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Constructeurs

Entretien avec Docteur Joachim Schmidt, executive vice-président, Mercedes Car Group, responsable ventes et marketing Monde : "Prétendre que le cours du dollar n'est pas un problème serait incongru !"

Publié le 18 mars 2005

Par Tanguy Merrien
7 min de lecture
Mercedes a clairement démontré à Genève sa volonté d'élargir son portefeuille de produits. Revue de modèles avec le Docteur Joachim Schmidt dont le cœur chavire pour les nouveautés du groupe, mais s'inquiète face à la conjoncture économique. Le Journal de l'Automobile....

...Quelles sont vos premières impressions sur le Salon de Genève ?
Docteur Joachim Schmidt. C'est un très beau Salon automobile qui présente l'avantage de ne pas être trop grand, bien qu'il y ait beaucoup de nouveautés ; surtout dans le segment des petites voitures qui ne nous concerne pas directement. Mais nous profitons aussi beaucoup de Genève pour présenter de nouveaux produits notamment pour pénétrer très fortement le marché du Diesel. Diesel dont nous fêtons ici les 70 ans. Nous étendons les motorisations Diesel à toutes les gammes et même aux coupés. Les Visions SL 400 CDi bi-turbo et SLK 320 CDi tri-turbo témoignent ici de l'avancée de la technologie Diesel.


JA. Avez-vous eu quelques surprises quant à des constructeurs automobiles qui prendraient du poids ou à d'autres qui seraient plus en retrait ?
JS. Nous avons assisté aux lancements de grandes berlines et cela montre que la concurrence est forte mais il n'y pas de véritables surprises. Il y a Lexus, BMW, Audi… pas de grandes surprises.


JA. Quels sont les objectifs de Mercedes sur le Salon de Genève cette année ?
JS. Tout d'abord, notre objectif est d'élargir notre portefeuille de produits, ce que nous faisons en présentant la classe B, la Classe M et aussi "Vision R", Grand Sport Tourer une version assez proche de la future classe R. Avec les classes B et R, nous définissons de tous nouveaux segments et avec la classe M, nous lançons un produit éprouvé, beaucoup plus dynamique, doté de plus de confort et d'équipements. Parallèlement, nous mettons une nouvelle fois en vitrine les potentialités du moteur Diesel dont la croissance en Europe s'avère exponentielle. Par ailleurs, tous nos modèles proposés en motorisation Diesel aujourd'hui peuvent disposer du filtre à particules.


JA. Comment une marque comme Mercedes peut-elle conjuguer puissance et contraintes environnementales ?
JS. L'environnement se traduit principalement par le moteur. Je tiens d'ailleurs à préciser que nos moteurs classiques, essence ou Diesel ont considérablement progressé. Les nouvelles motorisations Diesel consomment nettement moins, témoignent de véritables réductions d'émissions de gaz tout en proposant plus de puissance. Nos modèles comme la classe B sont "configurés" pour pouvoir recevoir à terme la pile à combustible. Et, parallèlement, nous travaillons sur les moteurs hybrides et sur les moteurs à gaz. Nous sommes aussi très attentifs au développement de l'énergie sous forme de bio-carburants et de l'alternatif.


JA. Certains ingénieurs évoquent des difficultés avec la pile à combustible, et se tournent vers d'autres énergies, qu'en pensez-vous ?
JS. Je ne crois pas qu'il y ait de problèmes sur la pile à combustible sur laquelle nous travaillons à fond. Nous avons d'ailleurs 60 Classe A équipées qui tournent dans le monde entier et, depuis plusieurs années, nos véhicules utilitaires utilisent sans problème ce système. Techniquement parlant, la pile à combustible a bien évolué mais le problème réside d'une part dans le fait que les coûts sont nettement trop hauts et d'autre part que les infrastructures "stations" sont inexistantes. La pile à combustible apportera une importante contribution à l'automobile mais cela prendra plusieurs années avant que l'on puisse bénéficier d'une couverture nationale idéale.


JA. Quels vont être les vecteurs de communication de Mercedes dans les mois à venir ? L'environnement, les prix, la sécurité… ?
JS. Mercedes est synonyme de qualité, de sécurité, de confort et de dynamisme. Nous ne pouvons pas nous concentrer sur un seul sujet, communiquer sur un seul thème, mais la sécurité est toujours mise en avant. Nous avons déjà posé des jalons sur ce thème et continuons à le faire. La classe S, par exemple, bénéficie du système PRE-SAFE qui est maintenant disponible, en option, sur le nouveau ML. Une première mondiale sur ce segment.


JA. Et en termes de fiabilité, Mercedes a essuyé quelques revers, est ce que c'est de l'affaire ancienne…
JS. Oui. Tous les indicateurs internes dont nous disposons indiquent le haut niveau de qualité de nos véhicules en sortie de production. Nous effectuons également sur le terrain, dans les concessions des relevés de données et aussi auprès des clients. Les remontées d'informations nous révèlent que nous avons atteint le top niveau de la qualité pour nos produits.


JA. Quels sont les principaux atouts des deux véhicules que vous présentez sur Genève, la Classe B et la Classe M ?
JS. La classe B définit un nouveau segment de véhicules. Il s'agit d'un véhicule très spacieux comme un break, très adaptable comme un monospace. Je citerais comme exemple le plancher de coffre réglable en hauteur, la banquette arrière fractionnable et démontable ou encore en option, le siège passager avant déposable. Avec cette souplesse, cette adaptabilité, le client bénéficie toujours d'un véhicule compact, facile à manœuvrer de 4 270 mm de long. L'habillage du véhicule à l'extérieur est très dynamique : il n'y a donc pas seulement une conduite dynamique, il y a aussi un impact visuel dynamique.


JA. Est-ce que vous avez déjà des prévisions de vente ?
JS. Nous nous sommes donné des objectifs bien sûr ; nous pensons pouvoir vendre 5 000 unités en année pleine en France. Pour revenir sur la Classe M, nous avons complètement remanié le concept, amélioré l'ensemble des équipements et surtout le confort. Le véhicule est plus grand, plus large et dispose d'une structure auto-portante, avec des zones de déformation importantes à l'avant et à l'arrière, ce qui permet une meilleure protection des occupants. Côté confort, nous avons doté le nouveau Classe M de nombreux agréments comme la boîte automatique à 7 rapports, l'ordinateur de bord avec volant multifonctions, le limiteur de vitesse en descente, l'aide au démarrage ou encore l'ABS tout terrain. Sur le plan dynamique, on a encore fait des progrès, la voiture est plus large, bien plaquée sur la route et jouit de motorisations plus puissantes. Les moteurs sont nouveaux, les matériaux aussi, nous avons vraiment une Mercedes au top niveau.


JA. Vous commencez la commercialisation par les Etats-Unis, avez-vous des soucis avec le cours du dollar ?
JS. Le dollar est passé de 90 centimes à un euro trente, soit un écart de 31 %. Prétendre que ce n'est pas un problème serait incongru ! Nous avons, à un certain niveau, procédé à des couvertures de change en ce qui concerne le dollar, nous avons aussi sagement installé une grande partie de notre production aux Etats-Unis et nous produirons pour la fin de l'année la classe R dans la "zone dollar".


JA. Est-ce pour cette raison que la Classe B se fait attendre aux Etats-Unis ?
JS. La Classe B a été développée pour être commercialisée aux Etats-Unis et tout est prêt pour que nous y allions. Mais nous avons délibérément différé le lancement en raison du taux de change actuel.


JA. Quel bilan tirez-vous du lancement de la CLS ?
JS. CLS a reçu un excellent accueil un peu partout dans le monde y compris aux Etats-Unis. En ce qui concerne la perception chez les clients, nous tirons également un bilan très positif. Je crois que nous avons créé un produit qui séduit, qui suscite l'enthousiasme, un produit en parfaite adéquation avec la marque Mercedes.


JA. Y compris en parfaite adéquation avec vos objectifs de ventes ?
JS. Oui ! Nous avons dépassé nos objectifs de ventes.


JA. Quels sont vos projets avec la Classe S ?
JS. Nous avons l'intention de lancer une nouvelle Classe S, innovante, plus dynamique, dotée de nouveaux systèmes de sécurité et qui devrait susciter aussi l'enthousiasme. Nous devrions vous la présenter à l'automne 2005.


JA. Quelle est votre politique à l'égard de la fortwo ? Avez-vous là aussi des décalages sur le marché américain ?
JS. La fortwo aura un successeur, les développements sont en cours et il n'y a pas de retards dans notre programmation. Quant à la formore, nous avons mis en veille le processus et prendrons une décision dans les mois à venir.


JA. Votre avis sur le marché européen actuellement ?
JS. En nous plaçant en année pleine, nous nous situons au même niveau que l'année précédente. C'est-à-dire à environ 15 millions de véhicules. En France, en Italie et en Grande Bretagne, les niveaux seront sensiblement les mêmes qu'en 2004. En Allemagne, nous avons mal commencé l'année mais nous espérons atteindre le même niveau de ventes à la fin de l'année. Mais la conjoncture pourrait être meilleure…

Propos recueillis par Hervé Daigueperce

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