possibles. Ainsi, je répète souvent que j'autorise mes équipes à tout revisiter sur les Peugeot, absolument tout sauf le regard !
JA. Citroën vient d'ouvrir un studio de style en Chine, allez-vous partager les infrastructures ou faire la même chose ?
JG. S'il est envisageable de partager les frais de structure, il ne paraît pas souhaitable, en revanche, de partager les équipes de création. Dans un autre registre, je dirais que la Chine n'est pas actuellement un pays prescripteur en terme de design et ce n'est donc pas forcément là-bas que nous irions ouvrir un studio. Si nous devions ouvrir un studio, je le ferais plus volontiers au Japon, véritable laboratoire pour le style mondial.
JA. Pour conclure, comment définiriez-vous Jean-Pierre Ploué en une formule plutôt qu'un long discours ?
Ce qui caractérise Jean-Pierre, c'est son enthousiasme et sa capacité à faire feu de tout bois.
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